Album - Back in 1955 · Cecilya & the Candy Kings

Album Review

Album: 
Album - Back in 1955 · Cecilya & the Candy Kings
Artist: 
Cecilya & the Candy Kings
Record Label: 
Meseta Records
Style: 
rockabilly - blues- rhythm'n'blues
Date: 
11/02/2023
Reviewed by: 
Preumont Michel

Album - Back in 1955 · Cecilya & the Candy Kings

 Meseta Records

michel 

Cecilya Mestres naît en 1992  à Vilafranca del Penedès,un coin en Catalogne où on confectionne du cava.

A trois ans, elle savait qu'elle voulait faire de la musique, elle prend des cours de langage musical, de chant,  de piano classique en Catalogne et, à 14 ans, elle monte sur scène, pour ensuite faire partie de différentes formations tout en étudiant l'audiovisuel à l'Universitat Politècnica de Catalunya et à la Glyndwr University ( Wales). Elle obtient un diplôme en 2014,  un an plus tard elle met le cap sur Majorque et s'adonne au busking, une bonne école pour maîtriser l'art vocal et musical.

Elle joue, du rock, du rhythm'n'blues ou de la country  dans les bars et hôtels des Baléares avec les groupes, Cécile & the Major Tones et Cécile & The Fernetiks » avant de participer au ' The Voice espagnol.

L'émission lui sert de tremplin, on la signe pour une tournée en Argentine. Revenue en Europe, un ami lui conseille de tenter sa chance à Paris.

Elle avait engrangé  pas mal  de matériel , elle enregistre une démo, et  tourne avec son nouveau groupe, Cecilya & Los Hot Tamales , comprenant  Francky Gumbo on guitar.

Un EP paraît en 2019, le groupe reprend, notamment ' Lucille' . Les clubs de jazz de la capitale  (Le Caveau de la Huchette, Sunset Sunside...) l'accueille avec plaisir, très vite, sa renommée dépasse les frontières du royaume d'Anne Hidalgo, elle joue dans de grands festivals blues ou rockabilly, tels le Festival des Terrasses de Crans Montana, le Bethune Retro ou Jazz en Nord.  

Un premier album solo contenant ses compos,   signé Cecilya, ' Cherry Blossom', paraît en 2021 chez Inouïe Distribution.

Suivi en février 2023 par   "Back in 1955" ( Meseta Records ) , crédité  Cecilya & the Candy Kings.

L'équipe: Cecilya - voice,   Rodolphe Dumont aux guitares, Paul San Martín au piano, Jorge Otero à la contrebasse,  Adrián Carrera à la batterie., et  Sax Gordon aux saxos ténor et baryton en guest.

 1
Back in 1955
03:45
2
I'll Take You to the Party

03:05
3
From Barcelona

03:48
4
Evening

04:17
5
Wild soul

03:32
6
Don't Leave Me in the Darkness

03:19
7
Gimme One Night

03:22
8
What About Love

03:14

 

La pochette montre une Cecilya souriante et arborant   des roses tatouées sur un biceps, à la manière d'Allie Colleen,   la fille de Gareth Brooks.

Pas sûr que les chanteuses country ou rockabilly  des années 50 exhibaient des tatouages sur leur anatomie,  t'en as pas vu chez Kitty Wells,  Patti Page, Brenda Lee ou Wanda Jackson, les tatouages sont la seule concession au siècle, la musique,  elle, garde un caractère vintage. 

Paré pour le grand plongeon, ' Back in 1955' .

 Dwight D. Eisenhower siégeait à la Maison Blanche depuis 2 ans .

Elia Kazan adapte 'East of Eden' sur grand écran, James Dean brille de mille feux 

Marilyn, qui vient de larguer Joe DiMaggio, il  ne connaissait aucune Mrs Robinson,   tourne dans The Seven Year Itch.

A San Francisco, la première organisation sociale et politique pour lesbiennes des États-Unis, the Daughters of Bilitis, voit le jour.

 

La musique: Bill Haley cartonne,  Elvis  Presley was voted the year's most promising male artist. En France, Gloria Lasso chante 'Etrangère au Paradis'.

D'une voix puissante et radieuse, la pin-up catalane, nous chante son amour des fifties, à l'arrière, le piano de  Paul San Martín (Nico Wayne Toussaint,  Slam Allen, Sax Gordon, Tia Carroll, Billy Boy Arnold) sautille comme les fruits confits d'un certain Little Richard, pas étonnant qu'il cite Alan Price comme influence, la guitare, bourrée de reverb, d'echo slapback ,de delay,  de Rodolphe Dumont ( Big Dez, Hoodoomen, The Bloosers), va tirer quelques larmes aux fans  de rockabilly et de Brian Setzer.

La contrebasse et les drums assurent sans guirlandes grossières. Laisse ton copain  faire le plein de carburant à la gas station au bout de la rue, commande -toi une Pabst Blue Ribbon au bar,  avant de te coller face à la scène sur laquelle la nana se trémousse à l'ancienne, ...people can't stop jiving..., normal! Un mec plâtré jusqu'au bassin, s'est mis à frapper le sol du talon de sa jambe valide, la table a vacillé, t'as réussi à sauver ta bière, il était moins deux.

T'es sympa de m'emmener, Cecilya, ' I'll Take You to the Party', d'autant plus que le sax de Mister Gordon Beadle, alias Sax Gordon, est de la partie, la fête risque d'être très chaude.

Jiving in the moonlight, quel programme!

Les amateurs de swing, de jump blues, style Louis Jordan ( tu te souviens... Let The Good Times Roll), vont sauter de joie, car outre la voix canaille de la tattooed lady ( une pensée pour Rory Gallagher), et la guitare juteuse de Rodolphe ou  du sax gluant du gars de Detroit, il ne faut pas oublier le boulot énorme du roi du boogie-woogie ibérique, Paul San Martin, du batteur accompagnant le bluesman, Quique Gómez, senor Adrián Carrera et de  Jorge Otero, más conocido como ‘Jafo,  bajo au sein du combo Blues Train.

T'as bien sué, c'est pas fini, on passe au mambo sensuel , ' From Barcelona'.

Si, si, c'est Messi que t'as vu remuer sur la piste de danse, par contre la cerveza n'est pas à lui, elle est à Ronaldo , le gars qui avait repoussé une bouteille de coca lors d'une conférence de presse.

Un solo de guitare venimeux vient agrémenter la rumba, du coup c'est la folie dans les ramblas et le carnaval n'a pas encore débuté.

Le temps passe, le soleil s'est couché, c'est l'heure du slinky  slow blues aux accents soul  ' Evening' ( un titre au répertoire de T Bone Walker)  .

Si tu ne craques pas  pour le solo de sax, souligné par une guitare alerte, c'est  que tes parents t'ont trop abreuvé de  Mireille Mathieu, de Rika Zaraï ou de Claudia Sylva.

Avec un timbre de voix proche de celui de Peggy Lee, Cecilya  dispose de tous les atouts pour faire sortir tous les cobras de leur boîte et  ensuite les hypnotiser. 

Si Iggy Pop est le ' Wild One', Cecilya Mestres préfère être citée comme a ' Wild Soul', le moins qu'on puisse dire est que ce titre déménage sévère.

Madame, féline, rugit, les garçons pas plus posés, bousculent tout, et quand tu lis quelque part qu'un mec cite  The Fabulous Thunderbirds, tu applaudis sans rechigner et tu ajoutes, en France il y a aussi Nico Duportal & his Rhythm Dudes, sont pas cons et envoient du bois.

Cecilia a composé ' Don't leave me in the darkness'. Petite, sa maman, pour la punir, l'enfermait dans la cave, c'était la panique.

Plus sérieux, la blues ballad colle parfaitement aux intonations vocales de la chanteuse, la guitare de Rodolphe se promène avec grâce en arrière-plan, le piano termine la plage en pointillé, tandis que le sax tapisse le mur d'un papier peint aux motifs New-Orleans  rhythm'n'blues, comme il en avait vu dans la baraque de Roy Brown.

Classe!

Le remuant ' Gimme One Night'  rocke fièrement et nous renvoie loin en arrière, en 1965, lorsqu'un certain Little Bob avait enregistré ' I got loaded' , un morceau sur lequel les horns font la différence, tout comme sur la composition de la belle espagnole.

Pour terminer l'immersion dans le passé musical du Sud des States, la clique propose une reprise de Freddie King, ' What about love'.  Freddie, en bon fils, se souvient de tout ce que sa maman lui a appris: les abeilles, les oiseaux,  le bien, le mal,  l'honneur, etc.....mais il y a un truc qu'elle n'a jamais soulevé, qu'en est-il de l'amour, does it catch you in your sleep?

La version de Cecilya Mestres et de ses sucres candy ne diffère pas des masses de l'original, si ce n'est que la voix de la madame  se rapproche plutôt de celle de Candye Kane que de celle du roi Freddie.

Un funky rhythm'n' blues donc pour clôturer un album haut en couleur.

 

La release party aura lieu le 25 février au Sunset Sunside à Paris, don't forget your dancing shoes.