Nolwenn Korbell aux Zef et Mer, Plérin le 11/01/2025

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About: 
Nolwenn Korbell aux Zef et Mer, Plérin le 11/01/2025
Artist: 
NOLWENN KORBELL
Date: 
11/01/2025
Venue: 
ZEF ET MER
Place: 
Médiathèque Plérin
Your Reporter on the Spot: 
NOPO (PHOTOS NOELLE)

Nolwenn Korbell aux Zef et Mer, Plérin le 11/01/2025

Lorsque Ludovic Plestan présente Nolwenn l'unique (sic) au répertoire haut de 6 albums, on entend une voix féminine, derrière le rideau fermé, qui répond aussi sec : 'C'est le 7è!'. 'Ar preñv glas' ('lampyris noctiluca' en latin, ou 'le vers luisant' en français) a vu le jour fin 2024, et les 5 titres, joués live cet après-midi, en sont extraits.

Nolwenn introduit son groupe, non sans saluer Frank Darcel, avec qui elle sort 'Avel Azul', son 6è disque solo, en 2018 (qui aurait pu avoir une suite sans le décès de l'ex. Marquis de Sade en Mars 2024).
Outre Franck Darcel, ce disque avait révélé quelques invités, tels que Brieg Guerveno (qu'on aperçoit dans la salle) et Hélène Brunet (SYLBÀT, IZHPENN12...), sur scène cet après midi à la guitare électrique. Thomas Saouzanet (THE PASTE TRAVELLERS, DEADLINE) les accompagne aux claviers/machines et Damien Gadona (Red Goes black), à la guitare slide et basse, complète l'effectif (en remplacement de Matthieu Le Moal -Komodor et Komodrag & the Mounodor- , un gars de Douarnenez en remplace un autre).

Face à nous, un panorama qui va s'avérer bouleversant :
- Damien à gauche, cheveux longs et barbe noire, joli galurin de cowboy,
- Nolwenn, au centre, cheveux longs ondulés, blazer à paillettes et pantalon noir,
- Thomas, un autre barbu à l'arrière, petit gilet sans manches sur chemise,
- Hélène, à droite, la brune sauvage, jean et veste sur chemise à carreaux.

Nolwenn nous accueille directement en breton, puis en français dans un accent finistérien. Il sera question de gens qu'on aime, de beautés du monde et aussi d'absence, de rage de vivre et d' envie de chanter 'non de dié Gast!'. Quelle gouaille, qu'on retrouve dans quelques textes de ses chansons!

Les premiers arpèges dépouillés de 'Ar Preñv Glas', sur la guitare de Nolwenn, semblent tout droit sortis des grandes plaines américaines. Thomas déroule un tapis synthétique raz puis Damien dessine des pointillés à la slide pendant qu'Hélène, cheveux tombants déjà sur les yeux, gratte sa Gretsh rouge, par à-coups.

Une boite à rythmes s'invite sur 'Hepdout' (sans toi). Nolwenn a lâché sa guitare et c'est Hélène qui tricote une suite de notes enivrantes à la Jeff Buckley. Empreinte d'ambiance progressive des années 70, la composition intègre des arrangements sombres et modernes aux claviers électros. Nolwenn, acerbe, chante avec beaucoup de conviction, en breton comme en français, alors qu'Hélène, habitée, ne lève presque plus le nez, concentrée sur ses cordes tendues. Au fond, le synthé vibre dans un son épais.

Quelqu'un se plaint de basses trop puissantes jusqu'à décider que ce n'était plus de la musique! Nolwenn, aimable, demande si on peut faire quelque-chose. Ce serait le Moog qui dégage quelques grondements mécontents, s'améliorant par la suite.

Le synthé, menaçant, ouvre 'A quoi bon' puis la guitare lacère sur un rythme répétitif. Le cafard des mots parlés/perlés, dans une attitude possédée, m'évoque Catherine Ribeiro ou Mama Béa Tékielski, voir même un Jacques Higelin 'irradié'. Parfois, le chant de Nolwenn s'emporte sur de hautes notes magnétisantes. Le morceau tourne dans une spirale sans fin qu'il faut casser pour arrêter.  

C'est parti pour l'adaptation très personnelle du traditionnel 'Deuit Ganin Me' (Venez avec moi). L'histoire d'une femme qu'on essaie de pécho avec une pièce de satin blanc perle puis une autre grise et qui défend sa liberté "Ce n'est pas avec un morceau d'étoffe qu'on m'attrapera!'. Bien que discrète, la boucle du piano, au son tintinnabulant, ensorcèle. Les accords sur les cordes baladent amèrement sur une cadence pulsée.

Nolwenn hésite : "On a le temps, non, parce-que après ces discussions techniques...". Oui, 'Tired' passe bien dans le créneau sans générer de bâillements.

Hélène balance des accords mélodieux, entrainant la voix de Nolwenn, mains dans les poches. Damien remet le couvert à la slide rappelant, une nouvelle fois, le grand Ouest... mais de quel Pays? Nolwenn, loin d'être fatiguée contrairement au titre, danse divinement tout en jouant, par de petits cris, de sa voix de soprano, sur une rythmique électro. Théâtral, ce morceau clôt magnifiquement le set... et match, par une volée gagnante!

 

Nous connaissions mal la musique de Nolwenn Korbell qui nous a, tout simplement, hypnotisés cet après-midi. Le charisme de la franche chanteuse, sans fard, capte l'attention, même celle des auditeurs qui ne connaissent pas le breton. Sa sensibilité naturelle diffuse un flot d'émotions perforant et les 20 minutes allouées paraissent bien trop courtes. Fabuleux!  

SETLIST
01-Ar Preñv Glas
02-Hepdout
03-A quoi bon
04-Deuit Ganin Me
05-Tired