Hôtel Particulier au Barbe, Plouha, le 5 avril 2024

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About: 
Hôtel Particulier au Barbe, Plouha, le 5 avril 2024
Artist: 
Hôtel Particulier
Date: 
05/04/2024
Venue: 
Le Barbe
Place: 
Plouha
Your Reporter on the Spot: 
Michel Preumont ( texte & photos)

Hôtel Particulier au Barbe, Plouha, le 5 avril 2024

michel

Un client: pourquoi avoir opté pour Hôtel Particulier comme nom de groupe, franchement cela ne correspond pas  à votre univers, ça fait Début de Soirée, Partenaire Particulier,  Lune de Miel ou pire encore....

Réponse: c' est Gainsbourg qui nous a inspirés! 

Le groupe de la région lyonnaise naît en 2020, en pleine crise sanitaire, ça n' a pas été facile de dénicher un curé qui voulait les baptiser.

Premier concert la même année, un 14 février, oui, ce jour là, certains fêtent un truc.

Puis le silence jusqu'en 2022, avec la reprise des concerts et la parution d'un EP ( cf. bafouille de Pascal).

2024, le groupe  a travaillé de nouvelles chansons et en ce mois d'avril où le sable du Sahara voyage vers la France, le quartet a pris la route: Orléans, Plouha, Nantes!

C'est dans un  Barbe  feutré ( dixit Yann) que tu fais la  connaissance de Sébastien Gayrard - guitare, Cyril Baudet - drums, Félix Dadi - basse et vocaux et Mélodie Kostrzewa - guitare et  vocaux.

Mélodie est citée chez Lazzzy, un groupe de garage, pas paresseux, de Lyon, Félix ( connaît-il Marcel) et Sébastien sont mentionnés  chez PLTHR ( des gens vénérant  Radiohead) , Cyril a tenu les baguettes pour Olga Bost.

20:30' et des poussières, l'hôtel ouvre les portes, Félix a ramassé un archet avec lequel il câline la basse, Sébastien s'amuse à produire des effets bruitistes feutrés, après ce démarrage atmosphérique, Cyril sort de l'état léthargique et Mélodie, connue jusqu'à Trafalgar, se saisit du micro pour entamer 'Tu coules', un titre intimiste et lancinant, au chant évoquant à la fois Anna Calvi  et Valérie Lagrange.

Félix vient relayer Mélodie, le ton monte, la tension s'intensifie, tu décèles des relents Dead Chic dans leur approche.

Mélodie termine l'implorante litanie à genoux  tandis que  la basse, les drums et la guitare grondent en arrière-plan.

Il n'aura fallu qu'un morceau pour comprendre que le groupe s'ébattant sur le podium est loin d'être insignifiant.

'Solitude sauvage' confirme le bien fondé de la remarque précédente.

Mélodie, femme fatale, a ramassé une guitare, Sébastien distille des riffs précis, il est  souvent suppléé par Félix qui manie sa basse de manière peu conventionnelle en l'utilisant   comme une guitare, avec des progressions d'accords fluides, au fond, à droite , Cyril cimente le tout.

Ils disent être inspirés par Jeff Buckley et Radiohead,  il y a pire comme mentors, on ajoute quelques noms: Mark Lanegan et Madrugada pour le  côté tourmenté et dramatique.

Mélodie:  voici ' La fièvre', une romance, car nous sommes des rockers fleur bleue.

Sensualité et  émotions à fleur de peau,  ce n'est pas le 'Fever' de Peggy Lee mais le titre, brûlant,  bouleverse et échauffe les sens.

Yann, je me déplace dans la fosse, sorry pour le jeu de lumières!

'Le bal' sonne davantage  comme du Bashung que comme le pourtant fabuleux et  emphatique  ' Le Bal des Laze' de Polnareff.

Retour au calme après ce moment de tension  extrême.

 Mélodie émet un sifflement Sergio Leone qui amorce  l'instrumental  'Elijah',  bande son idéale pour un western judaïque.

Elle reprend sa guitare et c'est Félix qui entame la partie chantée (en parlando)  du titre  théâtral ' Le silence'.

  La guitare de Sébastien prend des intonations Geoffrey Burton ( Arno, Bashung, Higelin, Daan, Eicher...) , Mélodie, tout en psalmodiant des vocalises sombres,   fait vibrer  son instrument avec un Ebow .

L'angoisse t 'étreint  jusqu'au terme d' un morceau,  terminé par les riffs ténébreux  des deux  guitares à l'unisson. 

'Sérénade' dit le billet gisant sous le micro de la chanteuse, Félix a récupéré l'archet  et effleure les cordes de sa basse, ...tu me fais tourner la tête...  formule la voix,  du coup tu imagines Edith Piaf sur un cheval de bois,  c'est con, car  musicalement Hôtel Particulier est aux antipodes de la chanson populaire.

Un fond sonore fait de petites touches  nimbe le titre freudien ' Ce dont'... ( je rêve la nuit) qui aborde le thème de l'inconscient et de l'amnésie.

Voilà, on arrive à la dernière, une composition qui dépeint la maladie mentale, ' Je sais que tu pleures' .

Ce titre poignant est  terminé par un cri douloureux, qui t'a permis, en pensée, de revoir certaines scènes de  One Flew Over the Cuckoo's Nest.

 

Hôtel Particulier marie élégance, distinction, profondeur et  originalité, des qualités que l'on ne peut attribuer à certaines  formations se complaisant dans une forme de variétoche d'un  mauvais goût désespérant.