Album - Cunningham Bird - Andrew Bird and Madison Cunningham
Album Review
Album - Cunningham Bird - Andrew Bird and Madison Cunningham
michel
Wegawam Music Co & Verve Label Group.
Americana/Folk rock/Indie
1973, avant de rejoindre la mouture américaine de Fleetwood Mac, Lindsey Buckingham et Stevie Nicks gravent leur unique album studio sous leur nom: 'Buckingham Nicks'. Le couple se connaissait depuis l'aventure Fritz Rabyne Memorial Band, un groupe qui n'a jamais officiellement enregistré de disque, mais étant donné la notoriété post split de Lindsey Buckingham et Stevie Nicks, un best of Fritz (1968- 1971) en deux volumes, s'écoute désormais sur Spotify.
Plus de cinquante ans après la sortie de 'Buckingham Nicks', un album cruellement ignoré par le staff promotion de chez Polydor, qui se vendra bien grâce à quelques disc-jockeys d'Alabama, qui le passaient à longueur de journées sur les stations de radio locales, Andrew Bird et Madison Cunningham décident de le réinterpréter à leur sauce.
Andrew et Madison se côtoient depuis pas mal de temps, celle qui en 2022 décroche un Grammy Award pour son troisième album 'Revealer' , prête sa voix sur plusieurs albums du singer-songwriter de l'Illinois ( ex Squirrel Nut Zippers et Quality Six), on l'entend sur Hark, My finest work yet et Inside problems.
En avril dernier, Andrew Bird sortait un album de reprises jazz ( "Inside/Outside Problems") sur lequel il chantait, e a, Duke Elligton, Cole Porter ou Rodgers & Hart, Madison n'était pas de la partie.
Tracklist: Cunningham Bird:
01 Crying in the Night
02 Stephanie
03 Without a Leg to Stand On
04 Crystal
05 Long Distance Winner
06 Don‘t Let Me Down Again
07 Django
08 Races Are Run
09 Lola (My Love)
10 Frozen Love
Credits:
Andrew Bird: vocals, violin
Madison Cunningham: vocals, acoustic guitar
Mike Viola: acoustic guitar, piano, keys, bass guitar, drums, percussion.
Griffin Goldsmith: drums and percussion
Si la pochette de l'album de 1973 frappe les imaginations, car le photographe Jimmy Wachtel ( artwork pour e a Bruce Springsteen, Bob Dylan, Joe Walsh, Warren Zevon, Graham Nash .. et des dizaines d'autres) avait demandé au duo de prendre la pose torse nu ( ça n'avait pas trop plu à Stevie Nicks), sur Cunningham Bird, les protagonistes sont nettement plus sages.
La photo, un noir et blanc, les voit assis sur un tabouret, Andrew fixe l'objectif, tandis que Madison, pensive , les mains posées sur les cuisses, a le regard tourné vers la gauche, contemplant, peut-être, l'oiseau dans la cage.
L'artwork quadrillé peut faire penser à la pochette de 'More Songs About Buildings and Food' de Talking Heads, signée par le punk art photographer Jimmy De Sana.
Sur la platine, go..
'Crying in the night', une composition de Stevie Nicks qui sur l'album de 1973 est dominé par une guitare acoustique aux reflets Laurel Canyon, la voix presque enfantine de Stevie se colle sur une instrumentation folky.
Chez Cunningham/Bird, l'accent est mis à la fois sur les belles harmonies vocales, dignes des Beach Boys ou des Carpenters, la voix de Madison étant aussi limpide que celle de Karen Carpenter, Andrew reste légèrement en retrait, et sur les voltiges au violon d'Andrew, qui alterne jeu majestueux et pizzicato.
Le pizzicato pointilliste entame ' Stephanie' , à l'arrière Madison nous la joue en picking.
Le violon d'Andrew part en lament tandis que le précieux gazouillis de la demoiselle semble émerger du brouillard.
L'instrumental conçu par Lindsey Buckingham pour une certaine Stephanie Lynn Nicks prend ainsi d'autres coloris .
A l'écoute de la version originale de “Without a Leg to Stand On” on comprend l'idée des rescapés de chez Fleetwood Mac, ils ont sérieusement insisté pour incorporer Lindsey Buckingham et Stevie Nicks dans leur nouvelle formule.
Sur le remake, Andrew et Madison, tantôt alternent les vocaux, tantôt harmonisent, guitare acoustique et violon transforment la plage en sixties pop song aux arrangements élégants.
'Crystal', une imparable ballade que l'on doit à la plume de Stevie Nicks, avait déjà été reprise par Fleetwood Mac sur l'album 'Fleetwood Mac' de 1975, le morceau est devenu un classique.
La lumineuse version de 2024, portée par le timbre cristallin et pétillant de Madison, n'a pas à rougir face à l'original, au contraire elle doit refiler la chair de poule à tous ceux qui admirent Simon & Garfunkel, Angus et Julia Stone ou les Wevbb Sisters.
De la magie pure!
Dès le départ la relation entre Stevie et Lindsey aura été tumultueuse, dans "Long Distance Winner", ..tu me fascines mais you're too hot to touch et, puis, tu veux toujours gagner... le titre, très rock, repose autant sur la voix de la belle Stevie que sur les riffs endiablés de Lindsey, sans oublier que le producteur Keith Olsen avait fait appel à quelques pointures, dont Jim Keltner aux drums.
Si la version proposée par Andrew et Madison est moins saignante, elle ne manque pas d'atouts. L'accent, une nouvelle fois, repose sur les harmonies vocales, tandis que le violon évoque ' Eleanor Rigby' des Beatles.
Chez les futurs Fleetwood Mac 'Don't let me down again' sonne comme un titre turbulent des Doobie Brothers , Madison et Andrew ont gardé l'esprit rock pour transformer le titre en folk rock/rockabilly avec des touches Electric Light Orchestra ou John Dummer's Famous Music Band., une réussite!
'Django', le jazz manouche composé par John Lewis du Modern Jazz Quartet, sert d'interlude aussi bien dans le monde de 1973 que dans celui du 21è siècle , la différence apparaît dans l'instrumentation, une guitare pour Lindsey, un violon pour Andrew.
Comme si Django avait fait un clin d'oeil à Stéphane Grappelli.
... Races are run, some people win, some people always have to lose... chantait Stevie Nicks, avec la voix de Lindsey en backing, d'un timbre nasal sur ' Races are run' .
Pour Christine McVie, le meilleur titre de l'album!
Andrew et Madison ont opté pour une intro ample, avant d'entendre Andrew pincer les cordes du violon, avec l'acoustique à l'arrière, après 20 secondes Madison lance les vocaux, elle est rejointe par la voix mâle quelques instants plus tard.
D'un ton nonchalant la plage, empreinte de mélancolie, s'éloigne passablement de la version initiale, elle prend quelques libertés. Déjà la voix de Madison présente un caractère plus velouté et la mise en évidence du violon, joué en staccato, ajoute un brin de fraîcheur aux arrangements subtils .
Chez les neo Fleetwood Mac, le bluesy ' Lola' ( my love) orné d'une fingerpicked guitar, d'un banjo, et d'un drumming rectiligne, sent bon les swamps, Bird et Cunningham ont opté pour un côté country folk, dominé par la voix souple de la douce Madison, ( elle aurait beaucoup plu à Clint Eastwood) , le violon ajoutant une pointe de mystère sur un morceau, où les percussions jouent en sourdine.
'Frozen Love' une des pièces maîtresses de l'album de 1973 avait tellement impressionné Mick Fleetwood que son index a fait tourner le cadran rotatif du téléphone pour appeler Stevie et Lindsey et leur proposer de rejoindre le Mac.
Cette pièce épique faisait plus de sept minutes, chez Bird et Cunningahm on en reste à 4:43, et c'est peut-être le seul titre qui reste en retrait par rapport à la version originale.
Ce gentil folk sentant bon les British folk bands des sixties ( Fotheringay, Steeleye Span ou les oubliés Trees , on recommande ' Polly on the shore' ), met un terme à un projet surprenant, qui au final s'est avéré une réussite notable.