Album - When You Found Me - Lucero

Album Review

Album: 
Album - When You Found Me - Lucero
Artist: 
Lucero
Record Label: 
Liberty and Lament
Style: 
Alternative country/ country punk
Date: 
10/01/2021
Reviewed by: 
NoPo

 Album - When You Found Me - Lucero

 

par NoPo 

 

label -  Liberty and Lament

La jolie couverture chatoyante présente une cité futuriste sur fond de planète claire (marron) embrasée par des faisceaux de vaisseaux spatiaux ou de projecteurs.
Un croissant de lune brille dans un coin et des traces de météorites zèbrent un ciel étoilé.
Au 1er plan, un ensemble de bâtiments striés de blanc se serrent côte à côte en différentes formes modernes, une ville lumière en ébullition.
Le patronyme du groupe, marqué d'une police blanche empâtée, s'assoit au dessus du dessin, prolongé par un trait de la même couleur qui souligne le titre orangé de l'album.Très bel équilibre pour un décor de science fiction associé à 'LUCERO', étoile brillante en espagnol.  Tout concorde même l'avion!

On peut dire que la formation (originaire de Memphis -Tennessee-) entre déjà dans un âge canonique. Après 23 ans d'existence, elle révèle cette année impaire son 14è album (pour gagner vaut mieux pas rester sur 13 disait Vendredi!). Leur projet musical mélange, à la base, punk et country (du punktry en quelque sorte).

Matt Ross-Spang enregistre leurs dernières créations (élaborées dans une atmosphère covidée) à Memphis. La pièce sonore tourne parfaitement rond et compte 10 titres (pas besoin de rendre la monnaie).
Ben Nichols pousse la chanson d'une voix nasillarde et un peu monotone qui, sans un air de tourterelle, roule cool.
L'écriture s'inspire principalement de sa famille avec des amorces de petits contes, à chair de poule, destinés à sa fille de 4 ans.
Les synthés (chauds comme dans le chaudron de l'ASSE et joués par Rick Steff-anois, normal!) vintages et les guitares affutées transcendent les compositions.
Les racines sont à chercher dans les années 80 mais plutôt sous influences américaines à la feu (et tout flamme) Warren Zevon voire à l'épique 'Born in the USA' de Springsteen.

'Have you lost your way' balance un superbe riff simplissime, tapissé de nappes de clavier, et de volutes d'une seconde guitare.
Le titre donne l'impression de ne jamais vraiment démarrer et de ce fait, il maintient une certaine tension de bout en bout.
La voix se laisse ensuite porter dans une montée jubilatoire provoquée par la rythmique puissante, saupoudrée de quelques notes de piano ou de fulgurances de guitare.
Une belle ambiance pour un périple de gamine menacée par une présence maléfique indéfinie. Etonnant cette ambivalence entre force rock et puérilité!

'Outrun the moon' transpercé par un riff excitant, s'élance dans une cadence qui donne une envie de danse. La mélodie tamponne agréablement le fond des oreilles.
On kiffe le solo de guitare tonique et enjoué de Brian Venable. Le flirt (kiff kiff) durable guitare claviers réjouit l'épiderme. L' histoire se répète avec une petite fille qui doit se défendre de méchants...

'Coffin nails' surprend par des accords de guitare en balade et une voix trainante sur un tempo moins entrainant que précédemment. Steff sème quelques graines au piano et ça pousse avec majesté.
Les paroles de Ben relatent une histoire de son grand-père au sujet de la mort de son propre père (vous suivez?).

'Pull me close don't let go' s'accroche à notre branche sensible et ne la lâche plus. Le cheminement rectiligne du titre se fait dans une grande douceur apaisante (des airs de 'My hometown' du boss).
La litanie toute simple (venant de paroles répétées le soir par la fille de Ben) déclenche un effet addictif lié aux arrangements chaleureux où seul le clavier s'échappe par un beau solo, orné de nuances au piano.

'Good as gone' enfle dans un rythme basse/batterie aguichant, parfois taquiné par un piano délicat. La guitare gratouille en entrée puis, virevoltante, prend de l'ampleur sur le refrain plus soutenu et lyrique.
Le sujet demeure, à nouveau, identique à 'Outrun moon' ou à la piste d'ouverture (jamais 2 sans 3), on ne s'y perd pas.

Un arpège de guitare acoustique ouvre grand la porte à 'All my life'. Chaque couplet ressemble à une intro alors que le refrain monte d'un ton avec tous les instruments en osmose joyeuse.
Il s'agit d'une sobre chanson d'amour d'une spontanéité désarmante.

Dans 'The match' ce sont orgue et guitare sèche qui humidifient les yeux d'emblée. Une fois de plus, on se laisse séduire avec plaisir par cette chanson qui parle d'un rêve ivrogne d'ensorcellement.
Le refrain rejette la faute sur le whisky et la religion...

'Back in Ohio' me fait immanquablement penser à Bruce Springsteen. L'orchestration se pique au E.Street Band, même le saxo claironne.
A l'instar du patron, le costume aime les références aux USA, les villes et les états ... d'âme aussi. Ici, un idéaliste part faire la révolution et la bascule à Cuba.

La guitare reste la boussole de LUCERO, ici, elle dirige les musiciens dans une ville en feu ('A city on fire') et au milieu d'une nuée de poussières.
La voix, bien orientée et sans stress, me fait penser à Graham Parker.
Un outro commence dès les 2 tiers de la plage. Sous une pluie de débris comme autant de notes éparpillées au piano, on prend les coups de massue de la batterie overdubée.
La guitare nous entraine vers une issue par un dernier tunnel gimmick au clavier.

Les arpèges de 'When you found me', nostalgiques, chatouillent les entrailles. Le piano glisse et le clavier joue du violon sur des mots d'amour (destinés à la femme et la fille de Ben) pleins de métaphores...
Une douceur qui vient en signature au bout de l'album.

Tous ces titres deviennent particulièrement attachants au fil des écoutes. D'habitude, c'est le propre d'oeuvres complexes qu'on découvre petit à petit.
Ici, c'est l'inverse, on sent des musiciens impliqués, jouant simplement, sur la même longueur d'ondes, sans côté démonstratif mais avec maîtrise.
Dans une belle cohésion (pourtant chacun a performé de son côté), l'interprétation, relevée par un feeling remarquable, s'exprime par une superbe suite musicale.

Line up
Ben Nichols chant
Brian Venable guitares
Rick Steff claviers
John C. Stubblefield basse
Roy Berry batterie

Tracklist
1. Have You Lost Your Way?
2. Outrun The Moon
3. Coffin Nails
4. Pull Me Close, Don’t Let Go
5. Good As Gone
6. All My Life
7. Good As Gone
8. Back in Ohio
9. A City on Fire
10: When You Found Me