Album - Ghosts On Tape - Blood Red Shoes

Album Review

Album: 
Album - Ghosts On Tape - Blood Red Shoes
Artist: 
Blood Red Shoes
Record Label: 
Velveteen Records
Style: 
indie
Date: 
02/01/2022
Reviewed by: 
NoPo

  Album - Ghosts On Tape - Blood Red Shoes

 Velveteen Records

NoPo 

BLOOD RED SHOES Ghosts on tape 2022

Blood Red Shoes vient de Brighton, en Angleterre. Ah Brighton! Ses plages, ses pistolets (Clash), ses émeutes (Stray Cats)...
Quant aux chaussures rouges, elles ne ressemblent pas à celles de Kate Bush...
J'aime que les noms s'imprègnent d'histoires. Ici, il fait référence à la célèbre actrice, Ginger Rogers, dont les chaussures blanches devenaient rouge sang à force de danser dans une de ses comédies musicales (merci qui, merci Wiki!).
Cette couleur pourrait faire penser aux costumes des White Stripes, autre duo des 2 sexes.
Celui, dont on parle, se compose de l'association de Steven Ansell (voix et percussions) et de sa Gretel, Laura-Mary Carter (voix et guitare). A chacun sa voix, quoi!
Réunis en 2004 après la séparation de leurs groupes respectifs, ils ont déjà 5 ou 6 disques à leur actif :
    2008 : Box of Secrets
    2010 : Fire Like This
    2012 : In Time to Voices
    2014 : Blood Red Shoes
    2019 : Get Tragic
5 ou 6? Ils font, en effet, rien qu'à nous perturber ces 2 là!
L'EP « Ø » (vide? pas tant que ça!), troublant, débarque, sans crier gare, courant 2021 en numérique alors qu'il a été enregistré après l'album qui nous intéresse (donc enregistré avant!) et que les versions physiques du dit 'EP' arriveront début 2022 (donc après!).
Et vla-t-y pas que la fille trouve le temps de sortir son 1er effort solo 'A town called nothing' (et pas 'malice' hein?) quasi dans le même temps (néanmoins pas le même style)! T'as tout compris? Parce-que moi ... pfff...

Bon, toujours-est-il que voilà le listing des fantômes sur la bande :
    1. Blood Red Shoes - Comply 03:40
    2. Blood Red Shoes - Morbid Fascination 03:47
    3. Blood Red Shoes - Murder Me 03:35
    4. Blood Red Shoes - (i've been watching you) 00:36
    5. Blood Red Shoes - Give Up 04:12
    6. Blood Red Shoes - Sucker 03:33
    7. Blood Red Shoes - Begging 03:19
    8. Blood Red Shoes - (you claim to understand) 00:36
    9. Blood Red Shoes - I Am Not You 03:24
    10. Blood Red Shoes - Dig A Hole 03:31
    11. Blood Red Shoes - I Lose Whatever I Own 04:08
    12. Blood Red Shoes - (what have you been waiting for?) 00:36
    13. Blood Red Shoes - Four Two Seven 03:30
enregistré par Tom Dalgety (Pixies, Royal Blood) aux Echo Zoo Studios en mars 2020 et... publication en Janvier 2022, tu suis toujours?

Côté artwork, ça flashe un max! Le fond en dégradé fluo, du bleu à l'orange en passant par du mauve, met en valeur la fille, rouge à lèvres et anneau visible à l'oreille, cheveux noirs, petit pull noir raz de cou et lunettes tout aussi noires où se reflète un champignon nucléaire.
Un jet de lumière brille sur sa peau lisse au point de lui donner un côté métallique. Laura-Mary Carter sait se mettre en scène.

Le côté fausse vraie violence décalée du décor éclabousse les personnages de leurs chansons, perturbés parfois jusqu'au crime.

'Comply' ment, il faut écouter la phrase en entier 'I will not comply', aucun conformisme dans ce morceau. Les quelques notes de piano, couleurs d'épouvante, se plairaient bien sur une bande son d'un film de David Lynch.
On frissonne en les sentant relever le poil sur l'épiderme. Les coups suivants, portent sur un tambour, comme une chiourme en galère, et la voix masculine, saturée, gémit jusqu'au cri.
Un brouhaha de train à vapeur, par clavier interposé, nous traverse. Et la pression monte, à cran, en une impression effrayante...

Martiale continue la frappe pendant que le clavier séquence en cadence et nous confie qu'il aime bien Depeche Mode. La brune chante son désenchantement, sans trop de contraste, comme si elle voulait juste s'épancher, installée dans un fauteuil chez un psy (clip).
Elle y met plus de conviction vers un refrain toutefois sans certitude 'Silence never felt so cruel' et plus loin, ôte moi d'un doute 'Is it true?' répété jusqu'à l'obsession dépressive sur un gimmick synthétique.
'Morbid fascination' nous entraîne dans une sarabande pas molle.

Tiens-donc, leur producteur a travaillé avec Royal Blood? Reste plus qu'à enfiler les bonnes chaussures! Le titre pêchu convainc sans peine.
Le rythme monolithique fait tiquer la charley. Le clavier déambule, en faisant des clins d'oeil, et la guitare serpente, venimeuse. Les vocaux féminins nonchalants, presque languissants, séduisent le pavillon.
Sur le refrain, les voix se multiplient avec une envie perceptible 'I know what you want ...' 'Murder me'... en rêve!

En 36 secondes, (I ve been watching you) arrive à faire peur avec ses sons surnaturels dans la radio...
La suite s'engage sur un brûlot à la Killing Joke, un truc de tarés! Effréné, 'Give up', scandé par la voix de Steven toujours filtrée, démarre, dans une explosion rythmique.
Après ce délire de forcené, le son s'estompe en plongeant dans des eaux profondes et sourdes... et soudain, le salut, un clavier nous élève vers la lumière et l'oxygène. Laisse tomber? Surtout pas!

'Sucker' susurré par la voix aguicheuse de Laura, envoûte totalement dès le départ par une phrase mélodique au synthé. La guitare gratte au point d'égratigner alors qu'avec les claviers, on joue sur du velours.
Le rythme mid-tempo, au piano sombre, glisse, nonchalant. La batterie n'en rajoute pas, tout en prenant quelques variantes, elle assure la droiture, laissant les sinusoïdes aux synthés vibrants.
Steven vient parfois prêter voix forte mais pas tant que ça... 'Sucker for your love' colle aux tympans et s'immisce au fond du cerveau.

Une fois n'est pas coutume, une guitare lassée, aux lassos tristement nirvanesques, lance une espèce de litanie. Des bruits de violons viennent aider un rythme électronique à creuser une tombe.
Les vocaux fantomatiques et douloureux se traînent. 'Begging' sait ... mais, vicieux, ne dévoile rien!

(you claim to understand) convoque les esprits pour 36 secondes.
'I am not you'  pénètre via quelques accords mineurs, déchirés par une voix rongée de l'intérieur.
La plage n'en reste pas là, ça s'énerve brutalement dans un cri agressif et une batterie galopante, le synthé jouant l'adoucissant par un thème accrocheur.
Insidieusement, la piste chemine et marque les esprits.

'Dig a hole' on le sentait venir dans 'Begging' et on y est... au fond du trou! La voix fluette de Laura tente de se faire entendre sur une mélodie vrombissante à vacarme confus dans des effets de saturation.
Une guitare 60's et un clavier éthéré essaient de calmer le jeu, peine perdue, la fureur, retrouvée, envahit l'horizon.

Y'en a qu'on pas de bol... 'I Lose Whatever I Own' Y'en a qui le cherche! La caisse claque, tel un fouet, sur une guitare fuzz.
Le refrain laisse passer une voix débridée sur une touche de piano en butée sur la rythmique.
La piste ménage sa monture et l'emmène loin, régulière, imperturbable, derrière les maracas jusqu'au dernier soupir de la vibration.

(what have you been waiting for) encore 36 secondes de fantômes... y'en a qui préfèrent 17(seconds) en cure!
'Four Two Seven' en conclusion, ne s'accroche pas au comptage du rythme tribal introductif.
Une guitare commence à dessiner une mélodie pour la voix suspendue de Steven entonnant une prière, un instant, discrètement posée sur un clavier lointain.
Les percussions, fascinantes, jouent la relance, accompagnées d'un clavier de plus en plus présent et finalement la guitare égrenée, surprenante, si prenante.

Les arrangements, en couches épaisses de réverbe et distorsions, cachent des compositions pleines de trouvailles captivantes.
Ce disque déstabilise et attire en même temps. Malines et très malignes, les mélodies nous hantent jusqu'au plus profond.
Totale réussite, respect!