Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024
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Wishbone Ash et Paul Cowley à La Grande Ourse, Saint-Agathon, le 26 avril 2024
michel
Une semaine après le concert mémorable des Animals, La Grande Ourse accueille un autre géant , à peine plus jeune, toujours en provenance du UK: Wishbone Ash .
Le groupe de Torquay, né en 1969, est un des premiers à avoir utilisé le concept des twin lead guitars.
A 21h, une foule drue peuple la belle salle de Saint-Agathon , un homme sort des coulisses: Paul Cowley.
Si le gars a vu le jour à Birmingham ( au UK , pas la ville chantée par Randy Newman), il réside depuis près de 15 ans dans le Morbihan, il a gardé une pointe d'accent britannique, qui fait toujours sourire la boulangère de son village.
A son actif, huit albums d'acoustic blues, plus proche de Taj Mahal, de Mississippi John Hurt, d'Eric Bibb ou de Ian Siegal, quand il se met à l'acoustique, que de Popa Chubby ou de Danny Bryant.
Comme bagage, il a emmené deux guitares, une acoustique et une resonator guitar.
Bonswar tout le monde, je m'appelle Paul Cowley, je vis à Allaire, c'est dans le Morbihan.
Il débute en balançant des accords ciselés sur le dobro, qu'il accompagne d'un murmure harmonieux.
Le morceau ( Simple Life) prend une autre voie quand d'un pied il enfonce une stompbox pour rythmer la mélodie.
La liste de ses girlfriends défile , il y a eu Jean, Tracey, Grace... tout en énumérant ses conquêtes , la slide glisse sur les cordes. Au bout du compte il semble avoir déniché la bonne... she was the one for me.. ai oublié son nom, mais c'était pas Marine.
Son jeu en picking et sa voix évoquent le grand Richard Thompson, c'est sûr, Paul Cowley n'est pas un donkey.
Il poursuit avec un second country blues , toujours habilement fignolé ( bottleneck et arpèges s'accordent subtilement), la voix attachante, légèrement nasillarde , se fond sur les accords de guitare.
Il y a quatorze ans, il prospectait en Bretagne, il tombe amoureux d'une vieille maison aux volets bleus, un hic majeur, le montant pour la remettre en état dépassait largement ses moyens, il en reste tout de même une chanson.
'Maison Bleue' s'entend sur l'album 'Close to you' de 2013 ( PS , le cottage ne niche pas à San Francisco, Maxime).
Il enchaîne sur 'On my way', un titre évoquant, par son côté nonchalant, un certain J J Cale, qui n'a pas été surnommé The Breeze pour rien.
L'autobiographique 'One way ticket' précède le plus ancien 'Don't need too much' pour lequel La Grande Ourse est mise à contribution, le refrain et les claps sont pour vous, guys!
Il a suivi les conseils de la maman de Lynyrd Skynyrd.... be a simple man.... ne fais pas de cinéma, sois honnête...
Le mélodieux 'Red fence' t'invitant à contempler le ciel en position assise, près de la clôture tout en sirotant un café, ( une philosophie épicurienne) achève ce concert hautement apprécié .
Wishbone Ash
31 octobre 1971, au Wolu Shopping Center ( Bruxelles), T Rex était prévu comme tête d'affiche, le groupe de Marc Bolan fait faux bond, c'est Wishbone Ash qui vient de sortir ' Pilgrimage' qui succédera à Pete Brown and Piblokto, Warhorse ( de Nick Simper) et Lagger Blues Machine ( les locaux) , sans oublier une alerte à la bombe qui a obligé la nombreuse assistance à quitter les lieux pendant un moment, qui clôture la soirée.
Une gifle monumentale, dès le lendemain tu cours acheter l'album.
53 ans plus tard, Wishbone Ash est toujours là; mais la mouture est différente: Andy Powell , Ted Turner, Martin Turner et Steve Upton étaient sur scène à Bruxelles, en 2024, le line-up se lit: Andy Powell – guitar, vocals / Bob Skeat – bass, backing vocals/ le formidable, Mark Abrahams – guitar et Mike Truscott – drums.
Bob Skeat a pas mal roulé sa bosse, il est cité, e a, chez Gilbert O'Sullivan, Toyah Willcox, Colin Blunstone, Stéphanie de Monaco ou Russ Ballard.
Mark Abrahams a joué chez Coyote et a tourné aux côtés de Walter Trout.
Le dernier arrivé, Mike Truscott, a fait partie, tout comme Mark, du groupe Coyote.
Une bande son annonce l'arrivée du groupe, dès l'entame, les deux guitares s'enflamment sur l'instrumental qui lance le concert 'Real guitars have wings' , jamais titre n'a mieux porté son nom.
Andy: raise your hands, Saint-Agathon!
Des centaines de paluches s'élèvent vers le plafond et des cris d'enthousiasmes fusent de partout.
Ils enchaînent sur 'We stand as one ' qui ouvre l'album 'Coat of Arms' de 2020, un hymne prog rock, mixant énergie et éléments planants.
Les deux guitares excellent, Mike frappe juste et fort et le souriant Bob bétonne l'ensemble.
Sur 'Argus' : ' The king will come ' qui avec ses accents folky viennent nous secouer de la tête au pied. Mark Abrahams hante la wah wah, Andy répond en souriant, pendant plus de huit minutes, le roi fait le tour des troupes.
'Warrior' son intro raffinée et 'Throw down the sword' , se succèdent comme sur l'album , la montée en puissance et la force épique de ces compositions touchent au génie.
Le public ne s'y trompe pas et réagit en conséquence.
Anecdote, lors d'un de leurs shows à Austin, un vendeur de sandwiches est abattu par un client excédé, le triste fait divers leur a inspiré ' Rock 'n 'Roll widow' qui voit Mark Abrahams manier, avec brio, une lap steel guitar, transformant ce titre en Southern rock sinueux.
La setlist annonçait 'Ballad of the beacon', pas sûr que le titre ait été joué, par contre après avoir lancé I hope you like the blues, c'est bien ' Baby what you want me to do' de Jimmy Reed qui fuse.
Les guitares s'en donnent à coeur joie, tandis que la rythmique imprime le classique twelve bar tempo.
Une grosse claque, suivie par l'instrumental 'The Pilgrim' , conçu pour tous ceux qui se rendent à Saint-Jacques de Compostelle.
Détail croustillant, Andy Powell a failli se faire lyncher après avoir questionné le public ' Are we still in Normandy?".
A l'arrière, Mike s'est levé pour marteler ses cymbales à l'aide de maillets feutrés., il opte pour la position assise dès que le morceau commence à s'énerver sérieusement, c'est là que Bob et Andy entament la partie chantonnée, avant le final phénoménal.
Sur la lancée, 'Blowin free' souffle un vent frais sur la plaine, Bob et Andy entament un ballet à faire pâlir Francis Rossi ( c'est pas le cousin de Tino) et Rick Parfitt, c'est à Mike qu'échoit l'honneur de terminer le morceau.
Tu l'attendais, voici l'incroyable ' Jailbait' ... I'm wondering why your face no longer shines... le visage de ton voisin s'est plus que légèrement empourpré quand Bob a pointé sa basse à 5 cm de son nez, heureusement pas aussi allongé que celui de Cyrano.
La salle est en ébullition et la messe n'est pas encore dite.
Un jeune homme est venu murmuré un message à Bob, qui joue les intermédiaires auprès d'Andy.
Signe de tête affirmatif, we've got a request, 'Sometime world' , une ballade à écouter sur 'Argus'.
Sympa du groupe d'avoir fait une entorse au menu.
Du coup pas de 'Lady Whiskey' au programme , c'est avec le monumental ' Phoenix', en pensant à l'Ukraine, à Gaza et à toutes les régions où sévit la guerre ( le phénix renaît de ses cendres, comme tu le sais), que s'achève un concert fastueux.
Le public a applaudi à tout rompre, pas une âme ne songe à quitter le navire , pour éviter l'émeute, Wishbone Ash revient et propose ' Living proof' aux relents The Who et enfin l'instrumental éthéré 'Peace' !
A l'argus, la cote de Wishbone Ash est au plus haut , nettement supérieure en tout cas à celle de modèles plus récents, polluant à l'électricité!