Roger Waters au Sportpaleis- Antwerpen, le 11 mai 2018 par Mitch Duterck

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About: 
Roger Waters au Sportpaleis- Antwerpen, le 11 mai 2018 par Mitch Duterck
Artist: 
Roger Waters
Date: 
11/05/2018
Venue: 
Sportpaleis
Place: 
Antwerpen
Your Reporter on the Spot: 
Mitch « ZoSo » Duterck - Texte et Photos

ROGER WATERS Sportpaleis, Antwerp (BEL) - 2018.05.11

Setlist : Part I

1. Introduction.
2. Speak To Me. (The Dark Side Of The Moon - 1973)
3. Breathe. (The Dark Side Of The Moon - 1973)
4. One of These Days. (Meddle - 1971)
5. Time. (The Dark Side Of The Moon - 1973)
6. Breathe (Reprise). (The Dark Side Of The Moon - 1973)
7. The Great Gig In The Sky. (The Dark Side Of The Moon - 1973)
8. Welcome To The Machine. (Wish You Were Here - 1975)
9. Déjà Vu. (Is This The Life We Really Want? - 2017)
10. The Last Refugee. (Is This The Life We Really Want? - 2017)
11. Picture That. (Is This The Life We Really Want? - 2017)
12. Wish You Were Here. (Wish You Were Here - 1975)
13. The Happiest Days Of Our Lives. (The Wall - 1979)
14. Another Brick In The Wall (Part 2 & 3) (The Wall - 1979)

Setlist : Part II

1 Introduction.
15. Dogs. (Animals - 1977)
16. Pigs (Three Different Ones). (Animals - 1977)
17. Money. (The Dark Side Of The Moon - 1973)
18. Us & Them. (The Dark Side Of The Moon - 1973)
19. Smell The Roses. (Is This The Life We Really Want? - 2017)
20. Brain Damage. (The Dark Side Of The Moon - 1973)
21. Eclipse. (The Dark Side Of The Moon - 1973)
22. Band Introduction & Speech.
23. Mother. (The Wall - 1979)
24. Comfortably Numb. (The Wall - 1979)

Line-up :

Rogers WATERS : Bass, Vocals - Guitar.
Jonathan WILSON : Guitar - Vocals.
Dave KILMINSTER : Guitar - Vocals.
Jon CARIN : Keyboards, Guitar - Slide Guitar.
Bo KOSTER : Hammond Organ, Piano -Keyboards.
Gus SEYFFERT : Bass - Guitar
Joey WARONKER : Drums - Percussions.
Ian RITCHIE : Tenor Saxophone.
Jess WOLFE : Backing Vocals - Percussions.
Holly LAESSIG : Backing Vocals - Percussions

Smoke on the Water(s) a Fire in the Sky...

Un concert évènement, comme à chaque fois qu’un des leaders de Pink Floyd pose ses valises le temps d’un ou deux concerts et comme ce fut le cas pour David Gilmour en 2016, Roger Waters, bassiste et immense parolier s’il en est, fera lui aussi le doublé. Alors quand mon digne fils m’a demandé si je voulais « aller voir ça » j’ai opiné du chef (branler est correct aussi mais prête souvent à confusion).
Nous quittons notre cher Condroz vers 15h40 en compagnie de Philou et Jacqueline, direction Bartville ou Anvers si vous préférez. En ce vendredi, jour de pont autorisant un weekend prolongé, les Belgian highways sont tellement bien dégagées qu’on aurait même pu partir plus tard mais la prudence n’a jamais tué personne. Résultat, nous rejoignons notre parking de délestage bien à temps et hop, on est partis pour vingt bonnes minutes de tram qui nous amène jusqu’à côté du célèbre Sportpaleis où il y a déjà du monde qui attend l’ouverture des portes. Certains s’accrochent aux barrières comme si leur vie en dépendait, comme s’ils allaient se ruer pour être les premiers devant la scène. Faux espoir, étant donné que toutes les places sont numérotées, cool mec, respire et relève la tête, t’as l’air d’un coureur.
Nous voilà enfin assis au 24ème rang, places 7 et 8, il n’y a plus qu’à patienter jusqu’à 20h20 en devisant par devers nous, chose que nous faisons très bien Randy et moi. Qu’est ce qu’il dit? Il dit que père et fils ont l’air de bien s’entendre tous les deux...
En ouverture de ce « US and Them Tour » qui a débuté le 21 mai 2017 et s’achèvera le 9 décembre 2018, nous avons droit dès 20h00, à la projection d’un film, ou plutôt d’un plan fixe montrant une femme de dos, assise dans les dunes face à la mer, immobile. C’est probablement elle la dernière réfugiée de la chanson. On dirait qu’elle regarde l’horizon comme un unique espoir, la promesse d’une vie meilleure, le tout illustré par une superbe bande sonore, du moins, pour ceux que les accents de la civilisation arabe ne dérangent pas et j’en fais partie. C’est parti avec deux chansons du blockbuster qu’est « The Dark Side Of The Moon », belle mise en bouche avec d’emblée au chant, Monsieur Jonathan Wilson en personne, « The Last Hippie » comme dira de lui Roger Waters. Jonathan assure également toutes les parties vocales tenues à l’origine par David Gilmour. Ensuite le mythique et obsédant « One of These Days » et sa phrase légendaire : « One of these days days, I’m going to cut you into little pieces » tout un programme. La première partie de ce concert extraordinaire fait la part belle au non moins unique album qu’est cette « Face cachée de la lune ». Tout est impeccable, tant au niveau visuel que sonore, comme quoi quand le personnel est compétent, on passe une excellente soirée. Aucun Larsen, aucun blanc ni perte de temps, le spectacle est continu. Un coup d’œil discret vers mon fils me fait comprendre qu’il n’était pas préparé à ça. Je ne l’avais plus vu capable de séances d’apnée aussi longues depuis le game 5 de la finale NBA Utah Jazz / Chicago Bulls de 1998, quand Michael Jordan enrhume Bryon Russell pourtant collé à lui et s’élève pour planter le panier assassin qui tue le match et offre aux Bulls leur 6ème titre de champion. Avec Roger Waters, c’est la même chose, c’est tuerie sur tuerie, et avec la paire de guitaristes Dave Kilminster / Jonathan Wilson c’est le nirvana total. Quelles harmonies mes enfants! Ce n’est pas « The Great Gig In The Sky » qui va arranger les choses avec la performance cristalline que nous offre le duo féminin composé de Jess Wolfe et de Holly Laessig, c’est de l’orfèvrerie vocale, de l’Art avec un grand « A »
Au menu, pour suivre, un trio sur canapé de chansons du dernier album solo très engagé de Roger Waters. Et pour conclure le 1er set, le monumental « Another Brick In The Wall » sur lequel des enfants d’Anvers assurent la chorégraphie, ça me rappelle le magnifique spectacle offert en son temps par l’association « Echoes of The Sun » à Ciney.

Break de vingt minutes, mon fils respire à nouveau, ouf, sauvé.

Reprise avec des écrans géants qui descendent du plafond et couvrent la salle dans sa longueur et les 4 cheminées de la centrale de battersea, celle qui est sur la pochette de l’album « Animals » qui fait d’ailleurs l’objet des deux premiers titres de ce second set. Sur « Pigs » c’est Donald Trump qui s’en prend mais alors là, « plein la gueule », ses magnifiques « Nazirations », déclarations qu’il croit intelligentes, apparaissent sur tous les écrans alors qu’un énorme cochon gonflable et suspendu se balade au plafond de la salle. Retour à l’album noir montrant une pyramide qui décompose la lumière et puis c’est le moment coup de poing de la soirée, c’est le truc qui te retourne les tripes : « Smell The Roses » et ses images de maltraitance et de torture qui défilent à toute vitesse mais qui s’impriment dans ta mémoire, c’est bouleversant. On sait Roger Waters très politiquement engagé et il y va de son petit couplet personnel. Qu’on adhère à ses idées où pas, j’estime pour ma part, que musique et politique doivent rester deux choses bien distinctes et qu’il ne faut pas se servir des notes comme véhicule d’idées de quelque bord que ce soit.
On repasse pour deux titres par les couloirs de la pyramide formée par des lasers et des projecteurs multicolores et puis c’est le moment pour Roger d’entamer « Mother », mais voilà, le public est tellement chaud que notre homme n’arrive pas à faire cesser les applaudissements. Roger Waters est ému, il le montre et il le dit. Enfin il peut y aller avec « Mother » dédié à sa maman qui n’est plus là mais qui aurait aimé voir ça. En dessert, dans une salle en délire, le léviathan : « Comfortably Numb » et son solo de guitare énorme qui fait certainement partie des dix plus beaux soli de tous les temps. Tellement habitués à la dimension que David Gilmour lui a toujours donné, on attend de pied ferme Dave Kilminster pour voir ce qu’il va faire de l’intouchable. Et là, tu es sur le cul, car non seulement il le place aussi haut mais il le magnifie, aidé en cela par Jonathan Wilson.
Après un tremblement de terre d’applaudissements, Roger s’en va, un dernier salut, seul en scène, bras écartés tel un gladiateur moderne, baigné dans un halo lumineux plein de fumée. Ce soir c’était « Smoke on the Water(s) à Anvers et je me suis entièrement consumé...

Mitch "ZoSo" Duterck

Roger Waters au Sportpaleis- Antwerpen, le 11 mai 2018
Roger Waters au Sportpaleis- Antwerpen, le 11 mai 2018
Roger Waters au Sportpaleis- Antwerpen, le 11 mai 2018