Album - Skalli, Ins & Outs

Album Review

Album: 
Album - Skalli, Ins & Outs
Artist: 
SKALLI
Record Label: 
Music Box Publishing
Style: 
folk rock
Date: 
11/12/2021
Reviewed by: 
Michel Preumont

Album - Skalli, Ins & Outs

 

 Music Box Publishing

(michel) 

 

Skalli?

Des bijoux de fantaisie? Un négociant en vin? L'ex-belle-soeur  d'une nageuse, chevalier( ère) de la Légion d'Honneur devenue actrice? Un requin cultivé?

C'est tout? T'es en manque d'imagination?

Leur page YouTube spécifie: SKALLI, c’est deux musiciens parisiens fans de folk et de rock anglo-saxon, qui s’unissent dans les années 2010 pour faire vivre et partager leur musique et le son vintage de leurs idoles (Neil Young, David Bowie, le Velvet Underground).

Des précisions?

Florent Skalli ,  chanteur, multi-instrumentiste, dont le nom figure au line-up de plusieurs groupes parisiens au début du siècle, avant de le voir mettre le cap vers les States où il est enrôlé par l'équipe des Headgear Recording Studios ( R .I. P; depuis fin 2012), où il fréquente quelques individus pas idiots ( TV on the Radio, Yeah Yeah Yeahs, Moby,  Phosphorescent, Massive Attack, Animal Collective, etc....) et Serge Descombes, qui, sorti de la fosse, s'est mis à la batterie, on le retrouve au sein de, e a,  Orouni.

En 2012 paraît le minimaliste  ' Stories' , au succès confidentiel et, près de dix ans plus tard, la paire lâche 'Ins & Outs'  qui se veut plus ambitieux.

Tracklist:

01. I Feel Fine (2:30)
02. If You Fall (3:58)
03. Keep It for Yourself (4:29)
04. Lost Cause (4:49)
05. Pantomimes (3:22)
06. Pennsylvania Avenue (3:42)
07. The Ashes of Mine (4:48)
08. The Day Will Come (5:27)
09. The King of Rome (4:42)
10. Try Me (3:05)

Musiciens -   Florent Skalli (voix, guitares et claviers) et Serge Descombes (batteur, choeurs) + Virgile Allien à la guitare et à l'harmonica et Pierre Guérant à la basse.

Sur scène, Skalli recrute  Paul - Herry Pasmanian (basse, chœurs) et Galindo Cuadra (guitares, keyboard).

 

 

 

 

 

L'illustration de la pochette est signée Cléo Descombes, elle représente une dame pensive, qu'on dirait tirée d'un manga nippon, elle se demande apparemment ce que ses oreilles vont entendre dès que la rondelle sera glissée dans le lecteur.

Avec un premier morceau intitulé ' I feel fine', ton cerveau avance immédiatement les Fab Four,  mais ce sont des sonorités folk rock aux accents psychédéliques  rappelant les Byrds , Buffalo Springfield ou le Crazy Horse de Danny Whitten, que tu perçois.

Et comme eux, tu te sens bien,  tu sifflotes le refrain, tandis que des guitares sudistes, soutenues par un tambourin pas mesquin, balayent les airs.

Le midtempo ' If You Fall' navigue  dans les mêmes eaux, on aime beaucoup les sonorités élastiques de la guitare, la voix en contrepoint, les effets psychédéliques aux teintes late sixties  et des harmonies que n'auraient pas reniées America.

On a survolé une interview  donnée à un magazine pas con et appris que  'Keep it for yourself' est une fausse chanson douce, destinée à des gens pas vraiment aimés, des amis ayant trahi.

Après l'intro mélodieuse sur accords ciselés, le tempo monte.

 Le jeu métronomique du batteur permet aux guitares de broder librement, quelques soubresauts impulsifs  viennent supporter le refrain ...whatever you may know, what is it you wanna show, keep it for yourself ...  auquel succède un doublé de guitares digne de Wishbones Ash.

Super, ce morceau!

'Lost Cause' n'offre aucun coloris salsa à la manière des ' Causes Perdues' de Bernard Lavilliers, ici encore, l'inspiration est à chercher du côté de la scène psychédélique de LA , la sunshine pop, pratiquée par des gens aussi recommandables que Love,  Quicksilver Messenger Service ou Spirit .

Des harmonies vocales soignées, des la la la la 's quelque  peu racoleurs et des changements de rythme brusques, caractérisent cette plage habilement travaillée.

Le single ' Pantomines' , ses lignes d'harmonica précieuses, son sifflement allègre,  succède à la cause perdue. Les guitares alternent passages acoustiques et lignes électriques, elles te donnent une furieuse envie  de caracoler dans les champs, de cueillir une pâquerette pour la coincer entre  tes dents et de sourire à la vache qui te regarde bêtement. Malheureusement, ce n'est qu'un rêve, ça fait une semaine qu'une pluie immonde inonde prés et bosquets,  les vaches se cachent et les merles ne chantent plus.

Ne cherche pas la 'Pennsylvania Avenue' à Auch ou à Montauban, pour l'American Dream, direction Washington DC.

Prends ton temps, regarde les filles et écoute ces guitares décontractées!

Quoi, tu aimes J J Cale, nous aussi!

'The Ashes of Mine'. 

A force de fumer, je suis devenu cendre, c'est pas de Bowie mais d'André Santini.

C'est qui ce Santini?

L'acteur?

Non, un juriste qui fait de la politique.

Il fume quoi?

Des gitanes, mais n'utilise pas un billet de 500 francs ( nouveaux) pour allumer sa clope.

Assez plaisanté, revenons à nos agneaux.... un peu de poussière sur les doigts qui grattent l'acoustique mais un chant  propre et lumineux.

C'est le style de truc que tu veux entendre à ton enterrement, les cendres, tu les balanceras dans l'océan, un jour où il n'y a pas trop de vent.

Non, Johnny, un jour viendra tu me diras "je t'aime", ' The Day Will Come' raconte une autre histoire, un jour je pourrai compter sur toi , qu'il chante,  et les guitares batifolent, et t'as envie de fredonner le refrain, et elle va t'aimer et vous serez heureux et  vous écouterez Wilco, REM et pourquoi pas The Band!

Et le  Dave Matthews Band ?

Ouais, on continue?

Envoie...

Un downtempo satiné: 'The King of Rome' , rien que l'intro  à l'acoustique va te séduire, et puis si tu te prends pour Néron et que tu n'as nulle envie de partager le trône, on s'en fout, car nous on n'a pas l'ambition de diriger le pays, on veut juste profiter du moment présent, on prend la vie comme elle vient, maybe we'll be dead before we know, pas grave, c'est beau la vie, à Rome ou à Maubeuge.

 

Et puis, il faut que le voyage s'achève et donc voilà le rock 'Try Me'  ses guitares tranchantes, son appel à plus d'espace, aux cavalcades débridées, c'est chouette de terminer avec le morceau  le plus punchy de la collection.

 

Avec ' Ins & Outs', Skalli signe un album qui s'éloigne à mille lieues de la plupart des productions made in France pour nous projeter dans un univers plus proche de Tom Petty, de Bob Seger que de celui de Soprano ou de Kendji Girac, qui s'en plaindra?