EP - You're The Same As Me- Boo Sutcliffe (feat. Claire Helm)

Album Review

Album: 
EP - You're The Same As Me- Boo Sutcliffe (feat. Claire Helm)
Artist: 
Boo Sutcliffe (feat. Claire Helm)
Record Label: 
Aldora Britain Records
Style: 
indie pop
Date: 
31/08/2022
Reviewed by: 
NoPo

EP - You're The Same As MeBoo Sutcliffe (feat. Claire Helm)

 

NoPo

 Aldora Britain Records

 BOO STUCLIFFE You're the same as me EP 2022

L'atmosphère fleure bon les grands espaces américains et pourtant, je citerais plutôt les influences du dandy presque français Elliott Murphy ou, down under, des Crowded house et de Ben Salter ou Pete Ross (découverts à notre Binic Folk Blues Festival voisin).
Des artistes qui savent écrire et pas que! L'artiste peut, sans hésiter, leur crier le nom de son EP ou essayer à l'envers 'I'm the same as you'.

Le p'tit Boo vient du Yorkshire anglais, biberonné musicalement par sa mère et ses deux frères, flacon chauffé au bain-marie épicé rock&folk. 
'Blink' son premier album sorti début 2021, cligne de l'oeil à un sobre americana plutôt folk.
Sur son nouvel EP, les arrangements s'enrichissent et une femme semble sensible au clin d'oeil.

4 track EP feat. Claire Helm
    You’re The Same As Me
    The Last Train
    The Time, The Time
    A Thousand Things
All songs by Boo Sutcliffe
Produced and performed by Boo with:
Claire Helm lead vocals (track 1 & 4) backing vocals (track 1, 2 & 3)
Andy Wright violin (track 2)
Mixed and mastered by Carl Rosamond

Artwork: Puy Soden
Video/photography: Roger Kinder, Fat Mustard Films
EP Design: Gary Fenton
Le visuel du disque présente une peinture aux tons bleus, dans ce qui ressemble à un ciel un peu tourmenté, avec en son centre, un trou sous forme d'ellipse bleue et orangée à l'aspect 3D trompeur.

  Claire Helm faisait uniquement les chœurs sur le debut album, elle prend ici une place plus importante.
C'est une auteure-compositrice-interprète et violoniste écossaise, originaire des Shetland, habituée à la scène.

Elève de Doctor(!) Tom Anderson (grand violoniste des mêmes iles), elle joue dans le duo traditionnel Blyde Lasses mais soigne aussi sa voix dans le groupe de reprises rock Highway 62 et en solo (écoutez l'évanescent 'Stand still'! )

Mais revenons à nos moutons (des Shetland?) et à leurs bêlements harmonieux.

Un arpège, faisant sonner des harmoniques, nous accueille joyeusement avant qu'un synthé électro ne nous surprenne. Il se transforme aussitôt en un nappage plus classique et soyeux.
Le rythme, bien marqué autant à la guitare et au clavier qu'aux habituels basse/batterie, active rapidement nos muscles pour se trémousser.
Boo ouvre le premier la bouche avec un trémolo pas mou du genou. La chanteuse arrive et l'osmose s'effectue naturellement et délicieusement d'emblée. Sans le côté pop, on est en droit de se souvenir de Cock Robin.
Le clavier s'amuse par petites touches. La guitare n'essaie pas de lui voler la vedette d'autant plus, qu'à mi morceau, des cuivres rutilants apportent une euphorie inattendue. Super idée!
Sous ses enluminures, ce titre fait croire à une belle histoire d'amour d'où ressort, finalement,  beaucoup d'amertume 'But the first thing you gave me was the last thing that I need'.
Ça pique! Pourtant l'atterrissage se fait en douceur et légèreté, présentes aussi dans les mots du refrain 'Floating'. 'Falling' 'Fluttering'. Quel moment fantastique!

Sur 'The last train', le violon d'Andy Wright change l'aiguillage. Mêlé aux cordes égrenées à la guitare sèche, sur laquelle il glisse et pleure parfois, il souligne la valse hésitation 'You don't know about me i'm not sure about you'.
Ce morceau, spontané, d'une grande délicatesse, semble flotter pareil aux personnages du premier titre. L'arpège sautille et la batterie vient l'accompagner tranquillement à la même cadence.
La basse enveloppe chaudement la trame où Claire s'en tient aux chœurs chauds accolés à la voix principale pleine d'émotions, telle une confidence. Les dernières plaintes en who-ho-ho donnent le frisson. Effet garanti!!
L'ambiance triste et douce s'apparente à 'Year of the cat' d' Al Stewart. Carrément chamboulant!
.
'The Time, The Time' mélange deux grattes, électrique et acoustique, qui s'entendent à merveille.
La réverb ouvre les espaces, les paroles, fredonnées d'une voix tremblante, creusent un malaise, en ouvrant les guillemets 'The line the line the line I crossed yours You crossed mine' vers une histoire d'amour qui finit mal (en général).
Le clavier vient tracer son large sillon pour y déverser les graines de choeurs bien aérées 'ouh-ha' en duo mixte et ça germe!
Le final balance, monte 'The time the time the time' puis redescend lentement 'The line ...' dans une grande fluidité.

Claire prend les choses en main et le chant en voix sur 'A Thousand Things' posé sur un arpège en boucle. Elle chante en clair-obscur des paroles touchantes 'And all I see is the hole in the place where you used to be'.
L'orchestration s'étoffe avec la rythmique à basse grondante et une guitare électrique jouant aux éclairs secs et vibrants.
La composition file vers la lumière et les étoiles dans un prog-folk éblouissant. Un piano électrique vient rappeler 'Riders on the storm' des Doors.
Des saccades zébrées secouent ensuite la mélodie et les fines vocalises en ouh-ouh terminent le morceau comme aux meilleures envolées des sœurs Wilson du groupe Heart (le mot apparait dans le texte 'A thousand deadly deeds and a brave heart').
Le mien apprécie en battant la chamade!

Boo, c'est trop court!! Un disque comme ça, c'est clair, arrive trop vite au bout!
J'appuie sur le bouton pour boucler les chansons de Boo/Claire, et je remonte le son...
Cette sensibilité à fleur de peau fout le bourdon et en même temps, la fièvre, on veut y retourner encore et encore...
Quel avenir pour ces deux là? Brillant j'espère et j'ai vraiment hâte d'entendre la suite.