Album - The Spectre Beneath - The New Identity of Sidney Stone

Album Review

Album: 
Album - The Spectre Beneath - The New Identity of Sidney Stone
Artist: 
The Spectre Beneath
Record Label: 
self-released
Style: 
Progressive, Power Metal
Date: 
07/03/2021
Reviewed by: 
NoPo

 Album - The Spectre Beneath - The New Identity of Sidney Stone

 

par NOPO

 Self-Released

THE  SPECTRE BENEATH - The New Identity of Sydney Stone 2020

The new identity of Sydney Stone ferait un très bon titre de thriller et que dire de cette couverture d'agent secret telle une splendide affiche en noir et blanc?
Un man in black, genou à terre, pistolet à la main droite, l'autre main l'équilibrant au sol, disparaît progressivement en poussières qui s'envolent ('Ashes to ashes' chantait Bowie, on y reviendra...).
Les mentions du groupe et le titre, dans les mêmes teintes, s'estompent de manière identique.
Cette habile mise en scène titille mon imagination aspirée par une histoire fantastique qui ferait disparaître un personnage avant qu'il n'existe.
Mais je m'enflamme un peu... Noëlle, me suggère, pertinemment, que son ancienne identité s'efface.

Echappé du groupe anglais Plague and the Decay, habitué aux mélodies torturées et aux artworks soignés et inventifs, Pete Worall change, lui aussi, d'identité.
Il réunit ici une chic équipe de choc conservant son batteur, multi-membres, pour le second album conceptuel de Spectre Beneath.
Cocorico, une french vocaliste émigrée à Austin, plus habituée des reprises poppy (notamment japonaises!) élargit le spectre.

L Lockser – voix
Pete Worrall – guitare/basse
Consta Taylor – Batterie
Musiciens additionnels :
Vini Assis – guitare
Martin Worrall – Piano/clavier
Katy Lennon – choeurs

Pour se repérer un peu, je cale quelques coordonnées géo-musicales : Kamelot, The Intersphere, Gojira, Amaranthe (en gardant l'énergie mais pas le côté commercial).
On peut glisser la plaque dans la case métal power prog, histoire de ne pas trop se perdre dans une galaxie multidimensionnelle.

'Clockwork Heart' n'égrène aucun compte à rebours, mise à feu instantanée. Les tronçonneuses démarrent au quart de tour et la batterie passe le mur du son pour nous scotcher sur nos sièges.
Seule la voix se préserve, comme elle peut, dans une bulle dépressurisée.
L'interprétation tendue maintient notre tête sous l'eau pendant 2 mns et nous laisse seulement respirer au moment du refrain qui autorise la chanteuse à gémir 'Why can't I breathe in, I want to breathe in'
Dans le clip, un lapin (chasseur) menaçant effraie le spectateur qui en fait les frais.
Le solo de guitare haletant de Vini Assis fige l'atmosphère dans une sidérance hypnotique et lance, à nouveau, le chorus sur une rampe de fusée interstellaire.

Un bruit de grésillement oppressant fait lâcher un cri à L. Serait-ce la 'Voice in the Static'? Les instruments font bloc dans une fulgurance rythmique à effet de fouet. La voix colle comme l'électricité statique.
Sur le refrain, des choeurs aériens mettent du coeur à répondre en beauté, Lockser se laissant aller à quelques chuchotements. Une seconde guitare crache un solo émoustachant.

Par son riff cassé en dents de scies, sa basse vrombissante et sa batterie dévastatrice, 'Broken' m'emporte dans des effluves d'Evergrey mais la mélancolie d'Englund y est remplacée par la tonicité de Lockser, chanteuse à rebrousse poil.

Les nouvelles annoncées confirment le pessimisme ambiant (plutôt en mal) par des infos de terrorisme mais 'Have you waited for the world to change?'. La voix fragile se lamente sur un arpège de cordes dans un mid-tempo lourd.
Ici, le glas sonne (pour qui?). Alors qu'un soutien puissant de guitares et choeurs en armada monte crescendo, la voix est finalement abandonnée a capella dans les dernières secondes.

L'intro plutôt heavy de '20 Shillings a Town' où s'échappe des sons de foules, surprend par un ton maidenien. A plusieurs voix, un break force le respect puis le cède à de fières guitares.

A l'entrée de 'The Last Light In The House', la basse imposante baisse la lumière que la guitare tamise, la batterie bavarde avec L. Cette fois, l'ambiance se veut rampante comme une menace envahissante.

'The Criminal' s'amorce par des bruits d'émeute et de pneus, qui crissent avant de précipiter un début de chaos.
Les enchaînements, sans ruptures, coulissent avec vélocité sur un rythme constant jusqu'à la fin de ce qui ressemble à une course-poursuite.
Par sa mélodie flottante, le refrain apporte un peu de répit. Puis, la guitare-balaie intercepte alors, au son d'éclats de verre, la voiture du criminel dans une fuite éreintante qui n'en finit plus. 

'The Funeral' porte bien son nom car on sent l'air irrespirable, envahi par une épaisse brume de prières de dernière heure 'Forgive me father...' qui met mal à l'aise malgré des voca 'L' ises légèrement orientalisantes ... doom doom doom!

'The Premature Burial' s'enfonce dans la pénombre comme ce corps enseveli. La gratte déchire dans la douleur d'un chant plaintif, interrompu brutalement à 3'30.
Après un break filtrant, au loin, quelques cloches, paroles liturgiques ('Ashes to ashes-on y revient-, dust to dust') et bruit de pelle qui creuse une sépulture, un duo de guitares acoustique et électrique fricote sur une voix en souffrance et la batterie qui frappe fort.
Puis une guitare électrique luxuriante bientôt rejointe par une seconde part dans de captivantes envolées à la David Gilmour.
Une basse ronflante prépare alors le terrain à de nouvelles guitares épiques, encouragées d'abord par la chanteuse seule puis des choristes. Sur toute sa longueur (8'20), le développement convaincant demeure impressionnant de variété.

'The Phone Call' L'appel téléphonique de Sydney, souffle court, obtient une réponse terrifiante 'You 'll feel like a new man cause you will be a new man', confirmée par un piano dépressif.

La pluie orageuse annonce 'The Exhumation'. Les guitares bondissent en flammes et la batterie lâche ses nombreux chevaux dont on entend les sabots. Le chant s'accroche pour suivre ce rythme effréné.
Les cordes hurlent et brûlent au bout des doigts des musiciens hors pairs. Perdue dans un rire de folle, L. laisse la conclusion déclamée par une inconnue comme une sentence inquiétante, le nom même de Sydney Stone doit disparaitre sinon 'You will be killed! We will be watching you....'

Oui Sydney... L., le monde est stone, et son coeur de pierre.
Cette symphonie tonne dans une déflagration contenue par des mélodies magnétiques.
Là où on pouvait s'attendre à des tics death, growls, voix bestiales ou à l'inverse des signatures en coloratures (voire les 2), on apprécie une voix émouvante et nuancée, qui tempère l'h'ardeur musicale.
La puissance de l'interprétation suffit à empêcher la tension de faiblir mais Lockser apaise en contrepoint charmeur et inhabituel pour le genre.
Une odyssée passionnante presqu'aussi opaque qu'un certain monolithe noir!

Titres autoproduits :
1. Clockwork Heart
2. Voice in the Static
3. Broken
4. Have you waited for the world to change?
5. 20 Shillings a Town
6. The Last Light in the House
7.  The Criminal
8.  The Funeral
9.  The Premature Burial
10. The Phone Call
11. The Exhumation