CHARLES GOUNOD CONSPIRACY à la brasserie DISTOUFER, Guingamp le 15/09/2023

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CHARLES GOUNOD CONSPIRACY à la brasserie DISTOUFER, Guingamp le 15/09/2023
Artist: 
CHARLES GOUNOD CONSPIRACY
Date: 
15/09/2023
Venue: 
Brasserie DISTOUFER
Place: 
GUINGAMP (22)
Your Reporter on the Spot: 
NOPO (PHOTOS NOELLE)

CHARLES GOUNOD CONSPIRACY à la brasserie DISTOUFER, Guingamp le 15/09/2023

DISTOUFER sait tout faire (et moi je l'ai déjà faite!), spécialiste du tire-bouchon (DISTOUFER : décapsuleur en breton) ne débouche pas que des bonnes bouteilles...
Il nous débouche aussi les oreilles avec sa programmation musicale parfaite, sélectionnée avec amour par le passionné patron himself Fabien Jezequel qui dit :
'Je zai quel groupe je choizis'... Ahaaa, j'ai les bulles de bière qui me montent au bout des cheveux!

19H30, l'heure respectée pour le démarrage du concert, dommage pour nous, à la bourre et, descendant de la voiture, on entend quelques notes qui viennent nous caresser le pavillon tel un papillon.
Secouant notre duodenum, on se précipite voir les 4 gars sous le barnum :
Guitare/ Choeurs : Florian Herry
Basse : Thomas Clénet Bellamy
Batterie : Alban CHEVREL
Chant/ Guitare : Gregory Le Moigne
Ils viennent de St Nazaire tout comme VERTICAL que l'on a vu en 2022 à la magnifique fête de la brasserie.
Pourtant, pas de lien (même horizontal), nous confirmeront Fabien et Florian, c'est un pote local d'Alban qui établit le contact.

Leur nom, alambiqué, interpelle même si Charles Gounod a un lien opératique avec la musique mais loin de Tommy ou The wall... en fait, la vraie piste, il faut traquer la rue où habitaient Florian et Thomas. Pas plus tordu que les 'Qui'...
Ils sortent un EP 5 titres mi-2022 dont ils ont oublié les rondelles à la maison, nous avoue Florian.
On trouve des traces de 2 titres instrumentaux en 2015 avec Gregory, caché derrière la batterie, puis un assez long hiatus avant l'apparition d'une chanteuse en 2019.
Depuis son départ, l'ex batteur a échangé ses baguettes contre une guitare et un micro.

Pour positionner leur musique, je citerai le post punk dans la lignée d'INTERPOL (donc un peu aussi Joy Division) qui aurait fauté avec John Wetton.
Ah ben avec ça, vous situez mieux maintenant, alors allez plutôt faire un tour du côté de Bandcamp

On revient à notre soirée douce qui commence on ne peut mieux...
Démarrage par 'La cavale', pas la meilleure méthode pour suivre.
Le rythme s'installe martialement, et l'élasticité de la basse rend le balancement plus profond.
Les 2 guitares strient finement la mélodie chantée du bout des lèvres par Grégory, soutenu, discrètement, sur le refrain par Florian.
Au bout de la cavale, la voix s'arrête dans le vide comme suspendue.

L'ordre de l'EP est respecté, on passe au sombre 'Empty memory', entamé par des roulements de tambours, en boucle, ponctués par un coup sur le cercle.
Les 2 guitares cristallines se complètent magnifiquement créant une émotion, ressentie aussi dans la voix délicate. On pense au Marquis de Sade de Philippe Pascal ou les autres rennais de We only said.
L'arpège, répétitif et envoutant de la guitare principale, entre dans la boite crânienne pour ne plus en sortir.
Le simili refrain prend de la force avec des arcs électriques et métaliques dans les grattes. 'I cry everyday...', beau à pleurer, mélancolie quand tu nous tiens!

'Shut yourself down', au climat hypnotique, bouillonne autant au niveau des vocaux perturbés, souvent énervés, qu'à celui des guitares alternant riffs gras et pointes stridentes.
Mais, lorsque la voix s'abandonne en supplications, on se rappelle du grunge et pourquoi pas Alice in chains?

'Flamands roses' colorait le premier essai discographique de 2015, cependant, s'il faut choisir une couleur, elle serait noire dans cette version réarrangée pendant la période COVID.
La basse, sépulcrale, nous fait descendre dans des profondeurs insoupçonnées. Les guitares viennent la rayer ou la dépareiller alors que la batterie assure la droiture.
Quelques passages gagnent en puissance par des mouvements amples notamment les baguettes filant sur les cymbales puis une guitare effervescente.

Les 4 morceaux suivants semblent des nouveaux titres toujours plantés dans cette ambiance mélancolique.
Gregory psalmodie dans un recueillement, souvent intériorisé avec un regard vers les chaussures (ça c'est du shoegaze!). Thomas semble communier avec lui.
A l'inverse, Florian, très expressif, ne tient pas en place et n'est pas avare de sourires ou d'yeux rieurs qu'on devine sous sa casquette.

On lève les yeux perdus 'In the stars' pendant que Gregoy les baisse, courbé sur sa guitare, ouvrant seul le morceau.
Derrière un rythme pourtant pesant, la complainte, élégante, aux cordes caressées, prend aux tripes.

'One second'? Ouch, j'aime écouter Paradise lost mais ce n'est pas une reprise...
Ici, un enchevêtrement d'arpèges se la coule douce comme la voix planante.
Un morceau atmosphérique d'une grande finesse qui m'évoque, une nouvelle fois, We only said mais je pourrais aussi faire référence à Anathema.
La mélodie lancinante me chamboule au point de ne pas pouvoir décrocher des derniers mots si touchants 'You are my way in the dark shade' (si je comprends bien), répétés, ad libitum, avec l'aide de Florian jusqu'à l'a capella final.
Wouah, grandiose!!

'Vertigo' porte bien son titre avec son style post-punk déprimant qu'on aime tant.
Un riff musclé et bien tracé s'oppose à une voix sensible qui s'encourage pourtant 'Don't be shy'.
La cadence, mid-tempo, cale sa colonne vertébrale bien droite, la mélodie émouvant au plus haut point.
La puissance augmente dans un 2è temps et nous emporte vers une profonde nostalgie.

 

Break et fin du premier set, cependant pas de balles neuves prévues...
Les artistes ont besoin de se restaurer et nous, de siroter notre bière.
Pendant le set, l'espace s'est bien rempli progressivement et l'ambiance, décontractée, laisse entendre des rires heureux.

Une trentaine de minutes plus tard, Les musiciens s'apprêtent à débuter le 2è set au moment où nous discutons avec Florian.
On sent une goutte et ce n'est pas la bière mais ... l'eau de là-haut et bientôt... des cordes et pas celle des guitares!
On se réfugie dans le bar pendant que les gars se précipitent pour débrancher les câbles électriques.
Une conspiration? Charles Gounod nous la joue 'The end' en silence, tu parles Charles!
Partie remise, Charles promet de revenir ici même dans quelques temps pour nous présenter son premier album en préparation pour 2024.

SETLIST
01-La cavale
02-Empty memory
03-Wash my brain
04-Flamands roses
05-Little quail
06-At work
07-Mrs jungle
08-In the stars
09-One second
10-Vertigo