Album - Nothing Sweeter - Julie Arsenault
Album Review
Album - Nothing Sweeter - Julie Arsenault
michel
Label: Son Canciones
singer-songwriter/indie folk
Peu de détails concernant Julie Arsenault, a half- Filipino cat lover, basée à Toronto, on sait qu'elle travaillait chez un pâtissier/boulanger, qu'en 2013, à la suite d'un accident de voiture, elle souffre d'une fracture du crâne , l'argent de l'assurance lui permet d'assouvir son rêve, écrire des chansons et les enregistrer.
Aidée par quelques amis musiciens, elle s'enferme dans un semi-remorque transformé en studio et façonne 10 chansons.
Le résultat est bluffant.
Crée un compte bandcamp, lui souffle un gars, 'The Creature That I Call Myself' voit le jour, plus tard l'album sort officiellement sur le label de Barcelone, Son Canciones.
Ce premier jet devient un album culte, même si les ventes ne sont pas faramineuses.
En 2016, Julie s'entend sur un album de LUKA ( Luke Kuplowsky), ensuite deux EP's sortent, 'Softness' ( 2017) et 'Mom Rock' ( 2018), fin 2023, elle lâche un second full CD, ' Nothing Sweeter'.
Tracklist:
"Womanhood" ·
Start Again ·
Homeschool ·
Where I'm Sitting ·
Nearer ·
Riverdale Bridge ·
Tiny Beam of Light ·
Light One Up.
The band:
Julie Arsenault - vocals, guitar
Aaron Comeau - piano
Anna Horvath - BG vocals
Charlotte Cornfield - keys, pads
Evan J. Cartwright - drums, nylon strings
Graeme Moffatt - bass guitar
Sam Gleason - guitars, organ, synths
& Sam Tudor - BG vocals
Cover portrait painted and photographed by Stefan Berg.
Image naïve d'une jeune personne contemplative qui, à l'instar de Bernadette Soubirous, a aperçu la Vierge.
'My womanhood', d'une voix douce, harmonieuse, caressante presque, Julie nous décrit la féminité telle qu' elle est probablement envisagée par le patriarcat: veiller au ménage, gagner de l'argent, s'occuper de son intérieur... mais elle a des choses à prouver et il y a des trucs qui l'énervent ( sans se mettre à ruer dans les brancards): le gouvernement, les gosses des voisins qui jurent comme des charretiers, cela lui prend la tête, c'est comme si on l'avait plongée dans une piscine dans lequel l'eau est remplace par du ciment.
La chanson est introduite à la guitare, la voix, proche du timbre d'Angel Olsen ( on conseille le titre 'Forever Means'), murmure son texte, avant l'entrée en piste d'un piano, suivie d' une élévation légère du ton, les percussions, elles, demeurent discrètes. L'orchestration gonfle en vue du terme, sans qu'il soit question d'ornementation excessive ou de prétention.
Les mêmes riffs de guitare entament le folky et mélancolique 'Start again' , le scénario vocal et les interventions au piano se répètent aussi et pourtant, l'auditeur reste attentif et assiste, impuissant, au découragement et à l'accablement qui se sont emparés de la jeune personne, ... I find it hard to motivate myself to brush my teeth. I know I must smile despite the pain that’s hiding underneath...
Une manière imagée de dépeindre la dépression et le mal de vivre, elle poursuit... If my existence is truly this pointless then why bother singing?...
Qui va l'encourager, l'empêcher de commettre l'irréparable?
Ah, un sursaut pour terminer sur une note moins sordide: I will wake up early tomorrow and we can make a brand new start, again!
On enchaîne sur la piano ballad 'Homeschool' portée à bout de bras par Aaron Corneau ( The Skydiggers, July Talk, Arkells...) , la voix frémissante, chevrotante, de Miss Arsenault se pointe, elle se mue en maîtresse d'école donnant des cours particuliers à une personne à laquelle elle aimerait enseigner comment la chérir, comment lui faire confiance...
Cette jolie valse est ennoblie par le solo de guitare transcendant de Sam Gleason (Ptarmigan).
'Where I'm sitting' s'avère musicalement plus percutant en jouant la carte country rock /americana. Quant au propos, Miss Arsenault relate quelques tracas du quotidien: à la station de métro .. Slot in the turnstile it ate my token It was the least of my first world problems I blew the whole thing out of proportion... quand tu ne te sens pas bien dans ta peau, le moindre désagrément peut sembler pire que la fin du monde, heureusement, comme dans pas mal de films américains, il y aura a happy ending.
Une pointe d'optimisme fleurit sur 'Nearer', un morceau presque apaisé, truffé d'une imagerie allégorique ( le coquelicot perdant ses pétales, c'est digne d'une toile de Monet) et interprété d'un timbre friable, le tout étant greffé sur une orchestration minimaliste , avec percussions feutrées, piano décontracté, accords de guitare évoquant le spleen de Mazzy Star et choeurs délicats.
Une balade sur le 'Riverdale Bridge', above the Don River à Toronto?
T'as pas la trouille de chuter dans la flotte, moi, je suis guérie et puis... There is really nothing sweeter than the sun reflected on the river...
Mélancolie, insouciance et une forme de sérénité, de zénitude même, transperce au travers de cette gentille mélodie qui la voit accepter la vie.. I’m so glad I chose to live..., au placard les idées noires et les pensées suicidaires.
Et si on dansait, une valse pour oublier la tristesse, Françoise?
Ecoute,' Tiny Beam of Light',... It’s summertime, time to look on the bright side...
Même les âmes les plus pessimistes sont sensibles aux premiers rayons du soleil et puis il y a la guitare qui t'invite aux songes les plus romanesques.
Aussi beau que 'River Waltz' des Cowboy Junkies ou que toutes les valses imaginées par Leonard Cohen.
Une guitare acoustique ciselée entame la dernière plage, 'Light One Up', la fin du processus d'acceptation de soi: .... You can call me an idiot, I don’t give a shit, I am brilliant.... chanté sans élever la voix.
Un bel album, d'une lenteur bénéfique, on te le déconseille si t'es du genre survolté et impatient , par contre, si tu ne crains pas de t'embarquer pour un trip émotionnel et introspectif, on te le conseille vivement.