Tom Petty and The Heartbreakers at British Summer Time Hyde Park , Hyde Park, London, July 9 2017

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About: 
Tom Petty and The Heartbreakers at British Summer Time Hyde Park , Hyde Park, London, July 9 2017
Artist: 
Tom Petty and The Heartbreakers
Date: 
09/07/2017
Venue: 
Hyde Park
Place: 
London
Your Reporter on the Spot: 
Mitch "ZoSo" Duterck - Texte - Photos

Tom Petty and The Heartbreakers at British Summer Time Hyde Park , Hyde Park, London, July 9 2017

 

Line Up :

Tom PETTY : Vocals - Guitars
Mike CAMPBELL : Guitars
Benmont TENCH : Piano
Scott THURSTON : Piano, Guitars, Backing Vocals
Steve FERRONE : Drums
Ron BLAIR : Bass
Charley WEBB : Backing Vocals
Hatty WEBB : Backing vocals

Setlist :

01. Rockin’ Around (With You). (“Tom Petty and The Heartbreakers” - 1976)
02. Mary Jane’s Last Dance. (“Greatest Hits” - 1993)
03. You Don’t Know How It Feels. (“Wildflowers” - 1994)
04. Forgotten Man. (“Hypnotic Eye” - 2014)
05. I Won’t Backdown. (“Full Moon Fever” - 1989)
06. Free Fallin’. (“Full Moon Fever” - 1989)
07. Walls. (“She’s The One” Original Movie Soundtrack - 1996)
08. Don’t Come Around Here No More. (“Southern Accents” - 1985)
09. Stop Draggin’ My Heart Around. (Stevie Nicks “Bella Donna” - 1981)
10. It’s Good To Be King. (“Wildflowers” - 1994)
11. Crawling Back To You. (“Wildflowers” - 1994)
12. Wildflowers. (“Wildflowers” - 1994)
13. Learning To Fly. (“Full Moon Fever” - 1989)
14. Yer So Bad. (“Full Moon Fever” - 1989)
15. I Should Have Known It. (“Mojo” - 2010 )
16. Refugee. (“Damn The Torpedoes” - 1980)
17. Runnin’ Down A Dream. (“Full Moon Fever” - 1989)
18. You Wreck Me. (“Wildflowers” - 1994)
19. American Girl. (“Tom Petty and The Heartbreakers” - 1976)

Et nous y voilà enfin : voici l’instant magique que tout le monde attend. Même si je peux vous assurer, sans parti pris aucun, que Stevie Nicks était déjà très attendue elle-même, c’est tout de même Thomas Earl Petty, l’homme de Gainesville, Floride qui est la tête d’affiche incontestée de ce superbe Festival organisé de main de maître. Né le 20 octobre 1950, Tom Petty a traversé toutes les époques et les modes comme par enchantement, sans aucun dommage apparent. C’est pourtant en 1976, en pleine furia Punk, que le blondinet débarque sur le marché et se fait connaître en Angleterre avec son premier album intitulé « Tom Petty and The Heartbreakers ». Chose étrange pour l’époque, il ne va pas déclencher l’ire des disciples de l’épingle à nourrice pour qui le « No Future » est la seule philosophie de vie. Bien au contraire, ses textes intelligents et son rock simple et dépouillé vont gagner le respect des têtes à crêtes, des têtes à claques. Il évitera donc les foudres et autres crachats savamment distillés par une jeunesse désabusée qui  a retourné toute sa rancoeur contre l’Establishment d’une part, et les dinosaures que sont Led Zeppelin, Genesis, Pink Floyd, Black Sabbath et tous les autres grands noms de l’histoire du Rock, le vrai, celui qui dure, d’autre part. Bref, jour après jour, Tom Petty va se forger progressivement une solide réputation de compositeur et de « Songwriter » auprès de ses pairs et le succès va suivre, tout naturellement, jusqu’à le propulser au panthéon des superstars mondiales. Après 23 albums avec ou, sans les Heartbreakers, et un petit détour pour deux opus au sein des «Traveling Wilburys» en 1988 et 1990, en compagnie de ses amis Jeff Lynne, Roy Orbison, Bob Dylan et George Harrison, excusez du peu, notre sudiste à la voix et à l’accent tellement typés, se porte comme un charme.
Il fera même un petit détour par le cinéma où il tiendra le rôle du facétieux « Bridge City Mayor » donnant la réplique à Kevin Costner dans « The Postman » en 1997.

Le concert de ce soir restera à jamais comme une perle à la beauté unique sur le collier des concerts de légende. On l’a annoncé comme étant la seule et unique date en Europe de la tournée « 40th Anniversary Tour » de Tom Petty, rendez-vous compte, et quand j’ai su que ma chanteuse préférée était du voyage, je n’ai pas hésité une seule seconde, le 7 février dernier, j’achetais mon ticket de concert. Etant donné ta curiosité légendaire, Ô lecteur assidu, je vais te brosser le topo de ma journée puisque je ne l’ai pas encore fait jusqu’ici et que je te sais avide de détails.
A 10.30, après avoir retiré mon précieux sésame au point de collecte prévu à cet effet, là où une charmante employée me demande avec un grand sourire aux lèvres, si je veux bien lui donner une preuve de mon ID, je m’achemine d’un pas alerte et néanmoins déterminé vers la porte « the Gate » en anglais, qui me fera accéder au « Golden Circle », le second emplacement le plus convoité du site. Le premier est le « Diamond Circle », mais au vu de la hauteur de la scène, les seuls spectateurs bien placés sont en fin de compte, ceux qui se retrouvent à 1,5 mètre, soit 1,64 yards, devant moi, je t’offre la conversion, nous sommes à Londres, je te le rappelle. Sauf que ces gens-là, ils ont payé beaucoup plus cher que pour pas grand chose, jubile-je intérieurement.

Je te glisse encore un mot à propos des contrôles de sécurité multiples et malheureusement nécessaires auxquels chacun doit se soumettre avant d’arriver à destination. On ne déconne pas avec çà ! Avec tous ces tarés qu’un rien excite et pousse à devenir des martyrs, personne n’échappe aux contrôles, scanners, détecteurs de métaux, palpation pour certains et Palpatine pour les autres, les fans de « Star Wars » me comprendront. Dites les barbus là, on vous a pourtant prévenus qu’il n’y a plus de vierges qui vous attendent depuis que Lemmy est arrivé au paradis? Ça devrait vous calmer ça, hein, dites, franchement? À quoi bon vous faire sauter le caisson en public si au bout du compte il n’y a plus personne à sauter en primeur à l’arrivée?
Bref, une fois les contrôles passés, ma présence matinale et mon sprint légendaire feront le reste. Me voilà au premier rang du cercle d’or, fermement positionné, coudes appuyés sur les barrières séparant à peine les « Golden » des « Diamond ». Maintenant, « Y-a plus qu’à » comme on dit. 

 Ce que j’adore chez les Britanniques (ta mère, d’après certains ressortissants des banlieues) c’est leur bonne humeur et leur fair-play en toutes circonstances. Le « stiff upper lip » c’est quelque chose. Presqu’un art de vivre, et surtout, du laisser-vivre. Après quelques minutes dans cette position dite du pêcheur qui regarde passer l’eau, j’en viens déjà à me demander si mes reins vont tenir le coup pendant autant d’heures à rester debout. C’est le moment que choisit mon voisin de derrière, ce qui dans le cas présent indique sa position géographique par rapport à moi et non pas ses envies secrètes ou non-avouables, mon voisin disais-je, me donne trois petites tapes sur l’épaule droite histoire de provoquer chez moi une rotation à 180° fluide et parfaite dans sa direction. Je m’exécute donc et pivote aisément grâce à l’assistance de mes « Jordan Two » et me retrouve face à un sympathique résident des Cornouailles qui me tend une flasque plate en metal argenté, montrant une hypothétique représentation de Jésus, bras écartés, dans ce geste d’impuissance fataliste du style « je n’y suis pour rien » qu’on lui connaît depuis toujours. Notre homme, (celui de la gravure) barbu et chevelu comme un guitariste de Lynyrd Skynyrd est surmonté d’une inscription proclamant « Holy Water », « Eau Bénite » pour ceux qui ne parlent pas le Grand-Briton. Je sursaute : « Ciel !» me dis-je fort à propos, si ce sujet d’Arthur Pendragon croit me convertir en me vendant sa « Kamelot », il se trompe. Le brave homme anticipe mon refus qu’il asenti germer dans mon regard perplexe. « C’est du Brandy, vas-y mec, c’est du bon, pas de la saloperie faite à base de cerise, non, le mien est fait en Suède avec de l’abricot! » Dans ce cas-là, je ne peux décemment pas prendre le risque de frôler l’incident diplomatique ni refuser d’enrichir mes connaissances en matière d’échanges commerciaux entre les ressortissants des familles Bernadotte et Windsor. Pendant que d’aucuns boulottent, je « goulotte » de mon côté, une solide rasade et ce, sur l’insistance expresse de mon nouvel ami que j’appellerai « Brandy » pour plus de facilités. Il s’y connaît le bougre, il n’a pas menti, c’est délicieux ce truc là! Mais il est quand même vachement tôt, non? Bon, si tu le dis… On discute de Tom Petty qu’il a eu la chance de voir au festival de Knebworth en 1978, etc. Je ne sais pas comment il se débrouillera, mon pote, mais on dirait une source intarissable sa flasque. On aura beau boire toute la journée et la soirée, ça ne s’épuisera jamais! Et ce foutu soleil qui tape comme le marteau de Thor sur des têtes déjà bien remplies de musique et sur des estomacs vides de nourriture. Enfin, on a survécu jusqu’ici, ce n’est pas le moment de capituler comme on dit à Waterloo.

« Ladies and Gentlemen, would you please welcome : Tom Petty and The Heartbreakers » et la clameur immense monte de la foule pour accueillir le héros du jour, venu souffler 40 bougies de scène en ces lieux de légende. Un « Best of » géant, ou presque, va nous être offert pendant près de deux heures. « Rockin’ Around (With You) » ouvre le bal. Dès le second titre, je suis déjà aux anges avec ce « Mary Jane’s Last Dance » titre inédit paru sur le « Greatest Hits » de 1993. Tu te souviens certainement du clip vidéo avec Kim Basinger en superbe morte, non? Bon tant pis alors, continue à t’abêtir avec Indochine. L’accent de la soirée sera résolument mis sur les deux albums blockbusters que sont « Full Moon Fever » et « Wild Flowers » dommage que le superbe « Into The Great Wide Open » ait été ignoré. Mais ne boudons pas notre immense plaisir, car le concert est fabuleux et, étant donné que ce cher public connaît tout et surtout, comprend tout ce qu’il chante, c’est un plaisir plein de frissons que de se joindre à la fête vocale. Longue présentation humoristique mais pleine de remerciements sincères et de respect de Tom à ses musiciens qu’il appelle sa famille, avec une insistance particulière pour les sœurs Webb, ses deux nouvelles choristes, qui ont longtemps travaillé avec Léonard Cohen. Et puis « Boum », soudain… le miracle se produit, Tom Petty demande à son amie Stevie Nicks de le rejoindre sur scène pour interpréter « something we both know ». Ce quelque chose qu’ils connaissent tous les deux, c’est le mythique « Stop Draggin’ My Heart Around » un titre de la chanteuse de Fleetwood Mac auquel notre sudiste a collaboré. On assiste à une page d’histoire car ce duo n’est pas très fréquent, vous vous en doutez, il faut-il déjà que les deux artistes soient à la même affiche, etc… J’espérais ça depuis 1981, mais sans trop y croire en fait, un peu comme une espèce de Graal musical, quoi. Mais ils l’ont fait et j’y étais! C’était aussi beau que d’avoir vu Eddy Merckx dans le Tourmalet en 1972. A côté de moi, une jolie latine se dandine de fort belle manière sur le Southern accent de Tom mêlé à celui de l’Arizona de Stephanie Lynn Nicks. Maintenant je peux mourir! Hé, non, arrête, déconne pas, j’ai encore des trucs à faire avant de partir pour mon grand voyage comme dit Maman.

Une ambiance de fous et des titres intemporels qui te trottent dans la tête pendant des heures et des jours encore. Une communion formidable entre un artiste généreux et son public d’inconditionnels venus entendre une musique et un style indémodables. Que dire encore de « Free Fallin’ », « Learning to Fly », ou encore « Refugee ». C’était énorme, magique et ces deux heures valaient à coup sûr le mal aux reins qui s’est rappelé à mon bon souvenir dès le lendemain matin. Nous sommes tous sortis de Hyde Park en chantant « Free Fallin’ » justement. Des frissons partout et des souvenirs plein la tête. Juste le temps d’avaler un steak au Hard Rock Café, puis, de foncer à la Station de métro de Green Park toute proche où le préposé m’annonce que c’est justement le dernier train pour West Hampstead. Je m’engouffre dans la rame, m’écroule sur la banquette plus que je ne m’assieds et je repense à tous ces moments de bonheur au fur et à mesure que les stations défilent sur la Jubilee Line. A hauteur de Baker Street il me semble entendre un long hurlement. Le chien des Baskerville? Il est vrai que le 221b n’est pas loin d’ici. Me voici enfin dans le calme de mon appartement, fourbu mais heureux. Et ces chansons, ces sourires qui reviennent tout le temps… comme un enfant qui a envie de dire « Kikichose ».

Mitch « ZoSo » Duterck

Tom Petty and The Heartbreakers at British Summer Time Hyde Park , Hyde Park, London, July 9 2017
Tom Petty and The Heartbreakers at British Summer Time Hyde Park , Hyde Park, London, July 9 2017
Tom Petty and The Heartbreakers at British Summer Time Hyde Park , Hyde Park, London, July 9 2017