NO PAIN NO PAIN - Radiance LP 2025
Album Review
NO PAIN NO PAIN - Radiance LP 2025
Pourtant loin des guignols dont la marionnette de Chirac se lamentait 'Putain 2 ans!', les musiciens de No Pain auraient pu monter d'un cran avec 'Putain 3 ans!', le temps qu'il leur a fallu pour pondre cette rondelle. Fin de Covid, début d'enregistrement en Corrèze (une grange d'Argentat, jolie ville touristique)... non mais j'le crois pas, le département de Chirac!
Ils décident de séparer la séance 'd'enregistrement des cymbales et celle des futs (merci pour les précisions de Thomas mené 'A la baguette' par Cécile ici : https://shows.acast.com/alabaguette). Pourtant satisfaisante, ça restera juste une expérience, puisque beaucoup plus tard, ils reprennent tout dont 10 jours de drums au studio Faune (à saint-Uniac dans le 35).
Un personnage pose pour la pochette, en tenue noir de Kendo, capuche et masque de protection doré sur un fond flou de gratte-ciels aux fenêtres allumées. Un côté urbain que l'on retrouve sur le clip de 'Radiance' (réalisé par Antoine Quevarec).
Ils gravent 8 titres dont on a eu un avant-goût (genre apéro avec 3 morceaux) au filage de résidence à Bonjour-Minuit en Octobre 2024 (https://www.concertmonkey.be/reports/no-pain-no-pain-filage-de-r%C3%A9si...). On les fait défiler dans l'ordre qu'ils se sont certainement fait chier (Chirac, Chirac!) à établir.
'Radiance' porte bien son nom, irradiant par tous ses pores. Une douce trame à la guitare, en début de chemin, rapidement parsemé de cailloux de plus en plus gros sur un tom basse. La guitare s'enflamme alors, sophistiquant son riff, pendant que la rythmique roule vivement. Un synthé épaissit les bordures et le ton monte crescendo vers ton cerveau. L'excitation arrive à son comble lorsque la plage s'arrête en apesanteur. Une touche au clavier ravive doucement la flamme, soufflée par un synthé pour atteindre finalement l'embrasement avec des explosions qui proviennent de partout. Wouah sacré voyage au milieu d'étoiles!
On connait 'Almaa', déjà publié, confiné en 2020, et interprété sur scène mais comme le précise Thomas, les compositions sont souvent retravaillées. L'ouverture fait sonner la gratte en écho sur les cymbales seules. Un synthé à la jm Jarre repeint le ciel en noir cosmique. Les motifs de batterie sont toujours très travaillés, à la fois carrés, roulants et vivants, pas simple pour Thomas. Un passage grave dans les cordes, sous les coups de boutoir des baguettes, semble raconter une histoire tragique s'échappant vers des cris de guitare devenant ensuite humains. Le vaisseau file ensuite à la vitesse de la lumière pour atteindre son but.
Un accord apaisé (chill) ouvre 'Icarus' puis surprise... les voix de SBRBS (des voisins) se greffent au morceau qui change de forme. La surprise se prolonge par le ton de ces voix, en particulier celle de Marie, plus haute qu'à l'habitude et réellement appropriée à l'ambiance presque planante. Le niveau de son descend progressivement pour s'éteindre tranquillement, semant un trouble impatient d'un nouvel envol.
Pourquoi 'Argenta'? Même s'il manque le 'T' qui te téléporte près de la Dordogne, tu sens la rivère s'écouler entre fluidité et soubresauts... Soubresauts réguliers sur un riff répété et des flas sur les toms arrosés de crachin synthétique qui finit par ressembler à des chœurs. 'Une fulgurance... le titre le plus solaire' de leur propre aveu.
'Cilaos' débute sur des frottements de cordes, bassement accordées, et des frappes lourdes, caisse claire/grosse caisse, parfois ponctuées à la cymbale. Puis une deuxième couche de guitare, comme un coup de sang, élève le ton pendant que le synthé couche sa rétro-wave. Le morceau alterne accalmie et éruptions volcaniques. Puis le son d'orage s'éloigne et s'éteint lentement.
Une boucle électro, parcourue de trépidations, puis rejointe par une seconde épaisseur et bientôt des arpèges de guitare, construisent un couloir introductif à 'Ereiib'. Lorsque les guitares enragent sous une alarme synthétique et que la batterie s'installe, on sent qu'on est entré dans le vif du sujet. Un bref passage, dépouillé, conduit à une ample orchestration, rythmiquement pesante, et qui s'achève sur un écho prolongé par quelques notes guitare/clavier.
On avait déjà entendu 'Lhassa' parlé/chanté par Pierre Bourdonnec de Merzhin (l'une des autres formations de Baptiste Moalic). Totalement réarrangé sur le disque, le titre se veut moins tellurique et plus rampant et menaçant.
Sur 2 lignes de guitares discrètes, la voix s'exprime poétiquement, presque chuchotée d'abord puis d'un coup plus granuleuse. Les synthés pulsent alors une respiration lourde et la voix hurle. La cadence, doucement marquée, ramène un chuchotement grave puis retour au cri de douleur entre glace et braise.
Un arpège en boucle, ponctué par un ronflement, établit un premier contact avec 'Jungles'. Puis un riff épais, claqué par la batterie, prend l'espace, parcouru de pointes de claviers. Comme sur tous les morceaux, la richesse sonore rassasie l'oreille qui cherche les détails et la moindre couche de clavier ou de guitare. Le pattern rythmique s'installe méticuleusement et permet aux autres instruments de s'envoler dans une boucle synthétique envoûtante. Une fois de plus, ce sont d'éclatantes images du cosmos qui nous viennent à l'esprit.
'On ne sait pas chanter!'... on n'a pas de confirmation, on n'a pas entendu les essais mais vous savez crier ou faire appel à d'autres par procuration. Bien que ça s'appelle No Pain No Pain, vous ne bégayez pas en tous cas!
Vous déroulez votre phrasé musical avec beaucoup d'indépendance, de liberté et de fluidité. Citant EZ3kiel et Archive (y'a pire comme influences), proches dans l'esprit, vous développez votre propre identité, lumineuse, qui ne devrait pas s'éteindre de si tôt. NO PAIN Président!
Tracklisting
1-Radiance
2-Almaa
3-Icarus
4-Argenta
5-Cilaos
6-Ereiib
7-Lhassa
8-Jungles
enregistré au Studio du Faune et au Studio Adrénaline, mixé par Léo Bodenez.
Guitare / Machines / Voix : Baptiste Moalic
Batterie / Voix : Thomas Kerbrat
Guitare / Machines / Voix : Thomas Legros