Album - 'Songs From The Elkhorn Trail,' Jim Lindberg

Album Review

Album: 
Album - 'Songs From The Elkhorn Trail,' Jim Lindberg
Artist: 
Jim Lindberg
Record Label: 
Epitaph Records
Style: 
Campfire punk
Date: 
07/12/2021
Reviewed by: 
NoPo

Album - 'Songs From The Elkhorn Trail,' Jim Lindberg

 

 Epitaph Records

 

NoPo

 Jim Lindberg - Songs From the Elkhorn Trail 2021

Avec un 'H', Lindberg aurait pu traverser l'Atlantique, il se contente, ici, de nous envoyer ses voyages musicaux.
Le gars, parfois bien énervé, compose, dénonce et le hurle dans Pennywise depuis plus de 20 ans, il était temps de souffler et de revenir aux racines de son enfance!

La très belle pochette de Bob Dob fait référence à 'Elkhorn Trail' près de la maison de Palm Desert où vivait le père de Jim (décédé en 2018).
Un dessin coloré présente Jim, assis, à la guitare, accompagné d'un PC portable allumé, devant un feu de camp. Qui consomme le plus?
Canettes, bouteilles, mégots et paquet de cigarettes jonchent le sol sec. Jim n'est pas en reste!
Une mule bien chargée, de couvertures, pichets, et d'un skateboard, semble apprécier la musique, contrairement à un élan dont les bois et ossements se perdent à terre.
En fond de paysage, la montagne contraste avec une forêt d'éoliennes défiant des sortes de palmiers qui lui font face.
Tout en haut, l'écriture jaune, du titre et du nom de l'artiste, frêle et tremblotante, barre les 'O' et marque d'une croix les 'I'. Jim, fragilement, fait son bilan, près de l'os, en 12 diagnostics courts.
01. The Palm Of Your Hand
02. I Feel Like The Sun
03. You're Not Alone
04. Hello Again
05. Don't Lay Me Down
06. Not One Of Them
07. Blood On Your Hands
08. Good Enough
09. It's Only
10. The Basement
11. On Fire
12. Long Way To Go
Produit et mixé par Tedd Hutt (GASLIGHT ANTHEM, LUCERO, DROPKICK MURPHY'S)

Les premières notes irrésistibles évoquent un Petty beatelsien et la voix, légèrement nasillarde et couverte, me fait penser à Graham Parker.
'The Palm Of Your Hand' peut servir autant à une baffe qu'à une caresse. Ici, on a droit aux 2! Les paroles fluides sont touchantes.
La guitare tout comme la batterie assure le rythme pendant que la basse, très musicale, se promène librement.
Le style légèrement folkisant dégage une atmosphère sereine avec choeurs et frappes dans la paume des mains.
Les 'whoa-oh' faciles à chanter embarquent le moindre auditeur passant dans le coin : "I said whoa-oh let your feelings show, You got the answer in the palm of your hand"

'I Feel Like The Sun' déverse une couche de claviers soyeuse au ton très américain. On est inexorablement entraîné dans une danse encore plus éloquente lorsque le souffle des trompettes mariachis surgit.
C'est si réconfortant de se baigner dans une telle évidence. Pourtant le constat semble rude :
"Cause I feel like the bastard son Of the vile and unlucky ones Riding off in the desert sun"
Le solo de trompette, culotté, déshabille nos préjugés. La plage nostalgique, cependant optimiste, invite à se charger au feu du soleil "But inside I’m still burning up".

'You're not alone' marche dans les pas d'une ballade vive et joyeuse au clair de lune. On suit avec entrain le type sympa qui gratte les cordes sensibles de sa guitare folk.
Michael Stipe (REM) pourrait nous accompagner. Les baguettes balayent plus qu'elles ne frappent dans une ambiance à la basse musicale.
"You got more friends than you will ever know", même si tu te sens seul, tu n'est pas tout seul!
D'ailleurs, voici les potes qui l'accompagnent sur l'album :
Marc Orrell Guitare
Joe Gittleman Basse
David Hidalgo Jr Batterie

'Hello again' interpelle par sa légèreté derrière des paroles mélancoliques lourdes de sens.
'My kingdom for a drink, It helps me not to think,... loneliness is my only friend'
Les accords de guitare ponctués bientôt par une corde en virgule font lever le coude et les sanglots dans la poitrine.
Au bout, un piano de saloon dégage des effluves de whisky et convie les buveurs à chanter en choeurs.

'Don't Lay Me Down' s'écoute religieusement auprès d'un feu de bois et d'une tente, image identique à la pochette.
Un violon vient nous faire frissonner malgré les flammes "Don’t Lay Me Down - Don’t Fall Asleep I’m drowning and I can’t speak".
L'auteur exprime une espèce de sensation de dépouillement face à la disparition de son père.

'Not one of them' sonne richement. Il contient des 'whoa-oh' de choeurs émoustillants qui correspondent au contenu lyrique des textes.
Ils dénoncent les faux amis et encouragent à ne pas leur ressembler.
Le refrain "The cold hearts – the fickle friends Don’t ever let me become one of them" claque, imparable.

'Blood on your hands' marie harmonica et voix avec une guitare véloce. Juste une impulsion au pied et une basse discrète viennent compléter l'instrumentation sobre.
Pas de sang sur les mains mais la main sur les cordes conduit ce morceau countrysant, totalement adapté à une soirée intime autour d'un feu de camp, un moment favorable à une remise en cause.
Le constat demeure sombre "Look around there’s nobody left you can trust... What happens when no one remembers your name?" 

'Good enough' comporte un balancement de la main sur les cordes tout aussi vif. Cette fois, guitare/voix suffisent à construire la structure de cette chanson rudimentaire et au message triste et simple :
"No one ever tells you that this life could be like this No one ever tells you that the streets at night are rough" qui se termine sur une timide éclaircie "They may have killed the body, but our dreams will never die'.

Le violon vient faire pleurer les cordes que les doigts frottent et le poil gratté se dresse et le coeur se serre, et ça suffit...
Un thème sur la brièveté de la vie "It’s only – a show that never lasts ... It’s only – a life then it’s gone too fast".

'The basement' s'avance âpre et quasi nu, juste une boite à rythmes, sommaire, une guitare, sans fioritures, et un chant, sans effet, puis un saxo rugueux s'invite par surprise au final.
Pour les paroles changement de cap à 180, Jim affirme d'emblée "Don’t take me down to the basement I really don’t wanna go" et conclut par "Let’s Go Down to the basemеnt I really do wanna go!".

'On fire' invite un harmonica sur une cadence élevée, marquée d'une simple frappe au pied.
Le débit de paroles essaie de suivre le rythme rapide de la main sur les cordes. En sortie, choeurs et roulements viennent participer au grand feu de joie pour la poursuite de ses rêves "Tonight I’ll set this town on fire".

'Long Way To Go' il y a du chemin parcouru, il en reste à parcourir... d'où je viens, où je vais, dans quel état j'erre, état d'âme et questionnement universel :
"Sometimes I don’t know where I’m going Can’t remember where I’ve been".
La guitare sèche accompagne la voix dépouillée, parfois juste entourée d'un violon.

Cet album sincère me rappelle celui de LUCERO que j'avais eu l'occasion de chroniquer début Janvier.
L'examen introspectif de l'artiste donne lieu à une expression libératoire perceptible dans sa musique facile à mémoriser.
Les chansons sont imprégnées de ses origines et du souvenir positif de son père.
Un bel hommage qu'il réussit à partager.