Bruxelles est belle quand Louise anime les goulots

Quand Edith chante boulevard Anspach, rue du Culot

Quand Charles traîne sur nos avenues nationales

Quand moi je peine aux petites heures matinales

Bruxelles se réveille..

Tu parles, Bruxelles est défigurée depuis qu'elle a été abandonnée aux mains de fossoyeurs véreux,  de polichinelles corrompus et incompétents, qu'ils se nomment Yvan Vivaqua ou Pascal Brussel is een hoer, ils ont réussi à transformer la capitale en chantier permanent, obligeant ses enfants à déguerpir, les commerces à dépérir, les investisseurs à l'oublier.

Jeff, Jan, François, Hubert, Koen, Louis, où êtes-vous... pas dans les transports en commun en tout cas, ni sur les artères/tranchées menant à la Bourse, qui sont tous ces gens qui te dévisagent comme si c'était toi le pas d'ici, l'intrus, l'allogène... heureusement, il reste quelques îlots à l'ancienne, tel l'Archipel, qui ce soir programme Wük!

Wük, tu dis:  Das Wiener Übereinkommen über konsularische Beziehungen?

Fais pas le malin, et n'évoque pas la cuisine de Canton, Wük est né à Gand en 2017 et vadrouille dans un univers postrock qui devrait intéresser les amateurs de Mogwai, Explosions in the Sky, God is An Astronaut, Russian Circles ou  We Stood Like Kings, bref comme le disent les organisateurs du Dunk Festival: postrock is nog niet dood et c'est ce que pensent Roos Van Moortel ( gt)  | Wim Clapdorp ( gt) | Bart Depoortere, ex-Thou ( bs) et  Kurt Herman ( drums).

Ils ont choisi Bruxelles pour la prerelease party  de leur album baptisé 'Wük'. 

Il est 20:40', t'as avalé deux ou trois mousses en devisant avec Pipou et Walter, sans prévenir le quartet entame son trip planant par ' She's a one trick dancer'.

Tous les critères sont présents, un soundscape  au démarrage lent, à texture répétitive, puis une progression plus mouvementée, des entrelacs de guitares reposant sur un fond rythmique robuste, insidieusement le groupe te conduit vers un climax sonore qui te transporte dans un  univers différent .

Après cette plage avoisinant les huit minutes, un des barbus s'adresse aux consommateurs: Goeienavond, wij zijn Wük uit de Gentse Chinatown la suivante est intitulée 'On the lookout for the chimney sweeper'.

Tu te prépares à essuyer un amas de suie, donc tu protèges ton verre avant de suivre les aventures spatiales du ramoneur.

Quelques effluves Ennio Morricone pour entamer le trip, de vagues relents 'Astronomy Domine' avant le bal de guitares caractéristique, Wük nous tient en haleine jusqu'au terme de la besogne du sweeper.

Les clients se demandent s'il faut applaudir car Roos et les  barbus ont déjà embrayé sur 'Only the beachmaster wears thongs at work'.

On ne sait pas s'il avait enfilé son bikini rose. 

Assis sur le bord de la piscine, les pieds ( sans thongs) à l'eau, tu médites comme le Penseur de Rodin, tu crois entendre une voix en sourdine narrer un truc incompréhensible, soudain Kurt sonne le glas,  de vagues remous secouent les flots, ce changement de direction ne nuit guère au voyage et c'est sans encombres que l'on atteint le terminus.

Wim: 'Joint Venture'!

Quelques sifflements admirateurs en provenance d'un enthousiaste ponctuent la plage suivie par ' Flowers tend to bite me in the morning', 

Tu pensais à Baudelaire, mais ses fleurs n'étaient pas carnivores.

'The kitchen got too hot for the groom' est une nouvelle compo, confie le porte-parole.

Bocuse se tire et c'est avec le titre ouvrant leur album, 'Postrock powernap' que Wük achève un set ayant captivé une bonne partie de l'assistance!

Le 16 mars à Ledeberg, 'In De Ruimte', un espace culturel dont le nom sied parfaitement à l'ambient proposé par Wük.