Album - GLIZ – Mass

Album Review

Album: 
Album - GLIZ – Mass
Artist: 
GLIZ
Record Label: 
 Label Youz Prod
Style: 
rock hétéroclite
Date: 
12/12/2022
Reviewed by: 
NoPo

Album - GLIZ – Mass

 Label Youz Prod

NoPo 

 

 

 

GLIZ - Mass 2022

3 mecs du Jura s'assemblent en 2014.
1er album "Cydalima" en 2019, encensé par 'Longueurs d'ondes' et pas que..
Un Julien remplace un autre, Julien Michel a cédé sa place à la batterie et aux choeurs à Julien Huet, parfois déjà présent en live.
Les 2 survivants :
Florent Thissot s'y connait en miel et vin jaune, très bon pour le chant. Le banjo, remplace sa guitare dont il avait cassé les cordes!
Sorti d'une fanfare balkanique, Thomas Sabarly, lui, maitrise tuba, farfisa et choeurs.
Et pour le nom Florent?
 "...une « exo planète » à plusieurs années lumières avec de l’eau, s’appelait Gliz 432. J’ai trouvé que ça sonnait pas mal et l’idée qu’on pouvait faire du rock sur une autre planète nous convenait bien".
Encore un coup des extra-terrestres alors?
Parcourons donc leur galaxie!

'Not the end' contredit les Doors par sa lumière que Gliz préfère à l'obscurité.
'I hear the call of the song birds Not of the crows'
Malgré sa mélancolie, le morceau transporte au firmament.
Les cordes grattées au banjo tissent une toile sur laquelle une voix de tête grimpe tout en haut.
D'emblée, l'émotion gonfle à l'avant d'un bruit de fond indescriptible.
'This is not the end  Just another day'
Sur le refrain, le son de basse bloque une touche au clavier, une seule mais quelle note! Puis souffle le tuba recouvrant des choeurs plaintifs.
Au bout, ça gratte et la batterie s'emporte. Le clavier prend de l'ampleur, le banjo persiste et le tuba, bat le coeur bat!

'Don't hold back' La chanson suivante entame, comme une BO, avec son gimmick au clavier accrocheur qui se tait ensuite pour laisser le banjo balbutier plus loin.
Le souffle du refrain balaie tout y compris les choeurs qui montent au ciel. Les musiciens jouent en bloc-équipe et portent le chant allumé.
'Go back to the strange days Lost in the game Come on, let's go' Ce 'strange days' encore un coup des Doors?
La recherche est continue notamment la guitare-banjo, discrète, racle et place jusque quelques banderilles piquantes.
Les gifles, balancées dans la dernière ligne droite, ne laissent pas insensibles, on prend les coups, on se réveille!
Les choeurs, de plus en plus neigeux, tombent du ciel et recouvrent la mélodie d'une blancheur extrême.

"Mass" fait dans le lourd. A l'ouverture, le tuba barrit tel un éléphant.
Le passage suivant parait attendre sereinement avec des petits roulements de batterie qui explosent sur le refrain.
Oui, la sculpture prend forme dans une masse psychédélique.
Banjo saturé et clavier se mélangent en flux et reflux. Voix et choeurs s'insèrent comme des instruments.

Un orgue farfisa, aux enluminures orientales, entraine avec lui un banjo à dos de chameau.
Batterie, tuba les rejoignent dans 'Illuminations' (inspiré du voyage en fin de vie de Rimbaud) qui porte bien son nom. On traverse le désert pour des oasis dorées.
'I walk to the South Walk to the sand Walk to the sun'.
Les percussions magrébines (qraqeb) frottent le tuba et c'est le génie de la lampe qui apparait. D'autres ont essayé, cherchez sur 'Aladdin sane'.

Banjo distordu/batterie tout en ruptures entonnent un blues rock quasi 70's, presque zeppelinien s'il n'y avait pas ce tuba hallucinant.
Les paroles même jouent la simplicité 'One day mama told me One day daddy told me' en voix doublée.
'The Hunt' se balade en forêt... sauvage. Des secousses chaloupées nous traversent. Le clavier se mêle au chant pour battre les choeurs en neige.

Le banjo solitaire et la voix presque féminine parcourent 'All is fine' dans une espère de prière intimiste.
On perçoit le frottement des doigts sur les cordes comme une douleur nue. On se souvient des Violent Femmes.

'Love bot' développe l'emphase au tuba, batterie et banjo au son de guitare. Une pointe de vrai banjo, un filet synthétique et la voix encouragée par des choeurs célestes intermittents.
Le chant de Florent, habité, reste continuellement porté par le lyrisme, ici rongeur 'I love you bot, you creep in my head'
Chaque chanson comporte un passage recherché, là, un clavier élémentaire, imitant une sonnerie téléphonique, échange avec le banjo enroué et un spoken word vocodé, avant de grimper sur une perche enflammée.

Les cordes se mettent au diapason du tuba, sombre. La voix susurre aux entournures sur un rythme métronomique qui fait mal.
Sur le refrain de 'Totem', le Farfisa illumine et la voix pique par son timbre et ses cris aigus.
Un espèce de flux ramone le développement de la composition rapeuse et captivante à la fois.
Moment de folie 'Let me find you, not to kill you Just to take you in me Hey ! Ho ! On expedition ! Search for the beast now !'
Sur le clip, les explorateurs, en méhari, chassent l'animal totem de la pochette (on en reparlera).
La cadence devient fiévreuse jusqu'au délire du farfisa qui fait fissa lorsque les ouhouh des choeurs s'égarent à profusion.

Le banjo, rauque, se met au blues doorsien rappelant backdoor man ou peut-être 'Waiting for the sun ...to rise' suggéré par les paroles.
Toutefois, l'exaltation rapproche aussi l'ambiance d'Animal Triste. On se perd avec béatitude 'Behind the trees'.
Le refrain, gorgé de clavier, rebondit sur le tuba et les peaux souples. En live, Thomas souffle dans le cuivre et pianote l'orgue tout à la fois, un vrai jongleur!

'Shadow' lâche ses larmes et on dépose les armes sur un banjo triste sur fond de bribes de violon.
C'est fou comme la voix de Florent fait passer le frisson. Elle reprend force sur le refrain au clavier luxuriant.
Plus loin, on devine un steel pan dans les oreilles. Le disque se termine comme il a commencé, lumineux, dans un magnétisme cosmique.

Allumé, inventif, énergique et psychédélique, ce disque, autre et sublime, méduse.
Le décalage se créé dès la pochette qui installe une peluche perchée au milieu d'un univers d'usine métallique.
L'animal, inspiré des kukeri bulgares (voir des Joaldun ou Hartza du Pays Basque), semble imposer la force de la nature sur l'urbain.
Glissez, glissez dans le monde de Gliz, laissez vous porter par ses vagues chimériques et bucoliques!

Titres
1 Not the End 3:58
2 Don't Hold Back 4:49
3 Mass 4:15
4 Illuminations 4:03
5 The Hunt 4:09
6 All Is Fine 3:58
7 Love Bot 5:00
8 Totem 4:15
9 Behind the Trees 4:09
10 Shadow 4:40
Enregistrement et mixage Johan Collovald
Studio la Corbière (ferme du XVIIIè siècle)