Les Zef et Mer 2024 - Lukaz Nedeleg - TekMao et Pêr Vari Kervarec et Caroline Faget au Centre culturel le Cap à Plérin, le 13 janvier 2024.
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Les Zef et Mer 2024 - Lukaz Nedeleg - TekMao et Pêr Vari Kervarec et Caroline Faget au Centre culturel le Cap à Plérin, le 13 janvier 2024.
michel
Plérin, samedi 13 janvier 2024, le retour de la mouette, pour la onzième fois, les rencontres Zef et Mer se déroulent dans le coquet centre culturel Le Cap à Plérin.
La scène bretonne émergente à l'honneur, Sophie Glarner et son équipe de bénévoles ont concocté un programme de choix, varié, osé ou respectueux des traditions.
Le menu et l'horaire:
14h30-14h40 : Lukaz Nedeleg
14h45-15h05 : Descofar
15h10-15h30 : JL.Thomas et Gab Faure
15h35 : Pause
15h55-16h05 : Lukaz Nedeleg
16h10-16h30 : Tek mao
16h35-16h55: Per Vari Kervarec duo
17h : Pause
17h25-17h35 : Lukaz Nedeleg
17h40-18h : Rozètt
18h10-18h30 : Endro
Pascal se chargeant du début de la session, on embraye sur la séquence succédant à la première pause ( le timing étant plus ou moins respecté).
Seconde apparition du conteur Lukaz Nedeleg.
Né à Brest, mais désormais établi au fond de la baie de Douarnenez, ce grand garçon, sympathique et souriant, manie le verbe et l'art de raconter à la perfection.
Conteur, donc, mais aussi poète, slameur, comédien et accessoirement conseiller en voyages, proposant des prix fort éloignés des arnaques SNCF ou encore Evasion pour presque pas un rond.
Dernier projet: le spectacle Ahès aka Dahut, mettant en scène Dahut, la fille du roi Gradlon dans la légende de la ville d 'Ys.
Tout un programme, la première est prévue pour le 8 novembre 2024 à Plozévet.
Plérin, en avant -première, a eu droit à quelques extraits de l'épopée légendaire.
Tu le sais: Dahut a provoqué la submersion de la cité d'Ys par l’océan à cause de ses péchés, Lukaz mène son enquête pour retrouver la princesse et la ville engloutie.
Le final en freestyle lors de sa deuxième intervention a tenu le public en haleine, en attendant la suite du feuilleton.
Avant de s'éclipser il a tenu à annoncer les deux groupes prévus avant la seconde pause: TekMao et Pêr Vari Kervarec et Caroline Faget.
TekMao remue la terre dans les hangars, dixit Lukaz.
On se rendra vite compte que TekMao chamboule tout sur son passage.
Ils sont trois, fringués comme des ouvriers de construction, sans le casque: Malo Breton, Malo Gentil et Gweltaz Foulon.
Le gentil joue de l'harmonica et de la cornemuse, le Breton , qui n'est pas anthropologue, tout enfant a reçu une guimbarde comme cadeau de Noël, plus tard on lui a refilé une bombarde, le troisième larron, que tu ne verras pas sur une croix à côté du Christ, Gweltaz Foulon, fait office de DJ et de beatmaker, il te distille d'énormes techno beats, capables de causer un séisme dont la magnitude atteint au minimum 8,7 sur l'échelle de Richter.
Démarrage relativement serein, la guimbarde et l'harmonica froufroutent gentiment, quand soudain un carillon, annonçant les vêpres, se fait entendre, le mec derrière les platines lance la machine infernale, boum, boum, boum.... kick puissant , méchants claps, on est loin de la musique bretonne traditionnelle, place au fest noz hardcore techno.
Les deux Malo ont troqué leurs jouets contre une bombarde ( logique pour canonner) et une cornemuse ( logique pour encorner) et ça fait mal, très mal.
Comme ils n'ont pas annoncé les titres des morceaux interprétés, on te signale l'existence d'un album intitulé ' Le Maill' , maill pour un maillet, tu vois le genre!
Gweltaz lance une bande, l'harmonica et la guimbarde rappliquent, c'est parti pour un techno blues entêtant, sans doute ' An Dro'.
Même scénario que lors de la plage un, la bombarde et la cornemuse transforment la danse bretonne en rave party hallucinante.
C'est tellement addictif qu'un groupe de gosses, échappé du jardin d'enfants, vient se poster face au trio pour entamer une gigue sauvage sous l'oeil attendri de maman.
Les mousquetaires et Milady sont vite rejoints par quelques prépubères excités qui transforment l'espace face à la scène en cour de récréation, interdite aux plus de douze ans.
TekMao, impétueux, poursuit son trip renversant, les mioches ont entamé une ronde démoniaque, qu'ils agrémentent de glissades intrépides.
20', c'est court, un sample est largué pour amorcer la dernière tirade, justement tirée d'une série.
On se croirait revenus aux heures de gloire de la New Beat, illustrée par les ineffables Confetti's ou L.A. Style.
Ce qui est sûr, c'est que le cocktail TekMao n'a laissé personne indifférent, mais comme le dit la pub, à consommer avec modération pour éviter le delirium tremens.
Après la Breizh tekno décoiffante , made in Plounéventer sans additifs suspects, de TekMao, retour au patrimoine ou plutôt matrimoine plus raisonnable du duo Pêr Vari Kervarec et Caroline Faget.
Caroline Faget, Châteaulin: plusieurs premiers prix mais pas de discount: premier prix de piano des conservatoires de la ville de Paris, premier prix de flûte à bec au conservatoire de Boulogne-Billancourt et prix d'excellence de composition au Conservatoire royal de musique de Bruxelles, officie désormais comme professeur de musique tout en composant pour divers événements artistiques.
Elle est aussi à l'aise dans l'univers classique que dans le jazz ou la musique traditionnelle.
Trois albums à son actif .
S'est associée depuis peu avec Pêr Vari Kervarec pour le projet "Gwragez, l'île aux Femmes"
Pêr Vari Kervarec: un talabardeur ( = un joueur de bombarde) et chanteur de gwerzioù ( la spécialité de Denez Prigent) de Quimper, membre de plusieurs formations; souvent invitées en fest-noz, notons: Tildé ou le Royal Krampouezh Sokial Klub, le pendant breton du Buena Vista Social Club. Avec le trio Pêr Vari Kervarec (Pêr Vari Kervarec, Loeiz Méhat et Tony Dudognon), il a monté le spectacle 'Noa'.
A l'ouverture des rideaux , une voix off débite un texte en breton, Caroline, élégante et droite, prend place derrière le piano pour entamer un prélude d'inspiration Debussy, après 30 secondes le son d'une bombarde jaillit, Pierre-Marie ( Pêr Vari) s'affiche et rejoint sa complice.
Il dépose le hautbois breton et entame un chant profond et sombre, aussi beau qu'un cantique corse.
Cette première histoire de femmes, dont l'accompagnement musical évoque bizarrement le concerto d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo , a forcé l'admiration d'un public, touché jusqu'au fond de l'âme par la voix de ténor de Pêr Vari et par le doigté précis de sa partenaire.
La deuxième plage, précédée d' un texte récité, concerne Ouessant, l'île des prêtresses , l'île des femmes en deuil , l'île des filles de la pluie....
Un piano romantique comme toile de fond , un chant, plaintif et poignant, pour évoquer l'île balayée par les vents et ces femmes aux conditions de vie rudes, la bombarde lugubre vient achever la morne plainte bretonne.
Le gwerz ' Personne n'en est la cause' traite des filles-mères et des faiseuses d'anges.
Une tragédie d'une autre époque?
Pas certain, de nos jours le droit des jeunes filles est bafoué chaque jour, un peu partout dans le monde.
Une nouvelle fois la flèche décochée par le duo a atteint la cible, impossible de rester indifférent devant tant de profondeur.
Le chant traditionnel 'Ar Baz Valan' clôture ce mini-set magistral qui en a ému plus d'un.
C'est sous une ovation légitime que le duo prend congé.
Une seconde pause doit nous permettre d'évacuer l'excédent d'émotions en sirotant un jus de houblon.