Fête Maritime du Légué, Working Class Trio, Plérin, le 6 juillet 2024
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Fête Maritime du Légué, Working Class Trio, Plérin, le 6 juillet 2024
michel
Oui?
Une rando dans les landes de Locarn avant les concerts de Jam en Jazz??
D'ac, c'est signé.
Midi trente, Callac: déjeuner, café, petit tour sur le site du festival.
Un marché artisanal insignifiant, à peine 4 à 5 échoppes tenues par de néo-hippies, qui ne votent pas à droite, une buvette désolante, de la bouffe qui traîne dans des bacs métalliques depuis trois jours, ça donne envie!
Madame tique, c'est quoi ce dégueulis immonde ( elle exagère à peine) , pas question de glander ici pendant 4 heures avant d'assister au premier concert, ça craint, on se tire, vite fait!
Direction les Fêtes Maritimes au Légué.
Soulagement, un vent, certes frais, mais aussi du soleil, des stands accueillants, de l'animation...
Tu ramasses le programme. qui affiche La Danaé, place de la Résistance à 16:30'.
La Danaé, c'est le groupe de Chants de Marins de Plérin, qui depuis un quart de siècle parcourt tous les ports hexagonaux, pas forcément maritimes, pour animer fêtes locales, apéros chantants, manifestations caritatives, en interprétant le patrimoine marinier.
18 dames et messieurs, tous habillés par Breizh Océan, se chargent du chant, quatre musiciens doivent leur fournir un fond sonore: une guitare,un bodhran, un accordéon diatonique et son frère chromatique.
Une balance hésitante ( en massacrant ' Quinze Marins' de Michel Tonnerre) précède leur aubade, plus de 20'de tergiversations, de réglages de soupapes, et d'autres broutilles, avant de les entendre attaquer ' A Saint- Servant', un coin où le vent souffle.
Une seconde escale dépose les corsaires à Saint-Nazaire.
Respire les embruns, lève le coude chez Georgette, discute du bon vieux temps, taille une pipe ou une gauloise, demain tu reprends la mer.
Et vogue la galère, bon voyage, nous on met le cap sur le Mar'Mousse pour le concert du Working Class Trio.
En 2021 à Paimpol. en été, le mardi soir, tu pouvais encore assister aux concerts gratuits sur les quais, malheureusement la mairie a décidé de supprimer ces événements!
Le 13 juillet 2021, le programme des Mardis du Port affichait Working Class Trio, des prolétaires en provenance du Morbihan, qui avaient pas mal sué sur le podium pour nous asséner un concert sentant bon le swing, le blues, ou le gospel, datant des thirties, forties et fifties.
Les protagonistes portent toujours le même bleu de travail, légèrement plus élimé qu'il y a trois ans, ils sont deux à avoir opté pour la casquette plébéienne, le troisième s'est déniché un canotier.
Malek Ben Yedder ( chant,guitare) dirige toujours la manoeuvre, Baptiste Higginson trimballe la même contrebasse, aber, la Gretsch de Thierry Lacq est remplacée par une pocket trumpet habilement maniée par Bruno Gautheron ( Pili Pili Experience, L'HaPpY nOiR(e)).
Après un message pontifical, le trio démarre les hostilités par 'Up a lazy river' que Hoagy Carmichael et Sidney Arodin ont signé en 1930.
Malek croone et gratte, Baptiste bâtit sans faiblir et Bruno, le petit malin, a trouvé d'occase une ventouse, spéciale déboucheur de toilettes, comme sourdine.
'Milk cow blues' , en 1934/1935, tu pouvais encore traiter ta conjugale de vache laitière sans que les réseaux sociaux s'en emparent et te clouent au pilori.
Swing et blues cohabitent, Bruno, avant de placer une petite envolée pas vache, s'était transformé en go go girl de salon, en salopette, pour le plus grand plaisir de madame.
Pour suivre les fans de La Septième Compagnie proposent Wynonie Harris, ' I like my baby's pudding', une recette non dépourvue de matière grasse avant de s'attaquer à Gene Vincent 'Dance to the bop'.
Pas de Stratocaster, comme celle de Johnny Meeks, pour Malek, mais son petit solo était bien propre.
'I know your wig is gone' chantait T-Bone Walker, c'est la faute à la trompette, le souffle a envoyé la moumoute dans les airs.
Il y aura plusieurs Louis Jordan au menu, notamment " Ain't Nobody Here But Us Chickens", des poulets moins funky que ceux de Rufus Thomas, mais vachement remuants tout de même.
Plérin, prêt pour le madison, faut bouger, chers paroissiens!
'Hallelujah, I love her so' de Ray Charles n'a pas trop inspiré les passants timorés.
Les Stones avaient placé 'It's all over now' au sommet des British charts en 1964 ( version mono, à l'époque).
Vous n'êtes guère réceptifs à Plérin, deux possibilités pour la suivante: battre des mains en mesure ou chanter avec nous, une combinaison des deux propositions est acceptée, place au jive et au ' Cat scratching' de Louis Jordan .
Pas croyable, vous êtes mous, écoute, Plérin, tu danses ou on te fout à l'eau comme Hidalgo, ' Choo Choo Ch' Boogie' et ' That chick's too young to fry' complètent le feuilleton Louis Jordan.
Rien à dire, c'est bien foutu, ça balance rond, les tirades du bugle sont aussi chaudes que celles de Louis Armstrong, la contrebasse assure le tempo impeccablement et la voix de crooner du chef flatte nos pavillons.
Le trio enchaîne sur une version toute personnelle de 'Proud Mary', en vue du terme le moteur du steamboat s'emballe, du coup l'écume vient mouiller nos souliers.
Malek et Gad Elmaleh sont cousins, le premier nous signale que le gospel 'Swing low, sweet chariot' a été composé par Jean-Luc Mélenchon en 1850, juste après sa première communion et avant sa crise de foi, qui l'a rapproché de l'Islam.
Louis Jordan est omniprésent en cette fin d'après-midi, voilà 'Five guys named Moe', du jump blues imparable.
Si ' So glad you're mine' est de la plume d' Arthur Crudup, c'est Elvis qui en a fait un tube mondial.
Contrebasse en slapping pour un second titre repris par le King 'I don't care if the sun don't shine'.
Braves gens, pas besoin de fermer les yeux pour être transporté dans un club de jazz, voici 'She's The No-Sleepin'est Woman', la madame à l'oreille fine qui t'entend rentrer à 5h du mat, même si tu t'es déchaussé pour éviter de l'éveiller.
Histoire connue!
Même ambiance feutrée avec "Is You Is or Is You Ain't My Baby" dont les Stray Cats se sont peut -être inspirés pour leur ' Stray Cat Strut'.
Un sermon didactique précède 'Saturday Night Fish Fry' , une plage à rallonge car le poisson doit être servi frit à point.
Comme ils ont aperçu de nouvelles têtes dans le public ils proposent une seconde version de 'Dance to the bop'.
Oui?
T'as vu l'heure, ils jouent les prolongations et occupent le podium depuis plus de 90', le programme prévoyait une fanfare latino.
Effectivement, concision n'est pas repris dans leur dictionnaire.
Dis, ils semblent t'avoir entendu, ils annoncent la dernière.
On termine avec la seule compo personnelle du menu, dixit le comédien.
Déjà que Soft Cell avait emprunté 'Tainted Love' à Gloria Jones, mais de là à s'attribuer la création du titre, ça touche à l'escroquerie.
D'accord, ils ont légèrement remanié le soul track en y fourrant des loups, des renards, des belettes, du gumbo cajun, une tranche de 'Abdallâh' peut-être piquée à Tryo, une pincée de 'Sidi Mansour' et quelques autres ingrédients euphorisants, il n'en demeure pas moins que le crime a bien eu lieu.
Décidément, ils sont increvables, avec l'approbation de la table de mix, ils replacent le blues de la vache laitière avant de glisser leur carte dans la pointeuse, qui a comptabilisé leurs heures sup.
Une frite plus tard on prend congé de Plérin pour assister à la victoire des Bataves contre la Turquie.