Sugaray Rayford à La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc, le 15 octobre 2019

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About: 
Sugaray Rayford à La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc, le 15 octobre 2019
Artist: 
Sugaray Rayford
Date: 
15/10/2019
Venue: 
La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc
Place: 
Saint-Brieuc
Your Reporter on the Spot: 
Preumont Michel - texte/photos

Sugaray Rayford à  La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc, le 15 octobre 2019

 

La Passerelle de Saint-Brieuc a repris ses activités culturelles depuis fin septembre, un premier concert blues/jazz était prévu le 15 octobre.

Pas question de manquer la première apparition de  Sugaray Rayford en pays breton.

T'étais pas le seul à avoir imaginé ce dessein, à 20h  le Théâtre Louis Guilloux affiche complet, celui qui désirait un siège dans les premiers rangs n'avait pas intérêt à lanterner, très vite les arrivées tardives doivent se rabattre vers le balcon, en maugréant, pour certains.

20:05', la salle est plongée dans l'obscurité, le public s'immobilise, se tait et attend.

Une ombre prend place derrière la batterie, Lavell Jones, un gars qui a soutenu Neil Diamond, Seal ou Lucky Peterson, a été envoyé en éclaireur, après quelques préparatifs scéniques, il entame la première salve sur un tempo répétitif, un sax le rejoint, from the UK, Aaron Liddard ( Amy Winehouse, Jools Holland, Bob Geldof...), il colle un solo langoureux sur les percussions, puis vient le bassiste, Allen Markel, what a nice town Saint-Brieuc, ( The Insomniacs, Lisa Mann...), dès lors, l'instrumental prend des coloris cool jazz , encore plus prononcés avec l'arrivée de Drake Munkihaid Shining, le claviériste qui a côtoyé Al Green et remplacé, pendant un temps, Jon Lord au sein de Deep Purple, pour finir l'exposé introductif, Alastair Greene ( 8 albums solo et membre du groupe d'Alan Parsons ou de Starship)  et sa guitare rallie l'équipe, qui n'est pas encore au complet...

Un moment drôle, Aaron vient de se rendre compte qu'il souffle depuis 249 secondes dans un sax en ayant  oublié d'y fixer son petit micro, la ballade  vire jazz fusion, ton esprit déterre The Crusaders ou

Spyro Gyra, tandis que la guitare s'enflamme et que les claviers nous la jouent Jan Hammer.

Une trompette, Giles Straw ( Amy Winehouse), pointe le bout du nez, puis le colosse de Smith County, Caron Nimoy Rayford, dans le milieu blues/soul connu sous l'étiquette Sugaray Rayford.

Il a la même stature que Solomon Burke mais il n'a pas besoin d'un fauteuil roulant pour se déplacer, ce gars tient une forme à rendre jaloux tous les Rocky, Lil Buck, Chris Brown ou Fred Astaire de la planète.

A près un bonsoir in French, le winner of a Blues Music Award in the Soul Blues Male Artist Category en 2019 qui a sorti cinq albums à ce jour, tient à nous prévenir, après avoir donné le signal de l'outro aux requins qu'il a embrigadés, ladies and gentlemen this won't be a jazz concert, ce soir on fait la fête, so feel free to dance.

Le lieu ne s'y prête pas trop, mais après 10 minutes, l'athlète aura réussi à transformer le théâtre en boîte de nuit.

Pour les titres interprétés à Saint-Brieuc, on te renvoie vers une interview accordée il y a un petit temps:

I understand you don’t do a setlist...

No, I do not. I think setlists have been one of the worst things that has ever happened to music.  

Effectivement, la soirée est placée sous le signe de l'improvisation.

Extrait de son dernier méfait, 'Somebody save me', il lâche 'I'd kill for you, honey', un swaggering blues/rhythm'n'blues chaud comme les braises de ton dernier barbecue.

Là, on est encore assis, même si nos hanches ont la bougeotte.

Il entame une seconde salve pour arrêter après 26 secondes, no, no, no, ça ne va pas du tout, c'est pas de la musique de chambre, bougez-vous, on te passe son juron, on reprend, mais je vous ai à l'oeil.

Le soul track aux senteurs seventies 'Is it just me'  porté par des cuivres bouillants a réussi à faire danser une vingtaine d'abonnés, du coup, le bonhomme, suant et souriant, descend dans la fosse pour serrer quelques pinces.

La suivante trempe dans les mêmes eaux poisseuses, elle débute par l'apostrophe...hey, Mr Pitiful... mais il ne s'agissait pas du titre d'Otis Redding, mais bien de  'Dark Night of the Soul', une plage   de son dernier cd.

Je te décris ma copine, ' Big legs, short skirts', il nous mime un pas de danse à la James Brown, tandis que la guitare d'Alastair dégouline, il n'en faut pas plus pour voir 90% de la salle debout.

Heureux comme un gosse, l'armoire à glace balance une dizaine de colliers bling bling dans les gradins.

Puis il avise l'éclairagiste, please, turn this light off, j'ai l''impression de subir un interrogatoire au bureau de police, avant d'entamer un blues lent chanté d'une voix caressante, c'est certain elle ne dira pas non à son invitation ... come and rub my back...

Retour aux sonorités Motown purulentes ( 'Grits ain't groceries') poussé par une méchante wah wah , puis une reprise de Bill Whiters,  'Who Is He (And What Is He to You)'.

Mesdames, Messieurs, mes musiciens  peuvent tout vous jouer.

De la country?

T'as entendu, Alastair, envoie!

Arrête, nous sommes en France pas à Nashville.

Du reggae?

All rude boys, these French lads...

Assez plaisanté, à toi maestro et c'est  Drake qui joue et chante 'Comfortably numb', du Floyd.

Choix étrange, mais version étonnante avec Sugaray assurant des backing vocals vibrants.

Retour au blues bondissant avec ' Time to get movin'  et pour se calmer, suivez le guide, let's go to the 'Southside of town'.

Quant à lui, il n'a pas pris la direction du midi mais bien celle des sommets pour venir chanter son blues sensuel aux rangées du haut, à la plus grande joie des dames tombées amoureuses de son timbre enveloppant.

Il rejoint  ses complices, s'assied sur le bord de la scène, intime l'ordre au sax et à la guitare de l'imiter et c'est parti pour une suave adaptation, toute personnelle de 'Don't answer the door' de BB King, les choeurs ... baby, that's the way I feel...  sont assurés d'abord par ses complices puis par la salle entière.

Un grand moment de communion!

Un coup d'oeil à la Rolex, fichtre, on joue depuis plus de 90', Saint-Brieuc, on peut encore en interpréter deux.

En commençant par un voodoo boogaloo à l'aveuglette ' Blind Alley' suivi par la présentation des artificiers,  truffée d' un instant comique lorsqu'il se trompe d'identité pour l'un des British.

Il hésitee pour l'ultime morceau.

Pour rire on a droit à 60 secondes de ' Car Wash' de Rose Royce puis il opte pour Otis Redding ' The Dock of the bay'.

En vitesse il nous balance le soul funk torride ' Take me back' avant le salut final.

Saint-Brieuc le rappelle une première fois, il revient, seul, pour interpréter a capella ' What a wonderful world' .

Ils ne sont qu'une poignée à avoir pris la direction de la sortie, les autres insistent et la compagnie rapplique pour attaquer ' Don't regret a mile' débutant par les paroles bibliques... ashes to ashes, dust to dust... un titre digne de Marcin Gaye, suivi par un ultime blues à t'arracher des larmes.

Plus de deux heures de show, de la chaleur, de l'authenticité, du punch et de la bonne humeur, que demander de plus?

Du soleil, dehors, c'est la pluie qui t'accueille!

 

 

 

Sugaray Rayford à la La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc, le 15 octobre 2019
Sugaray Rayford à la La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc, le 15 octobre 2019
Sugaray Rayford à la La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc, le 15 octobre 2019