CARPET - Collision LP 2024
Album Review
CARPET - Collision LP 2024
Je connaissais 'Carpet crawler' (Genesis) pas 'Carpet collision', tout aussi inspiré (on peut parler d'Inspiral Carpets'!) et perché, tant il est vrai qu'une collision de tapis volants reste plutôt rare de nos jours, ce moyen de transport étant particulièrement sécurisé.
Non, je n'ai pas fumé la moquette, j'ai bien compris que CARPET nomme le groupe.
Eux aiment bien délirer puisque leur précédent album de 2018 (le 4è) s'intitulait 'About Rooms And Elephants', vaste sujet de débat pour les européennes...
Thème animalier qu'on retrouve sur la pochette du dernier disque, séparée nettement en 2 parties horizontales, un ciel bleu, peu nuageux, en haut, un troupeau tronqué de rhinocéros s'approchant d'un point d'eau... en bas.
Le projet allemand démarre en 2009 à Augsburg sous forme d'un album solo de Maximilian Stephan 'The Eye Is the Heart Mirror'.
L'orchestre s'étoffe avec un album en 2013 'Elysian Pleasures', puis ils attendent 2017 pour dévoiler 'Secret Box', enfin 'About Rooms and Elephants' (où comment rentrer 4 éléphants dans une 2 CV, blague antédiluvienne) sort en 2018.
Ils s'y mettent à 6 avec risque de manque de place et donc de collisons :
- Maximilian Stephan / guitars, Synthesizers, Mellotron, lead vocals
- Jakob Mader / drums, percussion
- Sigmund Perner / Fender Rhodes, Roland Juno, Hammond organ
- Hubert Steiner / bass
- Martin Lehmann / trumpet, flugelhorn
- Maximilian Wörle / percussion, backing vocals
On pénètre dans une ambiance cosmique dès les premières secondes avec des ébullitions synthétiques (planètes) autour d'une ligne de guitare fluide (étoile filante).
On croit planer sous la lune mais 'The Moonlight Rush' (plutôt que 'Moonlight drive' choisi par the Doors) change très vite de parcours avec un beau riff sur un rythme à syncope.
La voix, très agréable, suit les modulations sinusoïdales. Un délice, ces arrangements riches en parfums progs avec une trompette jazzy lointaine et pourtant prenante!
8 minutes sans aucun ennui, les vagues musicales variant fréquemment et éclaboussant le final d'embruns vivifiants avant de lécher l'extrémité de la plage.
Un voyage grandiose!
De balancement dans les premières secondes, 'Dead Fingers' passe à une cadence régulière avec le boom boom tchack de la batterie.
L'orchestration pétille de claviers protéiformes traversés par le souffle de la trompette. La basse étire les rebonds. Le chant se laisse porter.
Au 3/4 du titre, le bouillonnement instrumental laisse la trompette barrir. Un éléphant ça trompe énormément!
Ici sur 'Ghosts', la batterie roule, en attendant le décollage d'une guitare laser sidérante.
Elle reste très présente lorsque l'instrumentation se dépouille, laissant filtrer quelques notes au clavier et une basse dodue.
Difficile de décrocher de la ligne principale de guitare. Lorsqu'une seconde gratte vient croiser le fer pour un solo, c'est carrément l'apothéose.
'P is for Parrot' évolue par à-coups, comme entrainé par une aspiration irrégulière.
Toujours aussi flottante, la voix donne parfois de l'écho ou s'éloigne.
La partie centrale, presqu'en apesanteur, ralentit et se désagrège progressivement, bordée par un mélotron essoufflé et répétitif.
Puis, les guitares lumineuses viennent redonner du peps et relancer la machine à rêves.
Un nouveau riff délicat (déc)ouvre 'Passage'.
Encore un solo de guitare vigoureux, pour traverser ces nuages cosmiques, bien soutenu par une basse caoutchouteuse.
Les arrangements virtuoses captivent à tout moment. Quelle puissance!
C'est un motif rythmique finement ciselé qui démarre 'Lost at sea'.
Sans forcer, le chant prolonge, au bout des phrases, la note diaphane dans la dissipation de l'onde instrumentale.
La trompette se manifeste par petites touches éparpillées. Alors, la voix se délite dans une boucle atmosphérique qui prend de l'épaisseur.
'Cosmic Shape Shifter' comporte le mot 'Cosmic' ad-hoc et qui pourrait entrainer la réponse 'Yes' tant on peut penser à cette référence prog.
Entrée théâtrale, avant de poser une ligne mélodique régulière et entrainante. Le chant n'hésite pas à planer sur les claviers ondulés et les zébrures de guitare.
La composition prolonge ce plaisir d'écoute sans stress variant la puissance dans sa traversée intersidérale de près de dix minutes.
Entre développements alambiqués et fulgurances spontanées (quoi un pléonasme?), la musique de Carpet impressionne et transporte.
7 morceaux dont la durée totale (dépassant à peine 45 minutes) permet d'éviter les longueurs fréquentes de ce courant musical.
La progression instrumentale semble naturellement fluide comme une rivière, n'évitant pourtant pas les soubresauts, mais coulant inexorablement vers la mer.
Un disque 'wunderbach'!
Songs / Tracks Listing
1. The Moonlight Rush
2. Dead Fingers
3. Ghosts
4. P is for Parrot
5. Passage
6. Lost at Sea
7. Cosmic Shape Shifter
Recording and mixing Engineer Maximilian Wörle
Mastering Dimi Conidas