Album - Jeff Beck / Tim Bogert / Carmine Appice › Beck Bogert Appice Live / Live in Japan 1973

Album Review

Album: 
Album - Jeff Beck / Tim Bogert / Carmine Appice › Beck Bogert Appice Live / Live in Japan 1973
Artist: 
Beck, Bogert, Appice
Record Label: 
Epic Records
Style: 
blues hard rock
Date: 
27/02/2025
Reviewed by: 
Mitch ZoSo Duterck

Beck, Bogert, Appice : « Live » (EPIC EICP-30024-6) Remastered

 

Si vous voulez découvrir à quoi pouvaient bien ressembler les grands albums en public estampillés « Seventies », alors, ce « Live » de Jeff Beck, Tim Bogert et Carmine Appice enregistré au Kosei Nenkin Kaikan d’Osaka les 18 & 19 Mai 1973 est vraiment le vinyle qu’il vous faut.
Le BBA, comme tous les power trios de l’histoire du Rock est un super groupe tricéphale, sorte de cerbère invincible qui a vu le jour sur les restes déchiquetés de formations plus importantes dans lesquelles ils finissaient par manquer d’espace pour s’exprimer et se retrouvaient très vite au bord de l’asphyxie. Le dénouement était à chaque fois le même, règlements de comptes par articles de presse interposés, et surtout, les interviews, autres terrains de discorde où les journaleux n’hésitaient pas à en remettre une couche pour faire monter la sauce et vendre leurs papiers incendiaires. Et, dans la foulée, la maison de disque sortait sans perdre de temps, un ultime album ou un « Best Of » et enfin, le dernier musicien sortait en claquant la porte, « bam !» salut, basta. Le sort en était jeté.

Bien entendu, avec une popularité pareille sur le marché, il n'y avait aucun problème pour trouver des partenaires susceptibles de convoler en justes noces. Comme par magie, abracadabra et hop, un nouveau band qu’on portait déjà au pinacle de la musique sans qu’il ait prouvé quoique ce soit, jaillissait du chapeau de producteurs-spéculateurs plus ou moins honnêtes qui avaient immédiatement flairé tout le potentiel commercial de la chose. Il fallait viser juste et deviner combien de temps la nouvelle formation allait tenir la distance ? Les paris étaient ouverts, les statistiques partaient sur une durée de trois ans. Dans la série des super trios de l’époque, je vous livre gratuitement et à domicile, quelques noms de groupes éphémères composés de stars. The Jimi Hendrix Experience, Cream, Rory Gallagher, Robin Trower, Grand Funk Railroad, Hot Tuna, James Gang et Motörhead pour ne citer qu’eux. Même si par la suite certains ont migré vers des formations plus étoffées, c’étaient au départ des trios.
Mais revenons à ce live tellement représentatif de son époque. J’ai volontairement omis de vous entretenir du « Made in Japan » de Deep Purple qui est tout bonnement hors-concours. Pourtant, à mon humble avis, le BBA est plus sauvage, plus brutal, plus direct car moins "produit". C’est un album puissant dans lequel on sent un Jeff Beck assassin et rageur, toujours prêt à lâcher les fauves. Ecoutez « Lady » vous m’en direz des nouvelles, ce titre est une tuerie à lui seul. L’ex Yardbirds y fait montre d’une véritable fusion avec sa guitare qu’il sublime, élevant chaque note au rang de diamant brut.
Perpétuellement à la recherche des nouveaux sons, de nouveaux effets, il teste et expérimente, sans relâche.
Chose assez rare pour être signalée, sur le titre « Black Cat Moan » c’est Jeff Beck, le natif de Wallington (Angleterre) qui occupe le poste de lead vocaliste. Il nous gratifie même d’un passage à la « talk box », littéralement : la boîte parlante, pour un clin d’œil au titre « You Shook Me » de Willie Dixon.
La talk box est généralement reliée à un amplificateur pour augmenter le signal reçu. Elle dispose d'un petit haut-parleur relié à un tube en plastique. Le son de l'instrument est envoyé par le tube dans la bouche du musicien, et la talk box agit comme un filtre qui modifie le signal reçu en fréquence du son. Le musicien contrôle la modification du son de l'instrument en modelant différemment la forme de sa bouche en fonction de ses besoins. Le son produit est ensuite capté par un microphone.
C’était trois ans avant que cet objet étrange ne soit popularisé par Peter Frampton qui en deviendra grand consommateur, notamment sur des titres tels que « Show me the Way » et « Do You Feel Like We Do » sur son double album « Comes Alive ».
Ce BBA « Live » ne coupe pas non plus à la tradition des soli de basse et de batterie au cours desquels John Voorhis « Tim » Bogert III, natif de New York City va nous démontrer non seulement ses qualités indéniables de power bassiste, mais aussi de chanteur soliste et seconde voix, capable d’atteindre des hauteurs peu communes pour un vocaliste masculin, d’autre part. Quant à son comparse New Yorkais (Brooklyn) Carmine Appice, lui aussi expatrié du groupe Vanilla Fudge, l'hommme en noir ne devra même pas forcer son talent pour prouver ses qualités exceptionnelles de batteur de classe mondiale. Cette section rhythmique faisait partie du top cinq aux côtés de celles de Led Zeppelin, de Deep Purple et des Who. J’ai volontairement laissé les spots n° 4 et 5 ouverts afin que chacun puisse y inscrire le nom de ses petits préférés. Au niveau intensité, charisme et puissance c’est l’album indispensable, un des dix à emporter sur une île déserte.
Ce live est d’une intensité peu commune et j’ai personnellement opté pour la version double CD en pressage japonais éditée pour le 40ème anniversaire car elle offre un concert complet et en séquence, le tout avec le soin du détail typiquement nippon.
Bonne écoute.
Mich « ZoSo » Duterck
Au niveau intensité, c’est l’album indispensable, un trésor du Rock à emporter sur une île déserte.

 

Superstition 5:12
    Lose Myself With You 10:35
    Jeff's Boogie 3:25
    Going Down 3:25
    Boogie 4:53
    Morning Dew 13:52
    Sweet Sweet Surrender 4:30
    Livin' Alone 6:10
    I'm So Proud 5:42
    Lady 6:07
    Black Cat Moan 9:18
    Why Should I Care 7:18
    Plynth/Shotgun (Medley) 5:40