Album - The Ghost Of Paul Revere - Good At Losing Everything

Album Review

Album: 
Album - The Ghost Of Paul Revere - Good At Losing Everything
Artist: 
The Ghost of Paul Revere
Record Label: 
Rocksnob Label
Style: 
Americana
Date: 
05/02/2021
Reviewed by: 
NoPo

Album - The Ghost Of Paul Revere :: Good At Losing Everything   

Par NoPo

 

Le groupe s'assemble en 2011 avec un patronyme en référence au patriote de la révolution américaine Paul REVERE (originaire de Gironde en France).
Cette histoire prouve les racines profondes des musiciens et renseigne sur leur terroir musical ancré dans la country, le bluegrass, le folk et le rock, en un mot l'americana.
Plus encore, les américains s'investissent dans leur région créant un grand festival local et composent la ballade officielle de leur Etat du Maine avec 'Ballad of the 20th Maine' (régiment d'infanterie).

L'immersion dans leur musique ramène des bribes de Peter Case, The Jayhawks, Jesse Sykes et The Hooters (pour les morceaux les plus rock).

Leur 3è LP contient 12 titres d'une durée moyenne de 3 à 4 minutes (sauf un court interlude et un outro). Produit par Spencer Albee, leur son possède de chaudes colorations vintage très agréables.

Par la pochette (réalisée par Mike Tallman), sur fond de nuit étoilée où figure une couronne de fleurs (à la 'Power, Corruption, and Lies' de New Order), les artistes honorent, probablement, leur ami Taylor, mort récemment du cancer.
Le nom du groupe et de l'album apparaissent en jaune sur une étiquette rouge, striée de jaune, semblable à la partie centrale d'un vinyle.

Examinons le sable des plages :

'Good At Losing Everything' arrive sur la pointe des pieds d'un piano soul baigné de choeurs gospel. Faux départ, banjo ondulant et harmonica prennent le relais pour une ambiance folk.
Basse/batterie et clapping hands and feet frappent un rythme mid-tempo régulier pendant qu'un orgue met du liant dans le mix.
La voix chaude prend des intonations à la John Mellencamp. Un passage a capella et rim stroke relance la mélodie basée sur un constat bien sombre 'You get good at losing everything'.

La guitare glisse sur les ailes de 'Delilare' prenant les ascendants. L'émotion coule à flot d'harmonies vocales fragiles. Ici, tout oscille entre finesse et légèreté.

Quelques notes de piano, haut perchées, tombent en pluie à l'entame du premier single, 'Love At Your Convenience', et la mélodie s'élève grâce à des voix enflammées. La batterie, intense, ne dérape pas d'un iota.
Violon, banjo, guitares, tous s'unissent sur ce morceau vibrant qui relate la fin d'une relation réduite à une excuse 'I say I'm sorry I love you but I ain't coming back'.

'Two Hundred And Twenty Six Days' aurait été composé sur un vieux clavier Casio! Le titre démarre par un banjo léger sur un fond d'orgue et quelques cordes de guitares caressées pas très loin d'un violon.
Et toujours cette voix pleine de vie s'infiltre dans l'émotion. Les choeurs la soutiennent ou la croisent en une énergie positive. Les temps forts fouettent pour donner de la cadence.
A l'inverse du rythme, la poésie des paroles sonnent tristement sur la voyance d'une diseuse de bonne aventure.

'Diving bell' déroule un folk suave et nu comme une profonde plongée en apnée au son d'un banjo répétitif. Seule une basse clairsemée et quelques violons viennent donner une respiration salvatrice à la mélodie à partir de la moitié du morceau.

Totalement à l'opposé 'Travel on', introduit par une bande passée à l'envers, souffle le chaud par des instruments à vent omniprésents. L'atmosphère baigne dans une espèce de funk blues bien noir de peau.
Encore une fois, les paroles évoquent la rupture et la solitude.

Puis vient 'Loneliness' par une entrée aux effluves hawaïennes. Malgré cette apparente légèreté, la voix austère brosse un tableau dépressif ('In your head, you stay in bed') qui finit en emphase ('Loneliness is living without you').
Jusqu'au bout, on se sent saisi par l'émotion.

'When Can I See You Again' ouvre à l'harmonica sur un blues rock tempétueux au parfum 70's des Stones ou des Doors. Les choeurs et les cuivres montent comme des fumeroles volcaniques.
Le magma bouillonne dans un flot langoureux 'Tell me when, oh tell me when, when can I see you again?'

'28:27' glisse un intermède en valses de cordes et sons trafiqués.

'Dirigo' part en ballade country au Texas. Une fois n'est pas coutume, la voix de crooner flirte avec la pedal steel. Le banjo sautillant et l'harmonica western finissent de peindre un paysage sans limite.
La basse immersive arrondit la batterie. Une grande cohésion concourt à un climat chaleureux.

'One Of These Days' ne ramène pas au 'Meddle' de Pink Floyd mais curieusement les premières notes à l'harmonica et à la guitare me font penser 'Aux sombres héros de l'amer' de Noir Desir, et voilà le morceau le plus long.
Comme sur 'When I see you again', la voix légèrement rauque rocke avec Morisson et les choeurs guillerets enchantent et pourtant ...
c'est la plongée morose de 'Diving Bell' qui revient à la surface 'Oh one of these days, I'm going to drown, drown, drown Oh one of these days, to the bottom of the lake'.

'We were born wild' ressemble à une déclaration sur l'honneur et rend hommage au mellotron de 'Strawberry fields forever' pour brièvement clôturer ce voyage enrichissant.

Toutes les compositions donnent l'impression de se compléter, de se répondre ('When Can I See You Again', 'One of these days') ou de s'entrelacer, parfois par quelques notes enchaînées, parfois par des mots en rappel (figure-eight, bathroom, sirens, loneliness), et finissent par former une belle pensée cohérente.
L'album offre une oeuvre forte à apprécier dans son ensemble. Son charme opère progressivement au fur à mesure qu'on se laisse happer par une douceur ambiante.
Cette douceur amère agit de manière insidieuse et envahissante en laissant, malgré tout, planer un parfum de sérénité, proche, toutefois, du soulagement.
Quoiqu'il en soit, on peut le dire Good at listening!

 

Rocksnob Label

LINE UP
    Max Davis - voix, banjo
    Sean McCarthy - voix, basse
    Griffin Sherry - voix, guitares
    Ben Cosgrove - accordeon, piano[
    Jackson Kincheloe -  harmonica, multi-instruments
    Chuck Gagné -  batterie

Tracks:
1. Good At Losing Everything
2. Delirare
3. Love At Your Convenience
4. Two Hundred And Twenty Six Days
5. Diving Bell
6. Travel On
7. Loneliness
8. When Can I See You Again
9. 28:27
10. Dirigo
11. One Of These Days
12. We Were Born Wild