Sophie Caudin et Simon Scardanelli au Char à Bancs - Plélo - le 24 juillet 2024
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Sophie Caudin et Simon Scardanelli au Char à Bancs - Plélo - le 24 juillet 2024
michel
Les mercredis, en été, la ferme-auberge le Char à bancs, à Plélo, organise des apéros concerts au bord de l'eau.
Comme l'établissement, né en 1971, renommé pour sa potée, ses crêpes ou galettes de blé noir, proposent aussi diverses attractions pour les gosses ( pédalos, poneys et un parcabout Hisse et ho), au moindre rayon de soleil , c'est la cohue sur les parkings
Ils sont très vite bondés, t'es obligé de te rabattre sur les prairies proches pour larguer ton char ( sans bancs) .
Et pourtant pour l'apéro-concert de Sophie Caudin et Simon Scardanelli, il reste quelques places inoccupées en terrasse. En attendant 17h, heure prévue pour le kick off, une Pelforth à portée de main, tu as le loisir de contempler le cadre bucolique, fait de jardins à l'anglaise aux allées sinueuses, bordées de fleurs sauvages, plus loin tu devines le potager, à quelques dizaines de mètres le Leff et les petits ruisseaux qui l'alimentent, nous rappelle que l'auberge fut autrefois un moulin.
Pendant que tu rêvassais,le duo s'installe, Simon, affublé d'une incroyable veste aux motifs dessinés par Jackson Pollock, à la guitare et au ukulele, et à sa gauche, Sophie Caudin qui dispose d'un piano électrique, d 'un accordéon et d'une flûte traversière.
La paire existe depuis quelques mois et parcourt toute la Bretagne pour interpréter les compositions du folk singer britannique, un album en duo est en gestation.
Sophie, de Tressignaux, prof de musique et créatrice de spectacles pour enfants , tâte de la scène depuis peu, le globe-trotter Simon Scardanelli s'est installé en Bretagne rurale il y a 6 ans, après avoir résidé aux States, à Londres, Amsterdam ou Munich.
Ce gentleman ( peut-être farmer, désormais) n'a plus 20 ans depuis longtemps ( merci Serge), il peut présenter un bristol impressionnant, des disques à la pelle ( les premiers, introuvables, de véritables collector's items, donc, sont sortis avant la naissance de spotify, tidal, bandcamp ou amazon), un dernier single ' Under the cover of snow' est né en novembre 2023, deux albums sont attendus.
Avant d'opter pour l'aventure plus ou moins solitaire, Simon a fait partie du groupe The Boomerang Gang et du duo Big Bam Boo, avec David Sharkey Shaw ( deux albums, un hit single) , dans ce dernier projet Simon agissait sous l 'identité Simon Tedd, il a d'ailleurs pondu un album solo sous ce nom.
'Whirlwind', avec Sophie à l'accordéon, ouvre le set, ce tourbillon nous emmène vers des gens tels que Peter Sarstedt ou Mike Scott, des Waterboys.
Il a suffi d'un seul titre pour comprendre que Simon, le néo-breton britannique au patronyme transalpin, est de la race des grands storytellers, des singer-songwriters à la Billy Bragg, Steve Earle ou Neil Young ( qu'il va évoquer par une anecdote humoristique).
La suivante démarre ainsi ... I’m not the son of a miner or a boy who was raised on script and prayer... s'il y avait pas mal de mineurs au UK, ' Sweet Loretta' s'avère être un hommage à Loretta Lynn , la coalminer's daughter , admirablement campée par Sissy Spacek dans le biopic portant le titre de la chanson.
Sophie, aux secondes voix et à l'accordéon, offre un contrepoint féminin léger à la voix mature, aux intonations Johnny Cash vieillissant, du British.
I give up!
Quoi, tu t'en vas?
Mais non, je me débarrasse de mon tableau en coton, il fait chaud!
Ouf!
Sophie a saisi sa flûte pour ' Fish out of water', un titre aux accents irlandais, composé pendant la période Big Apple du troubadour.
Savais-tu qu'un poisson sorti de son élément naturel se noyait... non.. écoute, ...Like a fish out of water I'd drown... et quel en est le sens pour Simon, en tout cas ça n' a rien à voir avec l'idée de to settle down!
Jusqu'ici t'avais pas remarqué que le pied gauche du chanteur écrasait une stomp box, ça a été évident sur le rythmé ' Jesus& the moon' .
Même couché dans le caniveau, une bouteille à portée de main, les étoiles peuvent paraître belles.
Tandis que le timbre ravagé de Simon narre cette histoire de vagabond, la douce voix de Sophie murmure un fond moins mélancolique.
C'est beau comme les textes à connotation littéraire d' Elliott Murphy ou comme les écrits de Scott Fitzgerald, do you remember The Lost Generation.
Le titre, sec, 'Dead end road' pour lequel l'orgue de Sophie ( trop peu mis en valeur) prend des couleurs cuivrées, est prévu pour le prochain album en duo.
' Annual General Meeting' prône la révolution , certains mettent Simon dans la même catégorie que John Martyn ou Scott Walker, ce n'est pas insulter ces grands artistes que d'élever Mister Scardanelli à leur niveau.
D'autres mentionnent Dexy’s Midnight Runners, ce qui n'est pas plus idiot, même sans les cuivres.
La guitare, au repos, il a ramassé un ukulele pour la suivante, un titre agressif qui se lit 'Battle' sur la playlist cachée dans un coin... too bad, pas retrouvé l'intitulé complet de ce morceau.
Next one is a song to dance to, ... I'll put on my best shining boots ... pour danser la polka.
Malgré l'invitation, la seule à danser est une ballerine échappée de la maison de repos, qui esquisse plus ou moins esthétiquement des mouvements de petit rat depuis le début du concert.
'The glittering prize' traite de ses années de jeunesse, qui furent turbulentes, la suivante, 'Make us happy' , en mode country folk, sent bon les grandes chevauchées dans un ouest sauvage.
Pense à 'Rawhide' ou à l' 'Alabama song' de Bertolt Brecht/Kurt Weil dans la version des Doors.
'Shooting from my heart' est un des seuls titres de l'époque Big Bam Boo qu'il a conservé à son répertoire.
Si à l'origine, le morceau présente des couleurs sophisti- pop plus proches de A-Ha que de Tim Hardin, la version, dépoussiérée, proposée aujourd'hui, décorée de teintes symphoniques au clavier et d'un chant gothique pour Sophie, est nettement moins lisse, les images qui traversent ton esprit sont celles de Robert Plant interprétant ' Ship of fools'.
Avant je ne tenais pas en place, je me suis assagi, voici 'Patience' un downtempo philosophique. pour lequel Sophie passe du piano liturgique à la flûte champêtre.
Après un nouveau country folk sémillant 'Days that lie' qui retrace une vie de héros/ hors-la-loi presque sans peur et sans reproche, le duo enchaîne sur 'Hopes in my pocket' , le titre le plus rock du répertoire, avec un accordéon qui claque et des riffs de guitare bien raides.
Tu connais the king of the divan, celui qui plane, Simon, lui, décrit dans ' Talk about glory' un grand rêveur qui ne bouge jamais de son canapé tout en se prenant pour Ivanhoé, Mad Max, William Wallace ( alias Braveheart) ou à la rigueur Neil Armstrong.
Si Chris Isaak a fait un carton avec ' Wicked Game', en 1989, Big Bam Boo a connu un certain succès avec le titre 'Wicked Love', un pop rock cajun, voyant Plélo battre des mains en mesure, cette plage termine un set brillant.
Sophie: dis, Simon, on devait achever le concert à 19h, on n'a pas inclus de pause, que fait-on?
On improvise, on leur lourde quelques morceaux déjà interprétés, ils ne s'apercevront de rien, Neil Young a déjà fait le coup.
Et donc, 'Whirlwind , Sweet Loretta', 'Fish out of water' et ' Dead end road' ( dans lequel l'espiègle Simon introduit quelques bribes de ' My Generation' des Who) repassent la revue et si le guitariste n'avait pas pété une corde, il aurait poursuivi sa litanie jusqu'à la tombée de la nuit.
Le char à bancs a réagi: " Merci pour ce fabuleux concert ! Et bravo pour cette belle énergie. C'était top!" !
Excellent résumé!