The LEATHER GALLERY - Paimpol In Rock - samedi 22/07/2023
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The LEATHER GALLERY - Paimpol In Rock - samedi 22/07/2023
Paimpol attire les touristes. Paimpol in rock n'attire pas les touristes mais les pointus des oreilles, les Mr Spock quoi!
Le nouvel emplacement du festival aurait pu aspirer l'affluence mais le vent emportait le son dans le mauvais sens.
Les ab-sen(t)s ont eu tort, l'organisation souffle dans la bonne direction et ne se cantonne finalement pas aux influences seventies (qu'on adore quand même!).
Après le maillot jaune surfant chez Waza, on voit passer d'autres couleurs, plus sombres, chez le deuxième de la soirée.
Du post punk, bien british, qui me susurre Idles aux entournures des oreilles. On pourra suggérer Viagra Boys ou Sleaford mods voir TV Priest sans rougir.
Et oui, il y a trois English dans le groupe formé il y a 2 ans, passé par le 22 et Londres avant d'atterrir à Rennes.
Un EP à leur actif sorti en 2022 'Casually Dissolving', une fausse désinvolture...
Avec eux, qui sème le vent récolte la tempête, ben tiens, on en avait bien besoin!!
Les présentations :
Henry, Chant
Harry, guitare
Mickaël, basse
Marius, batterie
Devinez qui n'est pas anglais... ni marseillais…
Sans tambours ni trompettes, le quatuor entre sur scène.
Dès 'Ritual', on voit à qui on a à faire. Henry possède une présence scénique incroyable avec sa stature élancée, sa moustache noire, sa chemise à rayures et son pantalon de toile claire.
Caché d'abord derrière ses lunettes noires, il ne tarde pas à les quitter.
L'autre fine moustache de mousquetaire, Marius, commence avec une casquette cache-oreilles et un sweat vert, il ne les portera qu'un morceau, arborant une coiffure dorée.
'Immaculate fix' un peu répétitif, secoue, ils appellent ça du psychobilly. Les tremblements dans la voix me font penser à Guadal Tejaz.
Henry scande lorsqu'il ne hurle pas, souvent possédé, et Harry, tout en noir, n'est pas en reste, tordu dans tous les sens avec les cheveux balayant son visage.
Lorsque 'Sittin' monte sa spirale nerveuse, on ne reste pas de marbre... Le riff strident tranche sur une rythmique cabossée et têtue, soufflée par la basse massive.
Les sons tirés par le bout des cordes, font dans le vicieux, le tordu... et parfois aussi dans l'accélération qui vous plaque.
Il faut dire que les textes parlent de l'immobilisme face à l'absurdité du monde actuel.
L'immobilisme, le contraire du chanteur, qui, au fil du concert, se ballade, saute et descend, le long des rambardes, hurler dans les oreilles du quidam, s'assoit sur la scène, s'allonge sur le dos, gorgé d'un feeling libérateur.
'Thank you!' Arrêt brutal au bar, il viendra même se désaltérer (à l'eau quoi!) auprès du public.
Pour le calme, il faut plutôt se tourner vers le barbu Mickaël aussi placide qu'un bassiste et ça tombe bien, c'est son instrument mais question bourdonnement, il en connait un rayon.
Et "j'aime ça" disent ses lunettes noires en forme de cœur et son bermuda trépidant!
'New skin' et 'Modern angel' cognent sans répit, Ils auraient pu les intituler 'New angel' et Modern skin' ça taperait aussi fort!.
Quand Harry rencontre Sally (prénom dont je baptise sa guitare rouge ce soir), il arrive à en tirer des sons dissonants.
Pendant 'Bodies in the city square', il vient faire un tour sur la grosse enceinte devant les spectateurs et se déformer sur sa gratte et Sally can’t dance no more...
Ils enchainent très vite 'Deadly as I lay', 'Polished rain'. La guitare se noie au milieu de l'atmosphère irrespirable dégagée par cette musique tendue, urbaine, sombre.
Henry sait aussi jouer de la guitare. Un morceau furieusement noisy l'invite à un pas de danse désarticulé. Au fond, Marius grimace mais ne se désunit pas.
'So kind' frotte son riff autiste sur une basse vrombissante et la batterie dérape sur des coups redoublés.
Henry répète 'kind', un mot contraire à ce que l'on ressent, il proposera même une bagarre!
Derrière un solo de 6 cordes aussi bref que déchirant, la baguette se laisse aller sur le cercle et Henry entre dans un délirium pas si mince.
La guitare écorche la couche épaisse de basse, puis la batterie file droit et vénère. La voix de Harry engueule par des spoken words sur 'Palms of the nation'.
C'est puissant, bien troussé et ça vous met dans une transe hypnotique par son côté insistant.
'Liberal act' démarre par une rythmique tournoyante qui ne s'arrête pas. Harry se charge de la balafrer.
Marius nous surprend par un mini solo roulant pour mieux relancer les hurlements dépressifs de Henry.
'King of the bal' joue sur un motif de batterie plus travaillé. La guitare zèbre un ciel déjà bien lourd.
Les cris prennent au dépourvu par leur soudaineté et leur férocité proche de la folie (oui, c'est la folie). Transformés en 'King of nothing', ils défoncent la royauté. Les 4 enragent ensemble au final.
La dernière salve ne fait pas de cadeaux, on a l'impression de finir enfermés dans un bunker qui va exploser!
On vient de prendre un direct dans les tripes. Sonnés, on découvre une galerie éberluée autour de nous mais je ne vois pas de cuir.
C'est plutôt le quatuor qui est dur à cuire dans sa musique radicale, parfois expérimentale, toujours urgente! Magnifiquement bluffant!
SETLIST
01-Ritual
02-Immaculate fix
03-Sittin'
04-New skin
05-Modern angel
06-Bodies in the city square
07-Deadly as I lay
08-Polished rain
09-Liberal act
10-So kind
11-Palms of the nation
12-King of the bal
13-Bunka