DERIVES La nuit ne viendra pas EP 2023

Album Review

Album: 
DERIVES La nuit ne viendra pas EP 2023
Artist: 
DERIVES
Record Label: 
Autoproduction (Enregistrement à La Carène)
Style: 
POP Folk indie
Date: 
12/03/2023
Reviewed by: 
NOPO

DERIVES La nuit ne viendra pas EP 2023

Marcus (Radio Activ') a du flair en invitant Tangi de DERIVES pour une interview téléphonique. Des quoi? Des rides?
Non DERIVES! Va falloir changer ton appareil auditif surtout pour les écouter!
Je découvre des artistes particulièrement attachants à travers une pop folk fraiche et délicate. Ils font référence, notamment, à Supertramp, Neil Young et à la (fausse) naïveté de Dick Annegarn.
Une voix, deux voix, l'une féminine, l'autre masculine, Quentin et Justine (frère et sœur), quant un est là, l'autre n'est pas loin (Hopopop ça dérive!).
... et même plus, car les voix de Tangi et Maël les rejoignent parfois, toutes aussi  désarmantes de justesse et de douceur.

Justine Morvan : textes, chant et basse,
Quentin Morvan : textes, chant et guitare,
Tangi An Dreo : batterie et chœurs
Mael Guego : guitare et chœurs

On a eu droit, il y a peu, à une session live de Pandaroo, autres brestois à fleur de peau. Le bout du monde créerait-il un microclimat favorable?
On citait, à cette occasion, Dominique A et La maison Tellier... Dérives s'engouffre dans une atmosphère encore plus évanescente, floquée de mots gréés.
Je suggère le voisinage des Mountain Fire, 3 filles des Yvelines et des bruxellois de Tempête bleue.
En tous cas, on espère que le vent les portera jusqu'à Bonjour Minuit (salle des musiques actuelles de Saint-Brieuc)... viendra plutôt que viendra pas (avec ou sans la nuit...).

Côté artwork :
Photo de couverture floue, la mise au point semble artistiquement approximative.
3 personnages debout (a priori une femme et 2 hommes) allument un feu dans un champ de blé bordé d'arbres.
On le sentira, la chaleur, en particulier humaine, joue un rôle important dans leurs textes.

Côté compos :

'Déluge' est construit pour glisser. La guitare monte aussitôt sur des arpèges aériens que la voix de Justine cherche à atteindre.
Les chœurs nous font fondre littéralement sur cette mélodie touchante et que dire des textes superbement ciselés?
Après un peu plus d'une minute, le rythme change en passant par un bruissement reggae, pas vraiment gai.
Pas triste non plus, l'ambiance s'inscrit dans une mélancolie sensiblement transmissible.
Les chœurs dégoulinant de 'ohoh' nous serrent le nôtre (de cœur) en 'émotion diluvienne'.
Encore un plus, le petit gimmick à la guitare s'accroche aux parois des méninges et n'en décolle plus.

'Alma' suinte de poésie. Alma mater, nourrit de sentiments exacerbés le conteur qui tourne en boucle 'Help me, Help me'.
'Help Me Get My Feet Back on the Ground' proposaient les Beatles... Impossible ici, on vole si haut!
On vit l'intensité des paroles, tellement bien écrites à travers un drame sentimental.
Le riff, lui, dédramatise en arabesques. La batterie cadence avec tact, nimbée par le roulis de la basse.
Les voix font des prouesses complices, parfois ensemble, parfois emboitées, déboitées, décalées ou carrément séparées.
Elles se répondent en 'Help me'... inutile... besoin de personne pour percuter.

Les toms tonnent, légèrement, cahin caha, et Justine cherche ses racines à ciel ouvert.'Ouvert le ciel', démarre au milieu de quelques éraflures sur la guitare et des éclats de cymbales.
La voix d'homme vient confirmer une évaporation vers le ciel, une élévation de l'âme. La corde, électrique, joue la douceur éthérée.
Les vocaux pluriels se taquinent en croisements puis, plus loin, en vocalises. Où sont les anges?

Le chemin de guitare conduit à travers, plutôt qu''Avec le temps' qui n'oublie rien.
Le flux agit, homéopatiquement, dans un lent balancement impulsé par une boucle à la guitare. Son effluve flotte ensuite et nous enivre de bonheur.
Quentin chante, plein de profondeur, l'apaisement dépassionné. Justine prend le relais et prêche la pleine conscience. Comment rester insensible?

Cette fois c'est trop tard, 'La nuit ne viendra plus'. L'intitulé de l'EP l'envisageait, ce titre conclusif le confirme.
La brume synthétique envahit le paysage comme un cocon douillet. Un accord effleure à peine les cordes.
Puis la batterie bondit tel un cabri, sautant de charley en ride et de ride en crash. Des rides? Non Dérives! Juste des ondes...
Quentin prend le premier la bonne voie, grave, mais Justine le rejoint en double file.
Les baguettes heurtent le cercle, alternant avec le son de grosse caisse derrière la guitare déperlante, insensible à cette brume laiteuse.
A Justine de déclamer ses paroles toujours aussi poétiques. Les voix battues en neige, montant des 'ohohoh', jamais ne battent en retraite.

 

Voici des musiciens qui ont eu l'occasion de pratiquer la chorale ensemble, leurs harmonies divines en témoignent.
Des mélodies délicates et faussement simples dérivent du bout du monde, en oxygène dans nos veines.
Sans chimères, les paroles éclatantes dégagent une douce mélancolie.
Un disque juste sublime!

 

1-Déluge
2-Alma
3-Ouvert le ciel
4-Avec le temps
5-La nuit ne reviendra plus.

(Crédit photo & Visuel Erle Marec )

https://www.facebook.com/derives.musique