On ne sait trop quelles sortes d’araignées venimeuses siphonnent le cerveau de Ben Lacour, mais elles tissent leurs toiles sous forme de mots durs, drôles, vulnérables, acerbes et acérés du meilleur cru. Clochard céleste, poète des caniveaux, rêveur bonimenteur, Lacour est tout cela, il ne choisit pas. Sa plume non plus, qui trempe à la fois chez dada et les romantoques pour un grand écart aussi improbable que réussi. Dans L’homme qui imitait la mer, disque explosé et explosif fomenté avec Greg Rémy (Ghinzu) et quelques autres délurés qui n’avaient probablement pas idée d’où ils meOaient les pieds, on croise les fantômes d’Arno, des Pogues, de Gainsbourg, du Velvet Underground, de Sonic Youth et Noir Désir. Que des morts, oui. Qui reprennent vie sous une autre forme et une autre voix. Une voix cramée qui tend vers le Tom Waits, en français dans le texte. Une dernière filiaton ? Imaginez un Nick Cave capable de détachement et d’autodérision. Pas simple, certes, mais c’est bien de cela dont on se rapproche. Parmi ces onze chansons aussi bancales que solides, Voyage nous emmène en voyage, sac à dos et vieux treillis militaire dans une Golfe GTI cabossée tout droit récupérée des années 80 alterna