Album - No Terror In The Bang- Eclosion

Album Review

Album: 
Album - No Terror In The Bang- Eclosion
Artist: 
No Terror In The Bang
Record Label: 
M&O Music
Style: 
hybride: metal/hip hop/ ambient
Date: 
10/03/2021
Reviewed by: 
Preumont Michel

 Album - No Terror In The Bang- Eclosion

 

Label -  M&O Music 

Il y a un type du nom de Leslie Halliwell  , non, ce n'est pas le grand frère d'une ex- Spice Girls, qui a écrit un bouquin, "The Filmgoer's Companion", un must pour les amateurs du septième art. Dans le supplément intitulé The Filmgoer's Book of Quotes, Alfred Hitchcock tient une place de choix, l'homme aux 46 Academy Award nominations est féru de phrases choc. Dans la collection, on pointe: "We do not recommend suicide as a way of life" ou  "Blondes make the best victims. They're like virgin snow that shows up the bloody footprints", c'est aussi lui qui aurait formulé "  There is no terror in the bang, only in the anticipation of it."
A Rouen, il doit exister un fan du maître, car comme nom de groupe, l'individu a choisi: No Terror In The Bang!

Avant de faire équipe avec  Sofia Bortoluzzi et de concevoir No Terror in the Bang, Alexis Damien officiait au sein des formations Pin-Up Went Down ( art rock/heavy metal)  | Void Paradigm ( black metal)  | Carnival in Coal ( metal avant-garde) ou  Wormfood ( goth, doom).

Sofia, plus jeune, est considérée comme une des nouvelles pépites de la scène normande. Jazz, hip hop, metal, rien ne l'effraie, en dehors de No Terror in the Bang, elle s'extériorise dans le projet Sofia et Mine Sale (  Urban jazz,  Hip Hop, Modern jazz). 

Le duo a recruté Etienne Cochin (Guitare) actif chez Lister, Brice Bouchard (Basse) professeur de solfège, Clément Bernard (Guitare) membre de Pen an Dour et de Fire Balls ( un Jerry Lee Lewis Tribute) et Romain Greffe (Claviers), qui opère au sein de Joad, pour faire un bout de chemin sur la même piste.

Sofia, chante et compose, Alexis compose, se charge de la batterie et des arrangements.

'Eclosion' est leur premier album, le groupe prétend engendrer du métal cinématographique.

Sublime pochette, signée Louise Dumont, une photographe dont on te recommande le travail!

Tracklist:

 

Saule Pleureur
Another Kind Of Violence
No More Helpful Peace (Part I)
No More Helpful Peace (Part II)
Micromegas
21 Grams
Poison
Insight
Uncanny
Preacher Of Steel
Memory Of A Waif (Part I)
Memory Of A Waif (Part II)
Broken Mind
 
Démarrage en mode dendrologique, ' Saule Pleureur' n'offre que peu d'éléments metal,  le salix babylonica, dont les branches lourdes penchent  mollement au dessus d'un étang aussi romantique que le lac de Lamartine, a ses racines enfouies dans un humus trip hop/ambient aux couleurs nordiques, proches des soundscapes éthérés, chers à Carmen Villain.
Les arrangements minimalistes peuvent aussi renvoyer vers les compositions esthétiques d'Erik Satie. Mais, en contrepoint,  il y a la voix, profonde, accaparante, méticuleuse et grisante de Sofia qui te cloue sur ton siège en te refilant des frissons.
Ouah, qui c'est, a interrogé ton épouse.
Un groupe de métal, as-tu répondu.
Tu te fous de moi...
Ecoute la suite, 'Another Kind Of Violence'!   
Ah, oui, effectivement, un registre tout à fait différent.
On passe de Portishead à Rage Against The Machine sans transition et, étonnamment, le timbre de mademoiselle Bortoluzzi vire de l'aérien au tempétueux en se collant aux riffs concentrés et au jeu de batterie lourd de ses petits camarades.
Après 150 secondes, l'orage semble s'essouffler, Sofia murmure au lieu de clamer sa hargne, mais très vite les éléments se déchaînent à nouveau  et tu entends la belle pousser un cri rauque s'estompant au final.
 La suite ' No More Helpful Peace' est explicite, le pacifisme a vécu, aux mouvements follement impétueux, sur lesquels se greffe un chant enragé, amorçant la plage, succède une période moins âpre, introduite par un piano détendu, l'accalmie ne sera que passagère, Sofia, qui se la joue Skin, sans être dénudée au sommet, adopte un timbre plaintif, l'élément masculin ayant repris les armes.
Interlude reposant avec la seconde partie de la séquence,  plus proche de Regina Spektor que d' Arch Enemy.
Voltaire était-il le premier adepte du slam?
'Micromegas' te donne un élément de réponse,
No Terror In The Bang ne sont pas les premiers à avoir fait cohabiter métal et hip hop, Faith No More ou Cypress Hill les ont précédés dans cet exercice, que certains estiment contre nature, mais leur conte philosophique, au final rock houleux, convainc et tient en haleine.
Les épatantes capacités vocales de Sofia Bortoluzzi  risquent de t'en mettre plein les oreilles!
Intermezzo de 63 secondes, bien pesées, avec '21 grams' avant de passer à 'Poison'. 
Alice Cooper n'a pas reconnu son morceau.
Tu dis, ah, bon, ce n'est pas le même venin, effectivement, ce poison repose sur un gentil piano aux allures de musical box, mais le ton est inquiétant, la creepy voice, enfantine,  refile la chair de poule, du coup, tu as été vérifié si tu avais fermé la porte à clef et tu as caché un pétard, pas mouillé, sous l'oreiller. 
Merde, plus jamais tu n'écouteras de la même manière le thème de 'Rosemary's Baby' de Krzysztof Komeda.
'Insight' englobe les mêmes ingrédients cinématographiques, jusqu'à l'explosion après 120 secondes.
Etonnez-moi, Benoît, murmurait Françoise, on lui refilera l'album des Normands, elle va tressaillir!
 A chaque coup tu passes de l'état de somnolence paisible à l'hystérie virulente, sans t'y attendre.
Comme un boxeur acculé, tu tentes d'éviter les coups, mais tu sais que tu ne tiendras pas jusqu'au coup de gong,  un uppercut bien placé va t'envoyer au tapis pour le compte!
On finit par saisir les trucs, allez-y, envoyez-nous la petite musique trompeuse, on sait que ' Uncanny' va nous exploser à la gueule, bande de crapules!
Et vlan, déflagrations à la chaîne, shrapnels fulminants, tirs de mortier, si tu t'en tires,  t'es bon pour une visite chez le doc qui doit te prescrire les petites pilules qui te libéreront de tes angoisses.
Un petit tour à l'église pour écouter le sermon du ' Preacher of Steel', tu attendais un message de paix, l'officiant n'y est pas allé de main-morte, imprécations hargneuses sur tapis musical abrasif, ne crois pas t'en sortir avec trois Ave Maria, tu dois expier, apprête-toi à souffrir comme le Christ sur sa croix!
Second feuilleton en deux épisodes:  'Memory Of A Waif'. 
Partie un, une comptine paraissant bienveillante sur fond de piano et de cordes, néanmoins un sentiment de méfiance s'installe au final.
Partie deux:  éveil en sursaut, les fauves sont lâchés, suis le conseil de Lennon/McCartney: ' Run for your life', en slalom, pour éviter les rafales!   
Sofia, la furie, exhorte les troupes, ils ont sorti l'artillerie lourde et ne comptent pas s'embarrasser de prisonniers, pas de quartier, Jacques!
Tu t'en es sorti par miracle, la troupe s'est assagie et propose 'Broken Mind' , un requiem lugubre que Sofia ponctue de râles effrayants,  après avoir récité son texte de manière théâtrale.
 
 
Il était comment le film?
Passionnant et agrémenté d'une B O renversante.
On attend avec impatience le second chapitre de la saga!