Album - Little Destroyer - 1134

Album Review

Album: 
Album - Little Destroyer - 1134
Artist: 
Little Destroyer
Record Label: 
Tiny Kingdom
Style: 
noise - dance punk
Date: 
20/01/2023
Reviewed by: 
Preumont Michel

Album - Little Destroyer - 1134

 Tiny Kingdom

michel 

En 2013, à Vancouver, il y avait, ( oublie Véronique Sanson), un trio s'essayant au noise rock, il prit le nom de "Legs".

 Allie Sheldan et les frangins  Chris et  Michael Weiss, s'acharnaient sur leurs instruments, ou s'époumonait pour la petite Allie, dans une remise plus ou moins insonorisée en espérant se produire sur scène, un jour.

Des débuts connaissant un succès mitigé .

Le projet est momentanément suspendu lorsque Allie file vers L A.

'On reste en contact, boys'.

'Sure, Allie!'

Les Weiss partent rendre visite à leur copine en Californie, le trio travaille à de nouvelles compositions,  sans parvenir à trouver un producteur qui soit capable de procurer un son adéquat à leur cocktail, ils ont toutefois dégoté une nouvelle identité, cadrant mieux avec leurs chansons agressives et lo-fi: Little Destroyer.

2016, ayant déniché un producer,  les singles 'Bad Cell' et  'Rattlesnakes' voient le jour.

Le groupe tourne et compose, d'autres singles paraissent, dont ' 21' ou ' Alpha', un full album est en préparation.

2022, Little Destroyer découvre l'Europe et joue  au Reeperbahn Festival à Hambourg et, enfin, hallelujah, en octobre, l'album ' 1134' est disponible.

Pourquoi, 1134?

Aucune idée, on a consulté les anges , pas les tristement célèbres Hells Angels ( remember Altamont), qui nous informent:

The 1134 numerology has precisely appeared to you, and you wonder what does 1134 mean. Indeed you have a message from the divine beings. Angel number 1134 is a compilation of the vibrations of number 1 appearing twice, amplifying its influences with the energies of number 3 and number 4. Angel Number 1134 brings a message to focus on the Divine spark within yourself and manifest your desires.

T'as essayé avec ta date de naissance, ça a donné  "Triangle de suspension" , 56,49€, t'as pas acheté!

 

Tracks

 1. godcomplex
02:46
2. sucker4u
03:07
3. hitmanE
02:31
4. only way out
02:24
5. timezone
03:20
6. love and anarchy
02:59
7. xbar
02:47
8. it's been a while
11.34

 

 Vocals, Bass, Keyboards, Percussion : Allie Sheldan

 Drums, Percussion: Michael Weiss.

 Guitar, Synth, Percussion : Chris Weiss.

Coup d'oeil à la pochette: une feuille de papier chiffonnée, dans les tons rose délavé, il s'agit peut-être d'un semblant de setlist, bourré de ratures.

Le nom du groupe apparaît par deux fois, en grands caractères  détériorés, dans la partie supérieure et sur un encart à côté d'un cercle,  rempli d'inscriptions indéchiffrables. Le titre de l'album, répété trois fois, complète la publication sur la carte de visite.

Mademoiselle Catherine, institutrice retraitée, te signale ceci: si un élève m'avait remis un tel torchon, il volait illico presto à la poubelle ( le torchon) . 

Catherine Langelaid est de la vieille école!  

Go...

'godcomplex' , je suis exceptionnel, je suis fort, intelligent, beau, je suis Dieu... 

OK, tu présentes tous les signes du complexe divin.

Entrée en matière détendue, presque céleste, murmures frêles, quand soudain une machinerie noisy jaillit, le ton change, la voix aussi, elle devient friable et paresseuse et  débite un texte  en  flow rap , qui finit par te taper sur les nerfs, un choeur  soucieux et discordant, en arrière-plan, ajoute un aspect répulsif à la tirade reposant sur un fond indus saturé qui  te refile des frissons.

Et Dieu, ?

Ce ne semble pas être le même que celui qui a dit à Moïse... Je suis le Seigneur ! Je suis un Dieu plein de tendresse et de bienveillance, lent à la colère, riche en bonté et en vérité...

Celui-ci annonce I'm a dick to you,  bref, de quoi passer à l'athéisme!

Dans le même ordre d'idée ' sucker4u' vient te secouer sans compassion, le truc évoque le punk crasseux des Slits , des filles ayant salement secoué l'univers musical à la fin des seventies.

On sèche une larme en pensant à Ari Up et on revient à Allie,  à ses vocaux péremptoires et à son message amoureux d'une poésie romantique, une nouvelle fois, guitares stridentes et synthés abrasifs viennent lacérer tes tympans.

Une seule solution, danser tel un robot malade, comme la fois où tu as assisté à un concert de Shitdisco.

En entendant l'intro de ' hitman', un mec cite les B52's, pourquoi pas?

Le titre fait référence au  harcèlement qui concerne toujours bon nombre de femmes. Sur une ligne de basse, qui tabasse sévèrement, viennent se greffer  les piques de guitares forant joyeusement des petits trous dans ton crâne. 

Hit me with your rhythm stick, chantait Ian,  ici, ils ont sorti tout un éventail d'armes destinées à te blesser.

Allie, qui refuse de répondre aux  bip bip bip incessants du   téléphone, déclame négligemment    son laïus féministe  alors que des castagnettes et une chorale pop,  virant braillements énervés, en background,  habille habilement ce morceau qui atteint la cible en plein centre.

Place au tourbillon 'only way out', il n'y a qu'une issue, elle le clame haut et fort .

Démarrage en force: drumming acharné , vocaux déformés, fond electro punk survolté,  chorale animée, tous en file pour suivre Allie le poing levé,  en clamant l'hymne à pleins poumons.  

Il faut bien se calmer après toute cette débauche d'énergie et de fureur, 'timezone' vient à point nommé.

Une plage, presque propre, aux relents girl doo wop groups des sixties, The Ronettes ou The Shirelles, par exemple.

Dommage que Phil Spector n'ait pas survécu au Covid, il eut apprécié. 

' love and anarchy', rien que pour la ligne... love's like a molotov bomb... tu recommandes cette plage à tous les joyeux cassant du flic à chaque manif.

Se faire un poulet est une preuve d'amour!

La basse, qui n'a rien à envier au jeu de J J Burnel, imprime un rythme soutenu , synthés, percussions, riffs de guitare se marient magistralement tandis qu'Allie dépeint sa vision d'un monde parfait puisqu'il doit disparaître.

Forcément en entendant 'xbar' tu vas songer au 'Eisbaer' de Grauzone, deux plages addictives s'imprégnant sans délai dans ton cerveau.

Une nouvelle tranche de dance punk irrésistible, bourrée d'effets fusée, de bruits de sirènes, de grincements industriels,  un truc qui doit faire un massacre lors de  futures rave parties pendant lesquelles la consommation de psychotrope peut atteindre des sommets.

'it's been a while' finalise l'exercice en douceur.

Une guitare délicate accompagne la voix caressante d'Allie et t'invite à valser gentiment, les yeux clos, évidemment, comme Little Destroyer est classé dans la catégorie noise, tu te doutais bien que toute cette guimauve allait accoucher  d'un final moins détendu.

Quelques crissements percent, le ton monte, la guitare s'agite, Allie se tait, et puis, abruptement, tout s'arrête au bout de 3'15"", alors que la pochette indique 11'30".

Ils nous font le coup du morceau caché, qui apparaît alors que l'horloge pointe  9'.

Un punk track classique, Allie devient Poly Styrene,  la guitare crache des flammes, la basse pulse de manière infernale et le batteur a sorti les casseroles, le tout sans aucune fioriture du point de vue production , un son ' live',  brut  et sale.

Un disque tonique, idéal  pour réveiller le punk qui sommeille.

 

En février le groupe doit tourner au Canada comme support de Dune Rats.