Nevez-Amzer 2023

Album Review

Album: 
Nevez-Amzer 2023
Artist: 
MADELYN ANN
Record Label: 
AZTEC Musique
Style: 
POP-FOLK-ELECTRO
Date: 
21/03/2023
Reviewed by: 
NOPO

MADELYN ANN Nevez-Amzer

En 2016, Robin Foster (an englishman in Camaret) invite une jeune femme à chanter en breton 'Running Up That Hill' ce qui donne 'Gant Ma C'helljen'.
La fille, du même coin, adore Kate Bush, moi aussi.
Elle chante donc en breton, moi non plus... mais ça ne m'empêche pas d'aimer ses chansons.
Même si son grand-père a vécu à Kergloff près de Carhaix, Madelyn vient d'un autre bout du monde, Cherbourg, chez nos chers amis normands.
Elle s'est mise au breton... par amour... du breton... mais pas jusqu'à tomber dans le trad!
Sa musique respire la modernité électro-pop colorée sans aucune correspondance avec le vêtement blanc, ancien, qu'elle porte sur la pochette (photographie Morgan Labbé).

On avait adoré l'EP "War-Vor" récompensé par le prix de la création musicale en langue bretonne 2021, voir ici
J'avais écrit "L'hirondelle annonce le printemps avec 'Nevez-Amzer'", après le passage de l'artiste à Zef & Mer. On m'a rétorqué "Une hirondelle ne fait pas le printemps".

Le premier titre sent pourtant le parfum d'une nouvelle saison et l'herbe coupée fraichement. On pourrait presque entendre les oiseaux chanter dans les arbres.
'Fiñv' ('Bouge', pas le solaar 'bouge de là') incite donc à sortir de sa tanière avec sa mélodie pleine d'euphorie. Le chant, solaire, baigne dans l'allégresse.
Les claviers fleurissent sur un lit rythmique ondulant. On ne peut que bouger, voir voler, le visage ouvert par un sourire béat.

Une voix, au loin, vient se poser sur 'Roz' et se renforce.
Une basse caoutchouteuse accompagne les percussions d'abord discrètes avant l'arrivée, toute aussi rebondissante, d'un fond de grosse caisse (pas à fond la caisse).
Le clavier déverse des notes entêtantes. La voix de fée nous entraine comme par magie.
Le titre sort en clip, capté sur la Pauline lors de la fête des vieux gréements de Paimpol.
Ce n'est pas la couleur de la mer, plutôt celle de la tendresse. 'A qui vais-je donner mon cœur?' s'interroge-t-elle (la Madeline pas la Pauline!)
 
'Bevezhin' démarre au piano / voix tel une comptine ou une espèce de kan ha diskan revu et corrigé.
Sur le refrain, des éclairs de guitare viennent se greffer propulsant une bouffée d'oxygène à la tête.
La mélancolie, par une boucle au clavier, plane sur cette plage exhumant des craintes 'Nous allons manger la planète'.

Et voici un arpège lumineux à la guitare pour éclairer le chemin de 'Ganit'(avec toi). Puis la cadence, sautillante, prend le dessus.
Des fingersnaps sur les couplets alternent, délicatement, avec la batterie qui cogne, sur le refrain, dans le même élan que le 'Waterfront' des Simple Minds.
Après un passage chuchoté, l'orchestration se renforce pour filer par une belle vigueur avant de s'évanouir.

Une boucle réverbérante au synthé ouvre la voie à 'Preizh' ('Proie'), qui au 'B' près pourrait représenter la Bretagne.
La rythmique rectiligne m'évoque à nouveau les Simple Minds et Dieu sait si je les aime.
Le babil des synthés échange avec la voix angélique de Madelyn (qui défend la cause féminine).
Malgré le thème grave, l'ambiance atmosphérique, tout près des étoiles, nous fait flotter dans l'espace.

Particulièrement électro, 'Chom ennon' ('Reste en moi') démarre sur des petits grésillements électriques (comme une machine qui rend l'âme).
Le roulement à la batterie marche sur les traces de 'Running up that hill'.
Une guitare mélodieuse, à trajectoire planante, vient transpercer le morceau telle une nova aveuglante.
Totalement imparable, cette composition nous donne une envie folle de danser.

'Tad' touche...
La chanteuse s'adresse, de façon attendrissante, à son père.
Une amertume palpable traverse néanmoins la chanson avec son lot d'émotions.
Le chemin se fait en balade, douce-amère, s'achevant dans une orchestration plus riche.

Madelyn, presque solennelle et toujours émouvante, lance le morceau titre 'Nevez-Amzer'. La batterie installe ensuite un rythme martelé et constant.
Une guitare, intervient, par instants avec des accents dark ou cold wave, et à d'autres moments, lâche des rayons chaleureux.
Un berceau de synthé soutient les vocaux, épaissis, sur le refrain.
Ce morceau, plein d'amour et de nostalgie, surfe sur une mélodie prenante.

Une corde pincée lance 'Kant Milden' ('100000 hommes') et le chant s'y accroche. La batterie balance un motif captivant au fin doigté.
L'arpège, plus loin, se transforme et se répète en broderie cristalline saillante.
Ce petit air gothique (aux paroles tristement poétiques sur la destruction de la planète) sillonne le morceau, saisissant.

La dernière plage respire profondément, dans un flux et reflux.
Quelques notes notes, effervescentes, gouttent au clavier et produisent une écume enivrante.
La pulsation progresse en gonflant nos poumons et notre cœur, emplis d'air.
Le chant se promène avec une grande douceur. 'Dour'(Eau), un magnifique final, essentiel.

 

Charmeur, dans le sens ensorceleur, semble le meilleur qualificatif pour ce disque profond.
Une fois démarrée l'écoute, il est particulièrement difficile de l'interrompre, tellement la sève mélodique nous parcourt.
Cette musique diffuse une énergie vitale qui réveille nos sens et donne une envie folle de bouger.
Un printemps paradisiaque (en faisant abstraction des alertes)!

Madelyn Ann, Chant
Olivier LE HIR guitares, piano, synth, programmations
Gaëtan FAGOT basse, synth, piano, programmations, chœurs
Brendan COSTAIRE batterie, percussions
Musiciens additionnels Niciolas Moreau et Pierre Le Gac

1- Fiñv
2- Roz
3- Bevezhiñ
4- Ganit
5- Preizh
6- Chom ennon
7- Tad
8- Nevez-Amzer
9- Kant Milden
10-Dour
Enregistré par Eric Cervera et Gaetan Fagot
Mixé par Pierre Le Gac
Mastérisé par Benjamin Joubert

 

https://www.facebook.com/MadelynAnnProjekt