Octavian Winters - EP ‘The Line or Curve’ 2023
Album Review
Octavian Winters - LP ‘The Line or Curve’ 2023
Tout débute fin 2021 à San Francisco, lorsque le batteur canadien Randy Gzebb et le guitariste Stephan Salit se revoient pour un contrat d'édition de leur ancien groupe Thrill of The Pull.
Tant qu'à signer, ils improvisent ensemble sur de nouvelles sonorités qui les incitent à inviter Ria (Amenti) Aursjoen, chant et claviers, à se joindre à leur projet.
Naturellement, ils bouclent la formation avec leur ancien partenaire Jay Denton à la basse.
Compte-tenu du contexte live limité à cette période, le groupe décide de composer lors de sessions studio et d'étoffer avec le producteur William Faith (Faith and the Muse, The March Violets et The Bellwether Syndicate).
Quant au style, hésitent-ils pour intituler l'EP, 'The line or curve'?
On retrouve ce symbole et cet intitulé, en écriture manuscrite blanche, sur la pochette dont la particularité réside dans les graffitis ésotériques, dessinés sur un fond bleu ciel.
Ria souffre de synesthésie, une maladie rare dans laquelle les sens se chevauchent. Elle perçoit le son sous forme de structures visuelles, de couleurs et de textures.
'The Line or Curve' fait référence à la symbolisation, généralement constituée d'une géométrie de lignes et de courbes.
'C’est aussi une métaphore du choix que nous avons de notre vision du monde' commente-t-elle.
Ses textes, poétiques, gravitent géométriquement autour d'émotions en lien avec la déconnexion humaine.
En tous cas, les artistes ont faim de musique alors ils démarrent, avec appétit, par 'Ondine', un plat consistant d'emblée.
Consistant à quoi? A des ondes énergétiques!
La guitare projette, par éclairs, ses arcs qui viennent ondoyer la surface d'une étendue liquide d'où émerge Ria, la sirène à la voix éthérée.
L'évaporation forme des nuages confortables sur lesquels on flotte...
Flotter? Oui, l'eau arrose copieusement ce titre, pour nous laver de toutes impuretés probablement.
Question rythmique, c'est à la vitesse d'une douce brise que les nuages dodus dérivent... Des rives... alors, c'est forcément au bord de l'eau que l'on dine.
Quel enchantement!
L'intro de 'Undertow' laisse Randy accélèrer légèrement les frappes sur la batterie, harranguée par la basse tonitruante de Jay.
Une nouvelle fois, la guitare de Stephan foudroie la mélodie que les claviers brumisent.
Le chant euphorique de Ria, par instants enveloppée de vocalises aériennes, apporte beaucoup de bonheur surtout sur le refrain vraiment emballant.
Et l'eau coule, à nouveau, de source à travers ce titre, puissant, signifiant 'reflux'.
Une basse, aussi sombre que profonde, rappelle Joy Division, plus encore avec la batterie pesante.
La différence se fait dans le cristal de guitare, carillonnant parfois, et dans la voix d'ange.
Les notes se jouent détachées, créant beaucoup d'espace et de résonance.
Bien que la mélodie traine tristement, le refrain, fluide, développe une emphase paradisiaque, je dirai même 'Surreal'.
On entre plus franchement dans le genre gothique avec 'Velveteen'.
L'atmosphère évanescente et le riff d'entrée font penser à certains titres de The mission.
La basse, ronde et pleine de réverb, caracole en tête entrainant dans son sillage la batterie tambourinante. La guitare rayonne, prenant aussi, sa part de réverb.
La voix de Ria, plus basse et plus brumeuse qu'à l’accoutumée, se fait lascive sauf sur le refrain où, émulsée par des chœurs, elle déborde en shoegaze.
Au final, les carillons sonnent carrément, au sein de la nébuleuse 'Nébula'. Le rythme s'impose là, lent et lourd.
Le synthé laisse tomber, en pointillés, quelques gouttes éclaboussantes et la guitare vaporise.
Le chant se dédouble, les lignes vocales se soulignant, se croisant ou se suivant avec effervescence.
Le morceau, sombre, s'achève sur des voix de basse que la basse menace.
Le déroulé du disque semble accompagner un pinceau esquissant une gigantesque fresque où viennent s'accrocher chaque titre dans son ambiance symbolique.
Le résultat, clair-obscur, comporte des zones d'ombre, transpercées par la lumière.
Des trous géométriques de darkwave, gothwave, shoegaze... appelez ça comme vous voulez, mais pas d'hésitation, la vague écumante est claire et nette et surtout éblouissante.
TRACK LIST
1. Ondine
2. Undertow
3. Surreal
4. Velveteen
5. Nebula
CREDITS
All songs written by Octavian Winters except 'Nebula', written by Ria Aursjoen
Ria Aursjoen - Vocals / Keyboards
Stephan Salit - Guitars
Randy Gzebb - Drums
Jay Denton - Bass
Recorded at OW studios San Francisco, CA
Vocals recorded by Mark Pistel, Room 5 Recording, San Francisco, CA
Mixed and mastered by William Faith at 13 Studio, Chicago, IL
Produced by Octavian Winters and William Faith
Artist photos by Dina Marie Robinson
Eric Olson - Design
Recorded in San Francisco by Mark Pistel (Meat Beat Manifesto, Consolidated) at OW Studio and Room 5 Recording, this EP was produced by Octavian Winters and William Faith (The Bellwether Syndicate, Faith and the Muse, Christian Death, The March Violets),
whose credits include Jarboe, Clan of Xymox, Bootblacks and Autumn, Faith also mixed and mastered the album at 13 Studio in Chicago.