Gov’t Mule - Het Depot - Leuven - 1 mai 2015

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About: 
Gov’t Mule - Het Depot - Leuven - 1 mai 2015
Artist: 
Gov’t Mule
Date: 
01/05/2015
Venue: 
Het Depot
Place: 
Leuven
Your Reporter on the Spot: 
Mitch "ZoSo" Duterck
 

Gov’t Mule - Het Depot - Leuven - 1 mai 2015

Mitch ZoSo Duterck

GOV'T MULE - 2015.05.01 - Het Depot, Leuven, Belgium
Set # 1 :
01. Thorazine Shuffle.
02. Million Miles From Yesterday.
03. Monkey Hill .
04. Bad Little Doggie.
05. About To Rage.
06. Brand New Angel.
07. Captured.
08. She Said, She Said.
Set # 2 :
01. Cortez The Killer.
02. Mule. (Medley)
03. Little Toy Brain.
04. Thelonius Beck.
05 Drum Solo.
06. Whisper In Your Soul.
07. Driving Rain.
08. Soulshine / Tupelo Honey / Soulshine (Reprise)
09. Blind Man In The Dark.

Tiens, c'est la Fête du Travail, le jour où on offre du muguet mais ce n'est pas férié en musique pour autant alors, direction Louvain pour une première avec Warren Haynes le légendaire guitariste du Allman Brothers Band et de Gov't Mule. L'avantage d'arriver tôt c'est qu'on peut voir les choses se mettre en place en sirotant son Orval assis en terrasse à trois mètres de la porte d'entrée, objet de tant d'acharnement de la part de certains. Je ne sais pas si vous l'avez déjà constaté mais c'est symptomatique chez certains bipèdes théoriquement dotés d'une intelligence supérieure, mais une porte fermée qui donne accès à une salle de concert exerce une véritable fascination chez eux.
Même si on annonce partout : "portes/deuren/doors 20h00" le premier quidam à se présenter deux heures avant, généralement escorté de sa dame ou de la meilleure amie de celle-ci qui lui sert de maîtresse ainsi que d'un couple d'amis à qui "il va montrer comment on fait", cet homme à, comme les marins, une propension à faire des phrases (dixit Michel Audiard). Et le quidam en question de s'agripper aux mains courantes chromées qui en ont vu d'autres. L'huis ne cède pas plus à la pression, qu' à la traction puisque il est clos et ce, à la grande surprise de notre homme qui se refuse à le croire. Comment est-ce possible, il est là, lui, le pro de la clé Yale et c'est fermé? Incroyable. Et comme si cela allait changer le cours des choses, une main en éventail de chaque coté de la tête, il colle son visage au double vitrage béant sur "l'accueil/onthaal" plongé dans la pénombre et sur lequel il dépose généreusement la buée de son haleine d'homme sceptique. C'est toujours fermé! Il consulte sa montre pour la troisième fois en moins d'une minute et se retourne alors, l'air offusqué vers sa troupe qui interloque, soliloque en aparté et sourit sous cape, avant de l'emmener au large prendre une collation en néerlandais, nous sommes à Leuven, dames en heren.
J'ai la chance d'assister au soundcheck assis confortablement derrière la console de mixage et quelques minutes après la fin des opérations d'affinage (ce concert vaut bien un fromage sans doute), Pete, le manager vient me quérir ce qui revient à venir me chercher mais en moins bien dit. Warren Haynes va me recevoir! Le natif d'Asheville, Caroline du Nord se montre très gentil, très accueillant, à l'américaine. Il m'invite à faire mon choix parmi le contenu bibitif du frigo dévolu à la conservation des boissons fraîches à température constante. Pepsi, ça me va (je vous jure) et je commence mon interview pendant que Marc, mon compagnon de route, interviewe lâchement la deuxième Orval que j'ai dû laisser en terrasse, succombant à la pelle des six reines (t'as qu'à comprendre, tu me connais non?). Rien qu'avec le passé musical de Warren, il y a de quoi passer des heures mais on doit parler d'un peu tout. On trouve un terrain d'entente en la personne de son ami John Paul Jones et de Led Zeppelin dont il est un fan absolu, la référence absolue à ses yeux, ça tombe bien. On parle guitare, étonnant hein.. on parle de ce qu'on aime, etc. Je préfère discuter librement avec un artiste et le laisser aller où il à envie plutôt que de toujours poser les "boring questions" comme ils le disent eux-mêmes sur le dernier album, etc. Mais le temps passe vite en Belgique aussi et après une photo avec le maître et une dédicace sur un cd de Mule je rejoins la salle déjà plongée dans une semi-pénombre qui va certainement stresser notre quidam de cet après-midi, je le sens.
Extinction des feux, éclairage de scène qui respecte les rétines et volume fort agréable pour les tympans, nous voilà partis pour le premier set. On attaque avec le classique "Thorazine Shuffle", le son de la guitare de Warren est reconnaissable entre mille et nous sommes transportés par le fingerpicking du maître. Le voyage est comme un trip de LSD mais sans la descente, tu planes tout là-haut mais tu y restes. Il faut dire que l'homme compose rarement des chansons de courte durée donc si tu es du style diesel, c'est le style qu'il te faut, aussi non, il te reste les Ramones. "Million Miles From Yesterday" quand je vous le disais qu'on voyageait loin avec Warren Haynes. On se laisse flotter et c'est le pied total. Le 1er set s'achève sur les notes serrées de "She Said, She Said". J'ai pourtant bien cru que le concert allait être gâché par les beuglements redondants d'un veau aviné (tu as remarqué l'allitération). Ce bovin qui n'était malheureusement pas le seul représentant de sa race BBB (Belge Bourré Borné) trouvait sans doute intéressant de réclamer "Djohnnybigoutte" chaque fois qu'un climat un peu plus émotionnel s'installait. A mon avis quelqu'un a dû lui expliquer que ce n'était pas un concert de Chuck Berry, et encore moins de Johnny Winter et pour cause. Il faudrait vraiment faire quelque chose pour virer ces abrutis des salles de concert et faire un pack avec ceux qui continuent à y fumer impunément comme si le monde leur appartenait. Tant qu'à faire, ajoutons-y une bonne dose de ceux et celles qui n'ont rien de mieux à faire que d'acheter un ticket d'entrée pour venir raconter leur vie et vous aurez un cocktail détonnant de ce que la connerie humaine fait de mieux en matière de non-respect de ceux qui viennent pour écouter un artiste. "Au large Messieurs, Go Home!" comme le disait Gabin, baïonnette au canon dans "Le Tatoué". Le moins qu'on puisse dire c'est que ce 1er set déconcerte pas mal des habitués qui s'attendaient à quelque chose de plus tranchant, plus bluesy alors qu'ici, on s'est retrouvés un peu dans un trip psyché à certains moments Moi ça m'a plu.
Le petit break d'un quart d'heure passé, re-lights out et cette fois les fans du genre vont être comblés, l'électricité revient, le blues transpire. Nous entamons avec une version monumentale de "Cortez de Killer" de Neil Young dans laquelle nous allons tourbillonner pendant 21 minutes (je te jure, je viens d'écouter à nouveau le concert. C'est fa-bu-leux! ensuite, sans reprendre son souffle Warren enchaîne sur "Mule" un medley de douze minute trente. On est époustouflés par la qualité d'interprétation du band, c'est géant. Il en sera de même pendant tout le reste de ce concert qui flirte avec les deux heures trente et finira de nous achever par un sublime "Soulshine". Il ne nous reste plus qu'a remonter le courant du flot humain qui migre vers le bar, toutes les mines sont approbatrices, c'était un excellent concert. J'y retournerai, je vous le garantis, quitte à reprendre une ruade de la Mule.

Mitch "ZoSo" Duterck

Gov’t Mule - Het Depot - Leuven - 1 mai 2015
Gov’t Mule - Het Depot - Leuven - 1 mai 2015