MMUURR - LP "A vendre" 2023
Album Review
MMUURR - LP "A vendre" 2023
Voici un trio élastique de Liège, hautement chocolaté, forcément... des liégeois (ahaa téléphoné non?).
On aurait pu s'attendre à se les prendre dans la gueule en bon death metal vu qu'ils s'appellent MMUURR en doublant chaque lettre... sauf que le calcul s'ajuste plutôt sur un Math-rock qu'ils ont mis 'A vendre', pour intituler leur 1er LP.
La tournée qui s'en suit s'appelle 'A louer', l'humour toujours l'humour!
Ils s'y sont mis à 3 à partir de 2020, au début du confinement (ils se connaissaient déjà par le collectif 'Honest House') pour construire un truc de ouf que j'écoute depuis un moment mais ma chronique n'était pas mûre...
C'est pas ma faute, mais le guitariste de MMUURR s'appelle Philippe ben... Masson!
Heureusement ses compères ne s'appellent pas truelle ou ciment... déjà qu'un de leur ancien groupe se nomme Casse Brique!
En plus du fameux Philippe, au chant et guitare, on a 2 autres francs pas Masson (pour un sou) :
Julien Conti Basse, claviers, samples, vocales et guitares additionnelles et Jean François Tasiaux (non, j'ai pas dit tasseaux!) batterie et voix.
T'as remarqué, ils s'y mettent à 3 pour chanter, et on ne peut pas dire que MMUURR ... mure.
J'ai l'impression de retrouver ici l'origine d'XTC, un rock discordant et excité que l'on détecte aussi plus récemment chez It It Anita, MNNQNS, Lysistrata, Totorro... que du beau monde!
Un très joli arpège introduit "Enemy Propaganda", ach piège! La batterie vient tout fracasser d'un coup et même de plusieurs, alors que la basse s'ébat.
La voix fait montre de belles intentions puis se lâche sur les mots du titre. Un stop and go par un son de voix passée à la radio vintage puis quelques notes de guitare s'évanouissent.
Je connaissais 'Squonk' de Genesis voici 'Stonck' qui n'a rien à voir, c'était juste pour dire. Une guitare diffuse des notes dissonantes.
Le chant s'emporte, heurté, au premier plan d'une petite ritournelle obsédante au clavier alors que la batterie s'énerve toujours autant.
Des chœurs bouillonnent avant des claquements rythmiques qui libèrent un solo de guitare sec.
Un roulement pour annoncer un numéro de cirque, puis la guitare joue les équilibristes entre les frappes en contretemps à la batterie.
Un forcené crie 'Yeah yeah yeah' qu'on a envie de suivre en sautillant comme un pantin désarticulé sur un petit solo délié.
La tension monte d'un cran et la basse vrille dans un 'Bongo fever' effervescent et enivrant.
Tiré par une guitare stridente et caoutchouteuse, "The Expectation Of Nothing" opère par rebonds, la batterie alternant frappes lourdes et plus légères sur un bloc de percussion.
Des voix crient et s'exhortent entre elles. La composition, en ruptures constantes, évolue vers des riffs tendus tels des ponts au dessus du vide.
2 guitares se répondent l'une hurlante, l'autre crissante puis le chant suit cette surexcitation dans un moment de folie où la sueur goutte.
Un motif tournoyant au clavier lance 'Eyes of fear' marqué fermement. Une guitare strie le chant à plusieurs voix et la basse vrombit.
Un second clavier saccade avant de prendre des intonations électros. L'orchestration fait monter une tension envahissante qui captive l'attention.
Une plage époustouflante!
L'enchainement sur un riff binaire, nu à la gratte, maintient l'attention d'autant que le chant se montre considérablement impliqué.
Ensuite, la batterie ne relâche pas son étreinte ni la puissance de ses coups. Ce 'Face to face' impressionne et régale en même temps avec un solo de guitare furieux.
Un morceau explosif!
'Swallow' repart de plus belle sur un riff saccadé, soutenu par une batterie changeante. Le chant reste énervé. Peu de moment de répit dans tous ces titres pêchus!
Et puis voici un nouveau riff rebondi et entêtant pour ouvrir 'Royal Redneck'.
Un tapis percussif vient faire trembler le sol au point que le chant a du mal à se faire entendre.
Puis le train change de voie pour nous semer avant le retour à ce riff obsédant puis une orchestration finale puissante.
Mais comment font-ils pour rester à ce point à fond?
La rythmique demeure à l'honneur sur 'Bubble Double' aux percussions électroniques au départ puis de plus en plus dermatologiques.
Une boucle au clavier s'accroche un instant comme un instrument jouet. Les voix s'y mettent à plusieurs avec beaucoup de variété.
On se perd mais on se retrouve toujours avec un plaisir constant.
'Sombre' prend une tournure orientale à l'intro. Chœurs, gratte et cymbales démarrent seuls, puis la batterie vient uppercuter la mélodie où la basse se met à gronder.
Je dois reconnaitre que je me suis pris un mur mais un mur du son aussi alléchant (car le mur c'est frites! Fallait que je la place celle-là!) que dansant (un parquet alors?)!.
Vive et inventive, la musique du trio devient jubilatoire à force de tourner frénétiquement et sans limites.
Jamais la tension ne se relâche, apportant une énergie farouchement partagée. Ensorcelés, on sort sonnés, désarçonnés, ébouriffés mais toujours debout!
Bref, tu peux acheter!
TRACKLISTING
1. Enemy Propaganda 04:16
2. Stonck 03:52
3. Bongo Fever 03:58
4. The Expectation Of Nothing 03:54
5. Eyes Of Fear 03:28
6. Face To Face 02:56
7. Swallow 03:44
8. Royal Redneck 03:22
9. Bubble Double 04:07
10.Sombre 04:44