Vóden à la Médiathèque du Cap, Plérin, le 1 juillet 2022

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About: 
Vóden à la Médiathèque du Cap, Plérin, le 1 juillet 2022
Artist: 
Vóden
Date: 
01/07/2022
Venue: 
Médiathèque du Cap
Place: 
Plérin
Your Reporter on the Spot: 
Michel Preumont ( texte & photos)

Vóden à la Médiathèque du Cap, Plérin, le 1 juillet 2022

 

michel

 Basé en Bretagne, Vóden réunit Marguerite Lersteau au nyckelharpa et David Sévérac à la vielle à roue. 

La médiathèque du Cap à Plérin invite le duo pour un concert, intime et gratuit, le vendredi premier juillet.

Un public curieux , relativement nombreux, a répondu présent à l'invitation, et s'installe  sur les sièges disposés au fond de la bibliothèque.

Marguerite Lersteau  et David Sévérac  pointent le bout du nez avec un léger retard et pendant cinq bonnes minutes s'attellent à l'accordage de leurs instruments hybrides et  fragiles .

L'un  d'origine suédoise, mais fabriqué par le luthier mirecurtien Jean-Claude Condi ( Mirecourt se trouve dans les Vosges, la patrie de l'épinette),  et l'autre, le hurdy gurdy, comme le chantait Donovan,  petite-fille de l' organistrum, apparaît en France dès le 10è siècle.

Marguerite confesse s'être mis assez tard à la musique traditionnelle,  elle avait débuté à la guitare et chantait du folk avant de découvrir le nyckelharpa.

David avait débuté par le piano avant de s'intéresser aux percussions (darbouka, bendir, riqq...),  à la vielle à roue et aux kavals.

Le duo, dont le répertoire est basé sur des traditionnels scandinaves ou des chants populaires des Balkans, a enregistré l'album 'Polskanitsa', l'an dernier, le Covid ayant freiné leurs prestations scéniques.

Silence religieux pendant les préparatifs et soulagement général lorsque Marguerite lance une première plage, ' Koukounoudha'  (Κουκουνουδα)  , un air populaire originaire de Thrace du Nord.

A ses pieds traîne une shruti-box qu'elle actionne grâce à un pédalier, ses dix petits doigts étant requis pour manier le nyckelharpa.

Sur fond de bourdon lancinant, la mélopée prend forme, d'une main elle gère un archet glissant sur les cordes, la seconde main tapote les différentes touches du clavier, patiemment, David attend son heure, il fait tourner la manivelle de son instrument archaïque et la mélodie prend des accents orientaux, typiques de Thrace du Nord, région qui fut ottomane dans un passé pas si lointain.

Avez-vous remarqué la rythmique asymétrique à sept temps?

Euh!

Les femmes dansaient  sur ce morceau en tenant une mantilla en main et ne touchaient jamais leur compagnon.

Alors que la setlist annonce "Finnskogs Pols", Marguerite présente la suivante comme étant une polska  suédoise en trois temps,   dédiée au coucou,   'Gökpolska', un titre que tu as eu l'occasion d'entendre chanté par les filles de Kongero lors du folk festival de Gooik.

Une nouvelle séance d'accordage  précède un trip vers la Crète pour le morceau 'Kanakista sou tragoudo' ( tendrement je chante), le titre a été composé par Ross Daly et est prévu pour le violon crétois, qui ressemble à la lyre.

Démarrage en forme de berceuse avant une accélération sensible.

La concentration affichée par les deux musiciens est magistrale, leur jeu touche à la magie.

Bon pas moyen de se fier à la setlist, elle est passée au milkshaker.

On suppose qu'ils ont embrayé sur ' Buenek' un air bulgare joué au kaval ( une flûte oblique sans sifflet) et au nykelharpa traité en pizzicato. 

Retour en Scandinavie pour la lente 'Långdans' proche du menuet .

Instant didactique pour nous expliquer le rôle du chien sur la vielle à roue, non, il n'aboie pas!

Tout ça pour introduire ' Cerberus', une composition lancinante , d'inspiration balkanique,  de David Sévérac.

Ils enchaînent  sur une  suite démarrant en Suède  ' Vals Efter Håkan Johansson' , un traditionnel du Småland, il  se fond sur la 'valse de la balançoire' écrite par Marguerite.

David a sorti une seconde flûte oblique de son étui pour attaquer 'Yarim Derdini Ver Bana', ((Ma bien-aimée, donne-moi ta peine)  une mélopée originaire d'Anatolie.

Ce sera le seul titre chanté ( admirablement par Marguerite) du répertoire.

Pour terminer ce concert courtois, Marguerite propose une de ses compositions baptisée ' Wednes' .

Lyrisme et virtuosité fusionnent magistralement et avant de se quitter les artistes se transforment en  doctes pédagogues pour nous éclairer sur l'histoire, la confection et les matériaux utilisés pour leurs instruments si particuliers.