SEESAYLE - Streams LP 2025

Album Review

Album: 
SEESAYLE - Streams LP 2025
Artist: 
SEESAYLE
Style: 
FOLK/POP
Date: 
03/07/2025
Reviewed by: 
NOPO

SEESAYLE - Streams LP 2025

Cécile Gonay aime et sait faire de la musique. Elle apprend régulièrement un nouvel instrument, ça l'intéresse, même si sa colonne vertébrale musicale reste le piano. Elle joue de la guitare, de la basse, du violon, de la flûte, de la batterie, du Charango (si, si !)... et de la trompette? Oui, aussi, et de la yaourtière sans doute!  Et pour couronner le tout, elle chante plutôt bien. D'ailleurs son surnom d'enfance, 'Seesayle', signifie 'Merle' (en anglais selon google translate, pas garanti, mais très joli). Pratique tout ça pour composer et mener son projet personnel. L'ardennaise belge, décrit sa musique comme de la folk onirique et Cécile s'y gonnait, c'est une self made woman! D'ailleurs sur sa dernière œuvre, Cécile gonay do all...

Après s'être frottée, en groupe, au rock indie, probablement en y laissant un peu de duvet, elle quitte le nid, en solo, sous ce nom d'oiseau en 2006, puis publie son premier album 'Stowaway' en 2011. Suivent des concerts et 2 autres albums "Stranded" (2014) et "Stamina" (2017). Puis après 'La première marche' en 2021, elle grimpe l'escalier jusqu'en haut avec 'Streams' en 2025. 4 disques bénis, puisque leurs intitulés commencent tous par 'St'... comme c'est bizarre!

Tout ça, c'est bien beau mais moi, je ne la connaissais pas cette fille et je n'avais aucune idée de l'effet du 'Play'... caresse ou blessure... stop ou encore...
Je plonge donc dans cette rivière musicale et me laisse porter par son courant car Seesayle ne manque pas de sel! J'ai bien cru me perdre dans quelques méandres nécessitant un minimum d'attention.

Pas facile de décrire cette musique, qui, néanmoins, flirte avec une forme de pop.

En faisant une synthèse du lu et entendu, j'ai envie de mentionner Agnes Obel, Ane Brun ou Aldous Harding (et donc quelque-part Kate Bush). Et pour rester dans un circuit court autour de moi, je citerais volontiers la quimpéroise Ladylike Lily (qui s'adresse aux enfants aujourd'hui).

Toutefois, ici, on ressent quelques atmosphères désuètes, évadées des années 60/70 à travers des senteurs bucoliques et oniriques (sic).

Dès l'entrée, l'artiste place 'Le décor' dans un cabaret, ouvert à une douce brise sans prise, puis percé par une pluie de notes au piano, mêlées à une voix enfantine, avant de laisser des cris et guitares intraitables rayer la piste... fausse piste!

Le grondement menaçant de "Faux-semblants", suivi d'accords sombres au piano, contraste avec les vocalises éthérées, tirées ensuite vers le langage par une guitare sonnante. Les arrangements luxuriants nous entrainent dans un paysage merveilleux par une voix printanière.

On trouve des passages électros avec la boucle vivante et vibrante de "La frime" au texte rythmé, tout aussi vibrant et vivant. Le développement musical évolue avec grâce et puissance, dans une ambiance quasi prog. Ailleurs, j'entends l'écho de 'Devenir gris' dans 'Devenir si' qui me dévisage. 

Des mots proches du sens de "La frime", qui défendent l'unicité, résonnent dans le morceau suivant, "Ma liberté", à la courbe de guitare quasi blues, une liberté fragile dans la voix, arrosée progressivement de cymbales et de clochettes effervescentes puis des onomatopées cartoonesques.

De petites pensées divagantes s'échappent des titres courts "Je m'ennuie" (pas moi) au piano classique solennel, caressé ensuite aux cordes et son d'instruments à vent (hautbois/clarinette) à travers "L'ennui", finement marqué. 
Serait-ce de la cithare qui résonne sur "Ilan Darey" au texte kobaïen (ou presque) et chorale? Quant à 'I believe in love', son langage invoque les robots dans des bulles électros.

Le banjo, magnifiquement emmêlé au piano, nous promène, en couple, sur "La marche" aux mots subtils et trottinants. La rythmique, aux balais et basse discrète, donnent le pas. Et la voix vole au-dessus, délicatement et clairement. Fluide et légère, la chanson nous aspire avec bonheur.

C'est un arpège tranquille et orientalisant à la guitare, amorti par la basse, qui caractérise l'intro de "Tout près". Le chant se déploie alors majestueusement, parfois bordé d'orgue et bientôt flanqué de coups carillonnant sur les cymbales. J'oserai une nouvelle référence locale avec l'énigmatique 'Hache-paille' (de chez nous en Bretagne). Limpide, la magnifique mélodie progresse alors, exaltante, comme aurait pu le faire le 'Moonchild' de King Crimson.

Suit une douce "La météo" où le chant, haut perché, glisse dans un ciel aux mouvements piano piano et parfois traversé de petits nuages soufflés par un mélotron, au destin gonflé de mélancolie. Ahaa, c'est beau! 

Les accords à cordes de "Divague" propulsent un folk magnétique, cadencé par une batterie roulante et le ronron de la basse. L'ambiance me rappelle les 'Violent femme' mais le chant de Cécile est tout sauf violent, tout juste un peu plaintif dans ses ornements au bout du compte. Pourtant 2 guitares complémentaires se font des politesses tout en traçant un chemin plutôt euphorique parsemé de vagues au piano. 

"La dame" d'expérience souffle dans une trompette, accompagnée à la guitare acoustique, ce qui ne l'empêche pas de chanter lentement avec une voix frémissante qui se dédouble.
 

De la source à la mer, nous voici au bout du voyage sur ce flot, pas du tout mainstream. Attentif aux détails, délicat dans l'expression, ce courant finit par t'emporter et en même tant te retenir par son magnétisme.
En réponse à mes questions préliminaires, ce sera donc 'Encore' et 'Caresses' qui prévaudront. 

 

 

1.Le Décor 04:35
2.Faux - sembants 03:10
3.La frime 03:05
4.Ma liberté 03:44
5.Je m'ennuie 01:37
6.L'ennui 02:45
7.Ilan Darey 01:35
8.La marche 04:10
9.Tout près 03:21
10.Meteo 03:38
11.I Believe In Love 01:55
12.Divague 04:29
13.La dame 03:21