Album - Love? Who Gets Love? par von Stroheim

Album Review

Album: 
Album - Love? Who Gets Love? par von Stroheim
Artist: 
von Stroheim
Record Label: 
Uproar for Veneration
Style: 
doom
Date: 
06/04/2019
Reviewed by: 
Michel Preumont

Album -  Love? Who Gets Love? par von Stroheim

 

Il y avait, chez Pirandello, Six Personnages en Quête d'Auteur, des personnages en quête d'amour, il en existe des centaines de milliers, même si chez Alain Besançon, ils ne sont que cinq.

Euh, non, Jean-François Michaël, on n'y croit pas à ta ritournelle... Si l´amour existe encore

Il ressemble à tes vingt ans...., bien essayé!

 von Stroheim se pose la question, qui obtient l'amour, sans se pavaner dans le pré.

 

Après le EP ' Sing for blood', sorti en 2015, le trio bruxellois von Stroheim se fend d'un premier full cd. "Love? Who Gets Love?" est paru ce matin, si le coq n'a pas chanté, tu en connais désormais la raison.

Quoi de neuf depuis l'Extended Play édité chez Navalorama?

Les têtes pensantes,  Dominique Van Cappellen-Waldock: voice and  theremin ( Baby Fire, Keiki, Las Vegas, Naifu...) et Raphaël Rastelli ( Keiki, Las Vegas, Les Jeunes...) : guitars, synths and  theremin, sont toujours d'attaque, désormais Yannick Daïf, ayant remplacé  John Thys pendant l'enregistrement, tabasse cymbales, caisses claires et souillées, toms et autres éléments du drumkit.

 

Tracklist:

 

1.Moth 07:09

2.For a Beautiful Girl 05:21

3.Pulp 05:59

4.Spit 03:59

5.Cigarette Smoke 05:38

6.Wire 04:24

7.Red Raw 03:14

8.Blood Institute 07:12 

C'est quoi ce truc qui vole, une mite?

Non, un papillon de nuit.

 Pendant plus de sept minutes the 'Moth' va voleter au dessus de ton crâne, s'accrocher à ta chevelure mourante, puis se coller sur l'écran de télévision passant 'The Wedding March'. Le  fond sonore lugubre,  des halètements poussifs, un grincement torturant, la voix glaçante d'une gamine  possédée, imperceptiblement se transforme en doom lancinant sur lequel se greffe la voix samplée de Joan Bennett dans Hollow Triumph.

 On y est, le cadre est planté, il s'inspire des  thrillers en noir et blanc produits juste après le second conflit mondial, la bande-son se complaisant dans les tempos lents et lourds pour créer une atmosphère de désolation et d'affliction.

' For a beautiful girl' se traîne avec peine, cette fille, diaphane, semble s'être échappée d'un tableau de

Fernand Khnopff.

 Inexpressive et comme pétrifiée, elle contemple,  d'un regard morne, ce monde qui n'est  pas le sien.

Après une intro liturgique au synthé, Pete Simonelli des Enablers récite, d'un  timbre de prophète schizo,  le texte de 'Pulp', avant que Dominique Van Cappellen-Waldock ne décore la plage de râles ou de vocalises hantées.

Ambiance dans le bar! 

Un nouvel emprunt au film noir, la  voix de  Frances Osborne ( dans 'Murder by contract' ) est utilisée pour historier ' Spit' tandis que la voix macabre de Mrs Van Cappellen-Waldock débite ( crache?) son discours sombre.

Pour une fois, le tempo s'éloigne de la lenteur caractéristique du doom pour, oh, légèrement, accélérer.

Le violon chagrin  que l'on perçoit dans les volutes de ' Cigarette Smoke'  est tenu par Franz Krostopovic ( Sparkle in Grey), la trame demeure angoissante et tendue, si tu ressens comme une sensation de blocage au niveau de la gorge ou de l'œsophage, c'est normal, le stress nous gagne, tous!

' Wire', il est mince le fil sur lequel se déplace le funambule, la voix samplée est celle de  Vince Edwards ( toujours extraite de 'Murder by contract'), les choeurs sont assurés par Caroline Norris- Blanchet.

Tu dis, Frank?

 I've got you under my skin

I have got you, deep in the heart of me

So deep in my heart that you're really a part of me

I've got you under my skin....

D'accord, dans ' Red Raw' elle scande I had you under under my skin, mais si tu pensais à une chanson d'amour, t'étais plus qu'à côté de la plaque, rythmes saccadés, vocalises hantées, drumming frénétique, thérémine dément,  soupirs , râles, funèbre spirale, comme disait l'autre,  ça craint, même pour celui qui aime dévorer son biftèque dégoulinant.

Suivez le guide, nous pénétrons dans le 'Blood Institute' , une maison qu'un prince de Valachie aime fréquenter.

Ne vous laisser pas abuser par le fond musical léger du début de visite, très vite le ton va monter, le thérémine élastique rebondir sur les riffs lourds et répétitifs confectionnés par le râteau italien et l'incantation, déjà dépressive ,se transformer en rugissements effarés.

Ite missa est!

 

Tu le savais déjà, Love? Who Gets Love? le confirme, von Stroheim est l'un des groupes les plus intéressants de la scène indie from Brussels.

 

Le 10 avril au Café Central, Yves Hoegaerden, si tu me lis, avale une Blanche pour moi!