Ne Rangez Pas Les Jardins, Festival Mythos, jardin du Thabor à Rennes, le 6 avril 2024
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LIVE REPORT - Ne Rangez Pas Les Jardins, Festival Mythos, jardin du Thabor à Rennes
Aller assister au concert du groupe Ne rangez pas les jardins au cœur d’un jardin de prestige rennais, l’idée ne manque pas d'ironie, en ce samedi 6 avril.
Sur une petite scène coincée dans une allée du Thabor, le trio costarmoricain livre une prestation étonnante pour le badaud en dégrisement partiel. Nous prenons donc ce jardin en mouvement, comme le prône le paysagiste Gilles Clément.
Les cordes de la basse de Léa Digois semblent avoir servi de terreau à des textes traversés d’une poésie sans mysticisme mais non-cartésienne, les titres du trio semblant directement cueillis en site propre, comme des mûres glanées à l’arrière d’un abattoir désaffecté. Une chanson en hommage à un arbre mort (est-il seulement vénérable ?), une autre se penche sur les fleurs bousculant les interstices du bitume pour éclore. Les mélodies semblent suivre le même chemin et vous enveloppent d’incertitudes émotionnelles, tels ces accidents porteurs de beauté fleurie qui résistent à la civilisation de l’anthropocène.
Pas le temps de se complaire dans les contemplations qui pourraient être suscitées par le chant -sublime-, une ponctuation rythmique savamment calée du batteur Swann Yde précédant une gifle guitaristique parfaitement masterisée par Louis Hamon pour nous remettre les idées en place. Leur musique, oscillant au sein même d’une chanson entre poésie a capella et vague psychédélique, se montre tour à tour désarmante, emplie du charme de la simplicité, puis quelques secondes plus tard, l’auditeur est emporté par le cours d’un torrent de complexité, imprévisible et incompréhensible pour les ingénieurs apôtres d’un univers lisse, rationnel, explicable et dompté, en définitive inexistant. Ces artistes ont su trouver une beauté singulière.
On en ressort avec une belle claque auditive et une foultitude d’affects qu’on ne se savait même plus capable d’éprouver. Définitivement, on y réfléchira à deux fois avant d’arracher cette plante que personne ne semble avoir planté, et on y retournera, partager un drôle de moment avec les 3 premiers apôtres du mouvement NRPLJ qui viendra inéluctablement. La petite foule ne s’y trompe pas et scande leur nom, devenu slogan. Les herbes dites mauvaises n’en ont souvent que le nom.