Album - MØSI « Noble dans la défaite »

Album Review

Album: 
Album - MØSI « Noble dans la défaite »
Artist: 
MØSI
Record Label: 
Inouïe Distribution.
Style: 
French rock
Date: 
27/06/2021
Reviewed by: 
NoPo

 Album - MØSI « Noble dans la défaite »

Inouïe Distribution.

 

No Po

 MØSI Noble dans la défaite 2021

Joly, de nom de famille, une fois débarqué à Montréal, les 2 frangins quimpérois se baptisent d'abord 'Moosy' (orignal ou élan du Québec, leur Joly Jumper à eux quoi).
Ni moisis, ni cramoisis, ils deviennent MØSI avec le O barré, un signe? Un vide? Le diamètre? Une prononciation scandinave?
Peu importe l'origine ou l'intonation, on ergote, un groupe est né!
1 album en 2017, retour à Rennes en 2019 avec 1 autre album, et cette année, ils se sentent 'Nobles dans la défaite' (pas un pressentiment footballistique j'espère!).

Ils capturent 7 pistes live,  à Saint-Uniac (35) en Brocéliande :
01 Sol
02 La Part Des Anges
03 Alaska
04 Sous La Pluie, Les Deux - Sèvres
05 Le Bourdon Malade
06 Le Temps Où Les Arbres Étaient Vivants
07 Octobre 
enregistrées par Alexis Bouvier et produites par Magnus Lindberg
Marien Joly, guitare et voix
Melen Joly, Batterie

La pochette ah la pochette... fait la part belle à Gina, la petite chienne alors que le contenu déchire des bribes de cette chienne de vie.
Sur un beau fond bleu, l'oeil pétille de vivacité et le poil, aux teintes marrons dégradées, brille comme la soie.

'Sol' creuse une première stridence comme un sillon larsenique (et vieilles dentelles). Guitare lancinante et batterie toolesque font bloc pour enraciner une cadence solide.
Marien possède une belle voix puissante souvent utilisée à plein poumons... La partie instrumentale centrale alourdit encore l'intensité étouffante puis les doigts accélèrent sur la corde sensible.

Cordes pincées au son de cloche macabre puis frottées, plaquées, elles participent à la rythmique de 'La part des anges'. Elles se grattent le do autant que la tête en écoutant les paroles poétiques.
L'osmose entre les 2 frères est éclatante, leur part est consistante, celle des anges. Puis dans la réverbération, l'ambiance épique et glace autant qu'elle réchauffe.

'Alaska' escalade des échos et des gouffres par des cordes épaisses et tendues et une voix à fleur de peau recouverte d'ecchymoses.
Plaies, blessures? Pour sûr et même, morsures!
Le chant du loup finit par s'éteindre, laissant le temps suspendu, et l'oreille accrochée au filet de guitare planté sur pics à toms. 

'Sous la pluie, les deux Sèvres', pas de quoi frimer pour des bretons! Des accords de guitare s'allongent en laissant de l'espace au chemin.
Après l'Alaska, le paysage du Poitou s'annonce moins exotique mais le voyage toujours aussi extatique.
Sans tactique, tout au feeling, le duo avance par touches et nous gratifie d'une partie flamboyante (3'30 à 4'30), guitare enlevée et baguettes virevoltantes.

Une boucle plaintive présente le 'Bourdon malade'. Les balais, comme des ailes froissées, et le frottement des doigts sur les cordes provoquent des vibrations douloureuses.
Une voix lointaine abandonne le vol sans chaîne, et la suite s'enchaîne sombrement...

L'effet violon scelle le son de la guitare, à l'archet, dans un malaise. Soudain, ça frelonne tristement, en corne de brume, dans un accompagnement de frappes rapides sur la charley et le tom en résonance.
'Le Temps Où Les Arbres Étaient Vivants' dénonce la suie de notre époque. Reiser aurait aimé cette 'époque formidable'.
En plein coeur, cordes et frappes s'emballent avec des effets stroboscopique violents, sur le clip, opposés à la douceur de Gina en action.
Le vol régulier finit par être zébré de (g)riffs et de roulements éruptifs, puis la guitare sonne le glas, avant l'arrêt brutal.

Une seconde averse, comme une gwerz bretonne, avec église mais sans pardon.
En 'Octobre', l'eau tonne, la pluie coule en ruisseau et soudain une lave bouillonnante jaillit dans une envolée lyrique de haute voltige : guitare tendue, cymbales crachantes et voix mayday.
La guitare termine en cloche et l'auditeur sonné, voire désarçonné.

Un grand moment! Marien s'en tamponne que son timbre de voix rappelle parfois Cantat. Quant à moi, je trouve sa voix belle et expressive, encore plus, sur sa guitare en distorsion!
Melen sonne parfois Carey (Tool), avec une caisse claire sans timbre (elle), mais ça maçonne une structure que je trouve travaillée et émouvante.
Le chaud mariage de 2 frères, dans un crachin breton mêlé au froid québécois, de quoi en rester coi!