RAIN CHECK - Rain check LP 2022
Album Review
RAIN CHECK - Rain check LP 2022
Pour la p'tite histoire, cette dénomination désigne un ticket de remplacement en cas de prestation reportée pour cause météo (pluie) notamment.
'No rain' 'No rain' fonctionne à la brasserie Distoufer de Guingamp, sans eau (comme la boucherie ahaa, merci Tintin) mais avec de la bonne bière, le vendredi 6 Septembre pour la venue du groupe découvert quelques jours plus tôt.
On en profite pour rattraper notre retard, leur premier album datant déjà de 2022 et le second étant en préparation.
On dira que notre review, tardive, vaut notre 'raincheck' à nous!
2 gars de Douarnenez (Attention présence d'un filon rock!) se rencontrent en 2019 et commencent une collaboration fructueuse en termes de compositions.
Brendan De Roeck, guitares et claviers, le plus expérimenté, a fait du "Bobby & Sue" entre 2006 et 2018, accompagne Mick Strauss (ex-Moriarty), et rockabilise avec Gasoline.
Raphaël Gouvy, voix guitare et claviers, chante au sein du folkeux KOTO dont on retrouve des traces dans Rain Check ('écoutez 'Restless heart' https://youtu.be/w22lbbbA_Kg).
On parle donc ici de grands espaces et d'influences américaines et californiennes telles que Crosby, Stills Nash, ou Dan Folgelberg.
Et touchés par la grâce de la voix, on pense inévitablement à des artistes comme Jeff Buckley ou Steve Forbert.
D'autres formations frenchy récentes prennent la même direction avec d'énormes qualités : Tiger and the Hommertons ou Coastal Run.
Sur la pochette (photo prise par Erwan Dimey), on trouve les 2 musiciens, dos à dos, l'un négligemment adossé et l'autre assis, tous 2 dans 2 pièces séparées par une cloison.
Les fringues sont classes et la coupe nette. Les hommes, opposés, ne regardent pas dans la même direction et pourtant...
Pourtant l'entente musicale est criante... de douceur.
'All That's Worth' démarre au picking par des arpèges en boucle et la voix, éthérée, adhère comme sur une toile d'araignée.
Une trompette bouchonne au loin. Un ange passe. Le chant, précieux, va jusqu'au bout de ses cordes.
Une histoire de confiance perdue où seule la douleur reste tout ce qui compte.
L'intro dans les cordes de 'Falling' associe une guitare acoustique en arpège et slide électrique plaintive.
On se prend un air américain en pleine face. Le son s'étend dans de grands espaces où subsiste encore l'écho.
Et le chant, tout en retenue, parcourt, suavement cette étendue.
Des notes de guitare électriques enveloppent l'ambiance d'une grande sérénité de 'Baby don't' pourtant l'inverse du texte 'Don't treat me so coldly'.
Le chant prend ce même état d'esprit et la batterie vient tranquillement marquer le mid-tempo.
L'orgue, malgré la finesse de la couche, fait monter la température qui finit par entrainer une moiteur sensuelle.
La guitare, qui, déjà, lâchait quelques pointes excitantes, libère son feeling sur un solo sublime. Grand moment!
Un piano électrique invite une rythmique au rebond groovy et à la basse élastique.
Le chant, parfois maniéré dans les aigus, se promène magnifiquement.
'Friends And Lovers' dissipe ses bonnes ondes musicales au contraire des textes plein d'amertume.
'Without a sound' en comporte, heureusement! Toutefois, une atmosphère pleine de lassitude règne sur ce morceau dépouillé.
2 guitares délicates tapissent le paysage, l'une, égrenant un cycle de quelques notes, l'autre, électrique, dispersant ses harmoniques.
Raphaël n'a plus qu'à poser sa voix touchante dans un parfum bucolique.
'River' coule fluide et jamais ne force. Guitare/Chant seuls au début puis vient l'entremêlement de 2 guitares légères.
Peut-être le morceau le plus folk du disque avec des paroles perplexes.
Le final s'emballe, toutefois, avec un tambourin et une stomp box, accompagnant un solo euphorique qui rappelle les belles heures de CSN(Y).
'Will you be sorry'... 'when I die' entrainerait bien quelques sanglots avec son picking fragile.
Heureusement, sur le refrain, des accords brossés et une voix sautillante allègent le ton.
Rythmique et chœurs finissent même par apporter un peu de joie à l'enterrement.
'Is it a crime', très éloigné de Sade (ils ont du l'entendre celle-là!), fait figure de tube.
La guitare vibre avec force sur une rythmique passant du trot au galop.
Le clavier, souligné par une basse ronde et une batterie discrète, sonne en effets doorsiens.
Les choeurs en 'ouhouh' gonflent le côté catchy du morceau délicieusement chanté.
La remarquable mélodie de 'Daydream island' innonde de bonheur ce titre guilleret, pourtant à propos d'une histoire d'amour qui s'assombrit.
Rythmique sautillante et guitare harmonisent, sans accroc, avec un chant caressant.
La partie centrale, aussi sobre que raffinée, fait passer un frisson.
'Get away' projette, en vaporisation, ses gouttes de guitare parfumées par une tonalité vocale poétique évoquant l'hésitation et la fuite.
La chanson s'éteint doucement comme un coucher de soleil sur la mer.
Mariage d'un chant hors normes et d'une guitare hors-pair, ce disque vaut de l'or.
On peut lui décerner une médaille pour ses qualités musicales et troubles émotionnels.
Depuis, Damien Gadonna, l'excellent chanteur multi-instrumentiste de Red goes black, contribue à la délicatesse du groupe en trio.
Et question frissons, pour les gars de Douarnenez, c'est les doigts dans le nez!
Chèquez (oui, ils prennent les chèques aussi!) et ne manquez pas leur passage près de chez vous!
1.All that's worth 03:41
2.Falling 03:13
3.Baby don't 06:05
4.Friends & Lovers 03:57
5.Without a sound 03:29
6.River 03:53
7.Will you be sorry 03:02
8.Is it a crime 03:43
9.Daydream Island 03:22
10.Get away 03:44
Damien Gadonna réalisation artistique et mixage.
Guests
Ludovic Fechant batterie,
Gregory Ralec basse,
Jérémie Elis trompette.
Pierre Le Roux Choeurs