Black Sea Dahu et Richard Allen à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 25 mars 2023

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About: 
Black Sea Dahu et Richard Allen à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 25 mars 2023
Artist: 
Black Sea Dahu et Richard Allen
Date: 
25/03/2023
Venue: 
Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc
Place: 
Saint-Brieuc
Your Reporter on the Spot: 
Michel Preumont ( texte & photos)

Black Sea Dahu et Richard Allen à Bonjour Minuit • musiques actuelles à Saint-Brieuc, le 25 mars 2023 

 

michel

C'était en 2022: le concert de Black Sea Dahu, prévu le 18 juin à Bonjour Minuit, est reporté...

Il a fallu patienter des mois pour voir le groupe suisse à l'oeuvre à Saint-Brieuc, l'attente n'aura pas été vaine, la performance de Janine Cathrein et de ses complices a dépassé toutes les espérances.

It was amazing... est le commentaire qui revient à répétition chez les bienheureux ayant assisté à la prestation du groupe.

 21:00, c'est l'heure de l' apéritif avec  Richard Allen.

Richard Allen, une figure emblématique intemporelle pour les Afro-Américains?

Non, pas celui-là, Richard Allen n'est pas évêque, le natif du comté de Warwickshire, countie ayant inspiré John Constable, évolue dans un  milieu folk  presque aussi pastoral que les oeuvres du fameux paysagiste.

S'il est né British, depuis son expatriation vers la Somme, il s'exprime dans un français moins coloré que celui de Panisse, mais continue de chanter dans le vocable utilisé Outre-Manche.

Membre de Wolves & Moons, groupe qu'il a fondé en 2011, déjà à Amiens, il se produit aussi sous son nom, sans trahir le folk.

A son actif, plusieurs singles, un EP et deux full albums, le dernier 'Locust tree lane' date de 2020, un troisième album est en préparation, Bonjour Minuit en entendra plusieurs morceaux.

Détail d'importance, le vaillant Richard, bien calé sur un tabouret pour manier ses guitares acoustiques et psalmodier ses compositions, n'est pas seul sur scène, il est accompagné par le talentueux multi-instrumentiste Sylvain 'Kenny' Ruby, peut-être né un mardi, ( (keyboard, guitar, flute, percussion, vocals... ), un brave gars qu' Iggy Pop a soudoyé pour jouer sur l'album 'Free'.

Un premier extrait du futur album est interprété tout en douceur, l'acoustique est furtivement effleurée, Kenny tapote ses touches, puis ramasse une flûte traversière pour produire une onde sonore plus douce qu'une brise printanière, mais c'est essentiellement le chant chaleureux du barde barbu qui retient l'attention, s'il fallait tracer des parallèles, on pourrait citer Ben Howard , Justin Vernon  ( Bon Iver) ou Damien Rice, tous adeptes d'un neo folk intimiste et onirique.

Sylvain 'Kenny' Ruby a saisi une basse tandis que son ami entame le brumeux 'Shaping clouds' .

La mélancolie et la délicatesse ruissellent sans nous mouiller, la salle, attentive,  se tait et  écoute.

Si ils ne sont guère volubiles, de temps en temps, ils lâchent une vanne, hier je leur ai dit qu'il restait 52 chansons, aujourd'hui j'annonce la dernière, il faut varier et meubler les temps morts pour accorder la guitare.

Il poursuit avec une histoire de lapin, 'Rabbit Tails' toujours en mode doucereux avant de proposer ' The world in your chest', une ballade  à entendre sur 'Locust tree lane'. 

Si tu aimes James Taylor ou Art Garfunkel , on recommande!

Sont pas nerveux, ces jeunes gens, ils  nous préviennent  que le ton ne va pas monter... don't speak loud, speak soft to me... murmure Richard, mais même en chuchotant, il  fléchit, je n'arrive plus à chanter, ma voix se désagrège.

Il reprend toutefois sa rengaine et la mène bon port.

Après une nouvelle séquence ironique , il annonce un titre rock'n'roll, à prendre au 36è degré, 'All I know'. 

Comme on avait cité Art Garfunkel on ajoute Paul Simon, époque ' The Sound of Silence'.

' Things' , ' Take off your name'  et ' Losing Ground' défilent.

Coolitude extrême, sérénité  et  flegme britannique, ce folk rassure et soulage ceux qui souffrent de neurasthénie.

La flânerie continue avec 'Sundays' et 'Pieces of Me'  décoré d'une jolie digression au piano.

C'est avec  la perle ' Betweeen the ashes and the dream'  que s'achève un voyage au ralenti.

Le public a apprécié, du coup Richard se ravise et propose une dernière composition, interprétée en solitaire,   ' In a heartbeat' ( maybe).

Du folk pour jeunes filles en fleur et âmes sensibles! 

Black Sea Dahu

Nominated for SWISS MUSIC AWARD "Best Breaking Act"!

Logique et fondé!

 Black Sea Dahu ist eine Schweizer ( Zürich)  Indie-Folkband um die Singer-Songwriterin Janine Cathrein und ihre Geschwister Vera und Simon.

Nota Bene, Simon n'était pas sur scène à Bonjour Minuit, pas de violoncelle!

Le groupe est actif depuis 2012, il a commencé sous l'étiquette Josh ( un album,  The kids of the sun).

Depuis la discographie s'est étoffée, 3 EP's et deux albums.

2022 fut prolifique avec la parution de 'I Am My Mother' et l'EP 'Orbit'.

Ce soir, ils sont cinq sur le podium, les soeurs Cathrein, Janine, la frontwoman, au chant, guitares acoustique, et électrique, dobro, claviers et percussions/  Vera, guitares, chant, basse, percussions, flûte/ Ramon Ziegler , vise ma casquette,  keys, synth, Hammond, glockenspiel, percussion, vocals / Pascal Eugster , basse et Silvan Schmid, leur nouveau batteur.

 

Après une intro atmosphérique, ' Human Kind' est sur les rails, une chanson abordant le thème de notre rapport avec la planète et avec les autres humains.

L'orchestration est complexe et ambitieuse, Vera passe de la basse à la flûte, Ramon émerveille derrière sa panoplie de claviers, à l'arrière, Silvan et Pascal impriment une assise rythmique infaillible, Janine fait le reste, elle est éblouissante.

Indie folk, dit l'étiquette, tu peux ajouter Americana, alt country, dark folk, ce groupe n'est pas à caser dans un seul rayon, ce serait lui faire injure.

On a lu Sophie Hunger ( normal, entre Suisses) , Patrick Watson, Other Lives comme points de repère, Janine dit avoir été inspirée par   le romancier Ken Kesey  ( One Flew Over the Cuckoo's Nest) et ses  Merry Pranksters, le groupe psychédélique et farfelu  des sixties,  nous on entend des bribes d'Angus et Julia Stone,  d'Alela Diane, pour le côté dark folk, de Moriarty pour les climats ou encore  The Civil Wars, pour la profondeur.

Vera à la guitare électrique, des shakers pour à peu près tout le monde, Ramon lui s'amuse à tapoter le glockenspiel, le sombre ' Rhizome'  s'adresse à ton âme, tu aiderais bien Janine à porter son fardeau, pesant des tonnes, mais t'as peur d'importuner.

La suivante, ' Glue'  a été composée en pensant à la grand-mère des filles qui a subi plusieurs brain strokes , so her thoughts are glue.

Un titre poignant construit comme une valse, même profondeur que chez Leonard Cohen, Janine est passée derrière le Yamaha, sa voix remue nos tripes et puis, soudain, un break rugissant à la guitare.

Une pure merveille, ce morceau!  

Retour à l'acoustique, elle amorce ' Take Stock Of What I Have' en solitaire avant d'être rejointe par l'équipe qui donne de l'ampleur à la ballade. 

Tandis que dansent les fantômes, la guitare, lyrique, et les claviers, majestueux, s'en donnent à coeur joie.

'  One and One Equals Four ' is about polygamy.

Sur l'album des cordes teintent le morceau d'une note plaintive, ici c'est la flûte et des effets de slide qui  remplacent les violons, sans nuire au côté magique.

Quand c'est beau, il faut le signaler, c'est très beau!

Fondu enchaîné sur '  Transience ', un morceau magnétique qui sonde au plus profond de l'âme de Janine.

Comme tous tes voisins, tu assistes le souffle coupé à cette performance fascinante, à chaque fin de morceau des cris enthousiastes fusent, il en sera de même après le country blues 'In case I fall for you' interprété au dobro.

Morricone a apprécié le  sifflet décorant la mélodie, tandis qu'à l'arrière Silvan rouait ses caisses, toms et cymbales de coups secs.

C'est armée d'une guitare électrique que Janine attaque 'Make the Seasons Change', un des titres les plus nerveux du set, proche de ce que Crazy Horse produisait derrière Neil Young.

Crotales et autres serpents rois ont détalé dès que les handshakers sont entrés en action.

La basse gronde, les claviers la jouent vaudou, le fantastique  'I am my mother'  va nous hypnotiser, nous bousculer et puis nous transporter loin, très loin, sur des terres, où, peut-être, ton âme trouvera la paix.  

Vera derrière le micro pour présenter leur fanklub et les avantages qu'il procure, le laïus publicitaire sur fond Fats Waller au piano mentionne, outre les CD's, vinyles, des  T-shirts,  des sweats, des chaussettes , un songbook et autres gadgets servant à alimenter la caisse nécessaire pour la poursuite de l'aventure.

This is our last song, you were fantastic... 'Mind Power' débute par une intro Patrick  Moraz avant de prendre des allures Nick Cave, c'était une dernière pépite d'un set qui n'a connu aucune faiblesse.

Forcément, le public réclame leur retour, '  Le temps se fuit' aux sonorités latines et 'My guitar is too loud', avec ses touches Buffalo Springfield  et ses couches de Hammond  mettent un terme à  ce qui aura été un des tout grands concerts de ce début 2023.

 

Le 31 mars à Nîmes!