Rain Check - Brasserie Distoufer - Guingamp - le 6 septembre 2024
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Rain Check - Brasserie Distoufer - Guingamp - le 6 septembre 2024
michel
Rain Check, tu dis... a ticket given to people so that they can go to another event (such as a baseball game) if the one they were watching or planning to go to is canceled or stopped because of rain.
Faudra en distribuer par milliers en Bretagne, heureusement pas de précipitations à Guingamp en ce vendredi de septembre et, de toutes façons, l'événement était free of charge.
No rain, donc, pas de Blind Melon à l'affiche, mais un trio du pays de la sardine ( Douarnenez): Rain Check.
Pas des inconnus pour toi, Raphaël 'Tintin' Gouvy, tu l'as croisé avec Koto aux Mardis de Paimpol ( pourquoi la mairie a-t-elle annulé ces événements?), Brendan De Roeck, c'est au sein de Bobby and Sue ou de Bobby and Wenn que tu as eu l'occasion d'admirer son talent et, c'est chez The Red Goes Black, lors d'un concert donné à l'occasion d'Art Rock ( La Passerelle à Saint-Brieuc) que t'as remarqué la barbe de Damien Gadonna.
Ces jeunes gens sont tous trois multi-instrumentistes: Raphaël manie guitares avec ou sans électricité, basse et claviers , il chante d'un timbre éthéré , a high-placed tenor si on le rapproche de Jeff Buckley, l'élégant Brendan aux secondes voix, lui aussi manie les guitares à la perfection, notamment une Gretsch Guitare à Résonateur, quand il s'assied face au piano électrique, il évoque Ray Manzarek, Damien passe sans sourciller du piano, aux différentes guitares et à la basse, lui aussi se charge des backings vocals.
Pas de drums, tu dis, non, mais une stomp box pedal traîne sur le sol et, de temps en temps, Raphaël agite un tambourin ou un shaker pour rythmer les morceaux.
Discographie: l'album 'Rain Check' en 2021.
Démarrage en mode soft rock avec 'Without a sound' , la plage est bourrée d'effets vibrato, les climats sont ceux qu'on retrouve chez James Taylor, Albert Hammond ou Dan Fogelberg , un gars qui a bien analysé the rhythm of the rain.
Le nombreux public, attentif, a vite compris que le concert de ce soir sera nickel, mais pas d'une nickel and dime quality.
Après avoir hanté la basse, Damien Gadonna prend place derrière les touches pour amorcer 'Daydream island' , un endroit idyllique où le murmure du vent s'entend au travers de rangées de conifères.
L'imagerie poétique est bien rendue par le chant chargé d'émotions du leader de Koto, le fond sonore se rapproche des plages les plus confidentielles de Moriarty.
'All that's worth' n'est pas 'For what it'sworth' de Buffalo Springfield, mais on ne s'éloigne guère de l'univers folk rock des copains de Neil Young et Stephen Stills.
Alchimie parfaite entre le chant pudique et l'instrumentation eurythmique.
Après une intro à l'acoustique, Raphaël qui se charge du piano pose la question ' Will you be sorry' when I die, sur fond western swing/country jazz.
Le groupe prépare un nouvel album, 'I can't slow her down' pourrait se retrouver sur cet enregistrement. Le jeu de guitare subtil de Brendan te renvoie vers un autre Breton, dégourdi , aux phalanges non ankylosées, Eric Cervera ( Hache-Paille/ Hoa Queen), le solo, limpide, dans les tonalités graves, a fait forte impression et déclenché des applaudissements spontanés.
L'ombre de Peter Green planait sur Guingamp.
Dobro et slide pour entamer un downtempo, ' So wide', au jeu des comparaisons, Lee Clayton s'impose à l'esprit.
Le morceau meurt sur un orgue cérémonieux.
De la belle ouvrage.
Brendan passe derrière l'orgue pour l'unique cover du set ' 'It's all over now, Baby Blue' .
Leur version soignée s'écarte sérieusement de l'original de Bob Dylan.
Retour vers l'album avec ' Friends and lovers' , qui démarre en douceur avant un virage groovy, avec en contrepoint un orgue liturgique.
Manzarek, te souffle Pascal, Alan Price réponds-tu, anyway, c'est parti pour une jam pas dégueulasse.
'Is it a crime' est annoncé, mais Sade n'était pas au rendez-vous, par contre la clientèle est priée d'accompagner le trio aux fingersnaps.
Ce sera un des morceaux les plus énergiques du set, proche de l'univers de Boz Scaggs.
'Baby don't'... treat me so coldly... après l'intro pointue à la guitare, la plage monte en puissance comme les griefs se font plus explicites.
Un coup de wah wah vient gonfler le propos et pimenter la complainte d'un angle bluesy.
Si l'amorce de ' And now' laisse envisager une ballade, au détour d'un lacet, le titre oblique vers un rondo/flamenco mouvementé, c'était pas tout à fait le final de 'Spanish Caravan' des Doors mais c'était néanmoins fiévreux.
Retour de la slide et du dobro sur 'Falling' à l'intro atmosphérique, une plage qui t'envoie des images du désert de Mojave, de canyons sauvages, de roches brun rouille, tout en évoquant des groupes tels que The Long Ryders, My Morning Jacket ou les plus anciens, The Byrds.
On arrive au terme du set, le fleuve doit se jeter dans le Pacifique, 'River', joué en picking , sent bon les as du fingerstyle, Stefan Grossman ou le regretté John Martyn.
Le trio part en jam pour terminer le morceau à la manière de Grateful Dead, avec quelques élans Rory Gallagher.
Un set aussi brillant ne pouvait s'achever sans un rappel, la mélopée 'Get away' doit nous aider à prendre congé en douceur.
Le 4 octobre, Rain Check doit se produire à Plozévet, au Centre Culturel Avel-Dro!