Album - Viagra Boys - Welfare Jazz

Album Review

Album: 
Album - Viagra Boys - Welfare Jazz
Artist: 
Viagra Boys
Record Label: 
YEAR0001
Style: 
post punk- blues rock - garage
Date: 
07/02/2021
Reviewed by: 
NoPo

Album - Viagra Boys -  Welfare Jazz

 

par NoPo

 VIAGRA BOYS Welfare Jazz 2021

 

Label: YEAR0001

Allez Hop, chassons les idées préconçues, le viagra n'agit pas que sur les vieux, la preuve! Et ça b... heu ça marche! Justement la bande ne s'en cache pas!
Ils déboulent leur arty show vigoureux et sans tabous.

Sur scène, la grande classe punk dégouline sur la peau autant que par terre, mélangée à la bière, où Sebastian Murphy, leader improbable, n'hésite pas à se rouler.
On l'a vu dans le Vercors (à St Brieuc), sauter à l'élastique d'art rock. On pourrait penser à Shane MacGowan des Pogues qui aurait flirté avec Iggy Pop.
La pochette du disque pleine de graffitis, directement en provenance des toilettes, ressemble à son corps couvert de tatouages et probablement un peu à son esprit bien en vrac.
Il faut dire que le gars abuse et assume en plus! Natif de San Francisco, il met les bouts et s'exile dans une rue (principale?) de Stockholm, où il forme Viagra Boys en 2015, alias les vers de la rue, sur leur premier LP (Street Worms).

'Welfare jazz' c'est la sécurité sociale du jazz, inventée en Suède pour aider les 'essentiels' musiciens de ce genre. Les boys espèrent-ils bénéficier de subventions en intitulant leur album ainsi et en intégrant cette influence dans leur punk?
13 titres boueux, dont 3 courts intermèdes, remplissent leur demande administrative.

'Ain't nice', un aveu, un cri des entrailles, le single décolle comme un train à vapeur pataud. La basse vrombit sur le beat associé à un clavier dérailleur.
La voix puissante éructe du fond de la gorge sur un ton jubilatoire. En liberté, les synthés peuvent délirer à souhait et inviter le sax free à se lâcher telle une sirène de bateau... puis l'échauffement continue dans un interlude en clin d'oeil 'Cold play'.

Le rythme léthargique, à la Velvet Underground, de 'Toad' associant saxo, guitare et clavier rampe à la manière d'un crapaud dans le caniveau où se reflèterait la lune.
'I Don't need no woman...' ose Sebastian alors qu'il vient de se faire plaquer (sans or mais avec perte et fracas). Le morceau répétitif, à bout de souffle, s'évanouit dans un bruit d'éclaboussures et de clochettes avant d'enchaîner sur un poème déclamé 'This old dog', un chien sénile, ancien agent secret!

Des sons chelous soulignent une contrebasse chaloupante. La guitare distordue annonce 'Into the sun' dans une voix garage posée sur un rythme à tom (Waits for no-one?).
Ce soleil met surtout en lumière des regrets et son teint blafard éclaire un blues poisseux. Aveuglant!

En contrepied, claque 'Creatures', single sur un synthwave sautillant. Par instants le sax barrit comme un éléphant.
La voix plaintive pleure sur un refrain, pas plus réjouissant que le précédent, 'We are the creatures down at the bottom' et pourtant... on se sentirait bien de se défouler sur le dancefloor!

Une fois n'est pas coutume, un riff de guitare entame '6 shooter' bientôt rejoint par un synthé pointilleux. Basse/batterie régulent au métronome cet instrumental rock intense.
Alors que le développement se perd dans des bidouillages électros, le morceau repart de plus belle harangué par un saxo qui trompe énormément. Excitant!

L'intermède 'Best in show II' semble extrait d'une bande son, couverte par une voix off à la Joe's Garage de Zappa.

'Secret canine agent', ou le retour du vieux chien au pédigrée d'agent secret, balance 1'45 de rythme répétitif déchiré par un saxo partageant quelques frasques avec un clavier détraqué. Délirant!

Donna gazouillait 'I feel love', Sebastian chamalose, à la Shane, 'I feel alive'. Une lente et lourde procession (ou plutôt une sarabande pour le Viagra) contraste avec quelques notes légères à la flûte et au piano.
Le refrain aurait plu à Tom Waits avec sa démarche titubante et la voix éraillée et saturée essayant, ironique, de se convaincre 'Jesus Christ, I feel alive'. Paralysant!

Encore un barrissement de saxo pour impulser 'Girls and boys' parti dans un rythme disco binaire et hypnotique avec sa basse à la New Order. La charley sollicitée provoque la voix qui grommèle des borborygmes.
L'auteur aime les hommes comme les chiens et les femmes comme les crevettes! Le sax jouit d'une carte blanche sur cette composition sombre qui finit en pétarades. Electrisant!

'To the country' promène dans une ambiance mélancolique à la Nick Cave, à la différence que Sebastian, le dérangé, chante une ode à une vie rangée avec sa chérie, à faire pousser des légumes et s'occuper des chiens et des poules...
Un rythme simple quasi électronique, accompagné d'une note unique au piano, prépare des envolées lyriques de cuivres, ponctuées par des tambours symphoniques. Epoustouflante, la plage aurait mérité de s'étirer plus longuement!

'In Spite of Ourselves' rend hommage au songwriter américain de country-folk John Prine, disparu récemment (même si enregistré avant). Il s'agit d'un duo, assez léger et enfantin, avec Amy Taylor, chanteuse des punk-rockeurs australiens d’Amyl and the Sniffers.
L’histoire décrit simplement l'amour entre deux personnes ordinaires. La composition s'allonge, à répétitions, sur un terrain marécageux.

Ce disque sonne incroyablement ... incroyable! Il mixe du jazz country punk rock dans un mélange explosif de Tom Waits, Idles, Iggy et Nick Cave. 
Ces drôles de musicos, fous et foutraques mais inventifs et libérés, faut pas (ce n'en est pas un) les mettre en prison, ce serait l'insurrection instantanée.
La pilule bleue semble difficile à avaler la première fois (toute toute) sauf que la perception des couleurs, partant du bleu (évidemment) des coups sur la peau et allant jusqu'au rouge sang, devient rapidement hallucinogène.
Des gens déjantés ... pas des gentils,  mais d'une sacrée trempe!

Line up
    Sebastian Murphy
    Benjamin Vallé guitare
    Oskar Carls saxophone
    Elias Jungqvist Claviers
    Henrik Höckert basse
    Tor Sjödén Batterie

Titres (produits par Matt Sweeney et finalisés en compagnie de Pelle Gunnerfeldt et Daniel Fagerström)

1. Ain't Nice 03:33
2. Cold Play 00:32
3. Toad 03:35
4. This Old Dog 00:37
5. Into The Sun 03:58
6. Creatures 03:33
7. 6 Shooter 04:51
8. Best In Show II 00:47
9. Secret Canine Agent 01:45
10. I Feel Alive 04:29
11. Girls & Boys 04:40
12. To The Country 02:58
13. In Spite Of Ourselves 05:01