TUNNELS - Glass Shelter LP 2024
Album Review
TUNNELS - Glass Shelter LP 2024
Ce Tunnel à l'Ouest ne s'infiltre pas sous la manche (ahaa) mais peut-être... dans la manche comme un as plutôt qu'un vice caché. Il faut aller le chercher... dans le Finistère.
Au début à Brest, c'est Pascal Le Floc’h qui s'y colle, seul aux claviers, guitares et boite à rythmes, un gars qui avait déjà de la suite dans les idées puisque son groupe précédent s'appelait 'I come from pop'.
Puis Philippe Bossard vient ensuite lui prêter main forte et l'as-surer dans son projet de percer.
Un EP parait en 2020 au titre évocateur 'I know you know' suggérant leur parfaite complicité.
François Joncour à la basse et Arnaud Kermarrec-Tortorici à la batterie viennent forer avec eux.
La voix fragile de Pascal, ne fait pas grand bruit au fond du tunnel. Je me suis même demandé, la première fois si, ce timbre aérien dans des arrangements léchés, ne venait pas de la bouche d'une femme mais non, c'était plutôt un pinson.
Je retrouve, dans leur musique, la pop sophistiquée des américains de Nada Surf et la douceur de Fingers&Cream (groupe costarmoricain), bercée d'un bon air iodé de la manche cote ouest.
Le premier album 'Glass shelter' vient de sortir sur le label DokiDoki de Tunnel Tunnel (ahaa). Mixé par l'excelllent Elouan Jegat (de Skopitone Sisko) qui a joué aussi dans Fingers&Cream... La sauce est bouclée, le disque trempe dans cette crème alléchante. La quasi totalité des morceaux est réalisé en duo, Philippe Bossard, le bosseur s'occupant des claviers/machines et arrangements et Pascal du chant et de la guitare.
La pochette sculpte un plafond de grotte sombre aux teintes grisâtres, bleutées et vertes... sauf que si l'on pivote l'image dans l'autre sens, on reconnait un sol constitué de roches marines et de galets.
Renversant non? Comme ce disque que l'on va écouter dans le bon sens.
Des cordes effleurées laissent difficilement penser à l'intitulé de ce premier titre 'Cannonball' alors qu'on s'attendait au vacarme. Lorsque la voix fragile intervient, c'est Nada Surf qui vient à l'esprit.
Un clavier fait soudain tourner une ritournelle totalement envoûtante. La marque du rythme se cale, feutrée. Le chant souffle le froid... la nostalgie et le chaud... l'enthousiasme.
On passe à 'Happy end' mais ce n'est pas fini...
Cette fois, le chant perché et l'arpège à la guitare acoustique s'entremêlent d'entrée. Une nappe de claviers s'approche au loin et épaissit lorsque la batterie se met trottiner sur une mélodie pleine d'élégance.
Le jeu de basse amortit les mouvements, une 2è ligne de synthé joue délicatement des notes écartées puis le son émis rappelle le clavecin.
De nouvelles notes égrenées sur les cordes survolent la couche évanescente au clavier alors que la voix susurre des mots entre les nuages. Le synthé se met alors à tintinnabuler un moment jusqu'à ce que la batterie se manifeste progressivement.
Elle gagne en puissance et le son de synthé devient électro et lance plusieurs lignes obliques comme des reflets sur le verre. 'Glass shelter' augmente une luminosité qui finit par devenir aveuglante.
La voix farandole sur des notes délicatement grattées à la guitare. Un espèce de jingle à la machine vient, par surprise, jalonner le morceau. Le son de basse gondole. Un peu plus tard, une autre pellicule au synthé fait vibrer l'atmosphère et grosse caisse/caisse claire cadencent martialement. La vibration s'amplifie par saturation dans une mélodie tournoyante et accrocheuse que le chant chevauche par des tralalas, bordés de touches au piano. Dans sa variété d'arrangements, l'expression de cette 'White anger' reste très raffinée.
'Daytime parade' mélange une rythmique électro, un synthé clavecin, une guitare et des vocaux aérés et aériens. La plage, aux éclats variés, évolue dans des balancements chaleureux marqués à la boite à rythmes.
Un nouveau son de clavecin, caractéristique, introduit 'Concrete skin' dans un doux mid-tempo très cinématique. Le timbre vocal, empreint de mélancolie, saisit et bouleverse. On ne peut pas se détacher de cette complainte hypnotique.
Un long passage brumeux laisse la place aux frottements de cordes répétés pendant que monte lentement un magma synthétique, parcouru de paroles estompées. La menace gronde et finit par déchirer.
Les doigts naviguent méticuleusement sur les cordes de la guitare à l'intro de 'Seasun' qui s'entendrait comme 'season'. On reconnait la timide rythmique électronique, dominée par des arcs au synthé. Le chant subit des variations d'accompagnement et trouve parfois un écho. La tendresse du morceau m'évoque Fingers & cream.
Le clavier de 'Restless swarm' dessine une romance diaphane à french pop puis la plage s'installe sur des accords doucement frottés dans un battement de cœur au ralenti. Radieux, l'instrument dominant accapare l'espace, boucle, tournoie, vrille en spirale et s'éclate.
On part sur un rythme à respiration profonde tel 'Au pays des merveilles de Juliette' d’ Yves Simon. 'Ease yourself' distribue les merveilles de Pascal avec un chant, parfois malicieux, pendant que la guitare cisèle accompagné par un synthé qui carillonne.
Et voilà, on s'est infiltré dans la grotte aux trésors et finalement au bout du tunnel, l'intensité lumineuse nous a éblouis. Un disque aussi humble que majestueux!
1. Cannonball 04:00
2. Happy End 02:53
3. Glass Shelter 04:32
4. White Anger 03:34
5. Daytime Parade 04:04
6. Concrete Skin 05:05
7. Seasun 03:35
8. Restless Swarm 04:16
9. Ease Yourself 03:01