CONSPIRACY OF BLACKNESS LP 'Pain Therapy' 2023
Album Review
CONSPIRACY OF BLACKNESS LP 'Pain Therapy' 2023
Le groupe italien débute en 2008 publiant, 3 ans après, 2 heavy Eps -rimés car la formation a beaucoup évolué depuis.
L'album "CONSPIRACY OF BLACKNESS AND RELATIVE AFTERMATH" ou C.O.B.R.A (leur nom originel) crache son venin en 2016 puis suit une restructuration pour un retour sur scène et la préparation de nouveaux enregistrements.
Grazia Riccardo, restée fidèle depuis le début, déclare : " 'Pain Therapy' was born from disappointment, from the need to denounce everything that damages the human soul and destroys the world."
Line-up actuel
Antonio Bortone, guitare
Grazia Riccardo, voix
Andrea Caliri, basse
Francesco Salerno Batterie
En cette époque de plans climatiques (malheureusement parfois sur la comète, dans la réalité), les turinois dénoncent, par leur nom, charbon et sidérurgie traditionnelle et proposent un métal plus reluisant.
Leur son, à base de puissance symphonique, sans accentuer le côté opératique, mêlé à des pointes électros, rappelle la fin des 90's et des références comme Theatre of tragedy, Lacuna Coil, Evanescence ...
Le disque parait début 2023, remis en lumière grâce à sa récente réédition par leur nouvelle maison de disque, une deuxième ligne de thérapi(r)e en quelque-sorte.
Une belle pochette, aux tons bronze, affiche le haut du corps, nu, d'une femme à 2 têtes, frappées à leur intersection par le bec d'un oiseau maléfique à corps féminin et ailes de chauve-souris.
Sur fond de ciel tourmenté, un gros insecte, intriguant, vole devant la bouche hurlante du personnage. La vengeance de la nature sur une humanité bipolaire?
L'écriture du nom complet du groupe jouit d'une belle esthétique.
Blackness, pain, conspiracy... vérifions si noir c'est noir sur la rondelle...
Le démarrage, par la plage 'Oblivion', se fait de façon très atmosphérique avec de scintillants claviers dans une brume inquiétante et une batterie au son électronique cadré.
La voix, chuchotée d'abord, prend des allures envoutantes ensuite et on comprend vite que sa qualité va peser dans la balance.
L'enchainement, fondu vers 'Collapsed', avec ses synthés électros, présente une ambiance métal-symphonique contemporaine des plus agréables.
Un déferlement nous emporte dans une mélodie chatoyante. Le riff, gonflé par la basse métallique, capte l'attention. La force de la tessiture vocale éblouit carrément.
Les contours marqués par la rythmique basse batterie font headbanguer et sur le refrain, on entend une épouvantable expiration bestiale.
La cohérence se confirme à l'entrée de 'Welcome death' avec ses bruits électros sur des guitares sous accordées et une voix soudain expulsée dans un grognement qui souffle le froid.
Les guitares sonnent en rebonds métalliques. Le registre vocal de Grazia impressionne par sa grâce et ses possibilités multiples notamment lors de surprenant hurlements de folie.
Tiens, un piano permet de souffler... moins fort, une douce ouverture pour un timbre féminin.
'The Bride Of Ash' serpente dans des territoires passant du dépouillement aux enluminures riches.
La rythmique dessine un mouvement allant de la souplesse organique à la dureté de roche où une guitare s'écorche dans des notes aiguës.
Les rebonds amples de la cadence, installée en entrée de 'Bones', laissent forte impression. Les guitares font plus que griffer, lacérant les lignes musicales.
Le chant de Grazia maitrise beaucoup de tonalités, flirtant avec une voix de cantatrice ou descendant profondément dans les graves, allant même jusqu'à saccader par des effets électros destructeurs.
Elle résiste et conduit la mélodie sur un chemin chaotique où l'instrumentation fait bloc.
L'intro de 'Afterlife', smashé par la rythmique, laisse filer quelques notes sonnantes et trébuchantes au piano.
Les guitares montent des murs très solides sur lesquels, le chant se pavane avec facilité.
On suit avec plaisir la mélodie mid-tempo conduisant à un passage au chœur orchestral et l'enchainement proposé par la double pédale pour une double voix féminine.
C'est un son électronique cristallin et percussif qui ouvre de façon menaçante 'The Moth'.
Le son des guitares, sous accordées, confirment ce pan sombre jusqu'au refrain à la mélodie, lumineuse et accrocheuse, portée par un timbre puissant.
Nos oreilles se délectent de ce passage harmonieux, débouchant, la seconde fois, sur des riffs de guitares comme des marteaux piqueurs.
Le final met en valeur le chant gorgé d'émotions qui s'éteint sur un fin gimmick électronique.
Le riff de 'Rise', gravement épais et vif, arrive progressivement, giflant des vocaux légèrement brouillés.
La progression des accords s'élève vers des sons de guitares très aigus où la voix culmine, avant retour à la gravité.
Sur la même dynamique, débarque 'Last man standing' dans un tempo lourd, invitant souvent la double-pédale et les cymbales à la fête.
Les riffs zébrés parcourent chaque instant de la composition. L'épisodique grognement, fantomatique et effrayant, surgit par surprise.
On capte, un instant, des incantations soutenues par des chœurs s'apparentant au grégorien.
Le chant féminin, versatile, prend parfois de l'épaisseur, se dédouble, se cache, se fond et termine avec une voix angélique, vibrante, sur une brume céleste au clavier.
Grazia confie entrainer ses cordes vocales au chant saturé pour les prochaines compos déjà ébauchées.
La bonus track "Con Il Nastro Rosa", au chant en italien, tranche avec le reste, laissant une guitare percuter ses harmoniques et le côté industriel dominer.
Il s'agit d'une reprise musclée d'un morceau pop de 1980 de Lucio Battisti.
Voici un disque particulièrement solide et homogène jusqu'à la durée même des morceaux.
La cohérence comprend un son massif et une instrumentation d'orchestre sans aucun réel solo.
On s'y sent chahuté, comme un fétu de paille, dans une tempête de riffs punchy.
Cerise sur le fétu, les vocaux de Grazia nous donnent encore plus envie de rester secoués par la bourrasque.