AIRBAG - The century of the self LP 2024

Album Review

Album: 
AIRBAG - The century of the self LP 2024
Artist: 
AIRBAG
Style: 
PROG
Date: 
01/09/2024
Reviewed by: 
NOPO

AIRBAG - The century of the self LP 2024

Un trio norvégien sort son 6è album (son premier datant de 2009 et son précédent de 2020):
Asle Tostrup – vocals, keyboards and programming,
Henrik Bergan Fossum – drums,
Bjørn Riis – guitars, bass, keyboards and backing vocals

Ah mais c'est pas tout! Ils doublent la dose :
Kristian Hultgren – bass on Dysphoria & Tear It Down,
Ole Michael Bjørndal – guitar on Dysphoria, Tyrants And Kings & Tear It Down,
Simen Valldal Johannessen – keyboards on Tear It Down

Et alors me direz-vous? C'est comme la crise de foie de mon chat (chi c'est pochible!), tout le monde s'en fout sauf cha mère!
Pourtant Airbag charme jusqu'à chavirer tout en chagrinant.

Le titre de l'album donne le thème centré sur soi, l'image numérique que l'on peut renvoyer et l'isolement qui peut en découler.
La pochette, spartiate, choisit le rouge sur le noir pour mettre en avant une croix d'annulation telle une rayure plus qu'un sparadrap.

Le climat musical s'inscrit dans un rock prog, proche de Pink Floyd ou King Crimson voir un peu d'Anathema pour l'émotion.
Airbag-naude plus qu'il ne bagarre, dispersant des ondes sensibles sur le duvet de la peau.
 

Ouverture au goutte à goutte avec 'Dysphoria'. Un riff sobre et répétitif, suivi d'un motif métronomique à la batterie, gonfle une boule d'amertume en fond de gorge.
Le chant apporte une tranche de vie tristounette. La basse ronde, en itération, arrive très tardivement après l'évaporation d'un nuage de synthés.
Il faut attendre au moins 3 minutes pour la première explosion orchestrale de courte durée. Le ronronnement cafardeux reprend de plus belle.
La seconde maintient l'emphase plus longtemps avant d'entrer dans un couloir crépusculaire et crimsonnien.
Le ton s'apaise avec une ambiance particulièrement cosmique qui fait la part belle aux boucles de la basse et aux envolées de la gratte.
Un truc digne des plus belles heures prog des 70's, sublimé par un son d'une grande netteté.

'Tyrants and kings' offre un paysage sonore éclatant avant de s'écrêter sur une grosse basse batterie, roulante à souhait et d'une précision robotique, en appui du chant.
Au 2è tour, une couche de claviers caresse la trame mélodique. La guitare électrique déchire l'horizon, tirant des arcs étincelants. On entend parfois le renfort d'une seconde corde.
La voix, faussement fragile, se taille une place de roi par des lignes remarquablement harmonieuses. 'Set me free, set us free' correspond pleinement au ressenti.
La gratte s'allonge en réverbérations ou brille dans un style gilmourien. Epoustouflant de maitrise, plein d'émotions néanmoins!

'Awakening' correspond parfaitement à un réveil progressif, bercé par des accords mélancoliques délicats à la guitare acoustique. D'autres, en leur temps, se sont arrêtés à 'Awaken', yes!
Mais là, on se sent plus proche de Pink Floyd surtout avec l'apparition d'une guitare électrique vaporeuse qui s'ouvre ensuite aux grands espaces.
Quant à la basse, elle prend le temps de respirer et la batterie travaille le mid-tempo avec habileté. Le clavier, lui, agit avec légèreté en brumisateur.
La voix... lactée... facile mais en même temps, on a envie de tourner les yeux vers le ciel avec bonheur en l'écoutant : "Wake up and feel again".

D'entrée dans 'Erase', on se prend une basse monocorde angoissante et hypnotique dans les oreilles! Avec la batterie, l'orage menace d'autant que la guitare zèbre le ciel d'éclairs au fond.
Un air de musique électronique brumeux, rappelle Tangerine dream jusqu'à l'arrivée de la voix.
Le chant conserve sa sérénité, calme et aérien. Steven Wilson ne le contredit pas complètement sur 'Hand Cannot Erase'.
Le clavier, jamais loin, opère par touches véritablement effleurées, soulevant des riffs ardents sur les cordes.
Au milieu, un passage, très sombre, menace par des voix lointaines, avant d'élargir la voie pour un solo enflammé sur le thème principal...

Le leitmotiv, en douces percussions nues, met en route 'Tear it down' bien vite transporté par des bulles au clavier.
La ligne vocale dirige magnifiquement la mélodie, tout juste coloriée par un son de piano, bordé d'arabesques au e-bow sur les cordes.
Il faut passer les 3 minutes pour se remplir d'un refrain comme une vague euphorique.
Puis la guitare prend de nouveaux airs gilmouriens dans l'espace ouvert. Le tracé reprend son cours au départ, avant de lâcher un nouveau refrain fiévreux.
Alors, la basse, grave et mélodieuse, construit une assise stable d'où décolle un solo aérien, progressivement cerné d'arcs cosmiques.
Un silence permet de retrouver le souffle initial avant de changer de direction.
Dans un rythme calme, l'entremêlement claviers, cordes de guitares et de basse, gonfle en un long crescendo d'une harmonie astronomique éblouissante, remontant le long de l'échine.
L'arrêt abrupt, après 14 minutes, n'en est que plus déchirant.

 

Désolé mais Airbag ne manque pas d'air, au point qu'il nous coupe le souffle!
Captivant de bout en bout, ce disque ne se dégonfle pas en prenant son temps et en limitant ses notes pour toucher les zones sensibles.
Attention, une écoute répétée conduit à une accoutumance protectrice difficile à annuler! Une merveille d'oreiller musical!

 

1.Dysphoria 10:38
2.Tyrants and Kings 06:47
3.Awakening 06:44
4.Erase 07:50
5.Tear it Down 15:00